L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute lorsqu’elle résulte non pas d’une insuffisance de l’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre.
Telle est la devise des Lumières, ceux-là qui ont fait basculer le destin de l’Europe vers la fin du 18ème siècle.
Propulsé subitement au devant de la scène, comment le nouvel homme fort de la Gendarmerie compte t-il convaincre l’opinion sénégalaise sur sa probité, et de prouver l’innocence de son institution face aux accusations que l’on connait, sans céder à la pression émanant du dossier de Bougazélli surmédiatisé qui connaitra sûrement d’autres rebondissements ?
Comment l’homme, à qui l’on prête d’être un proche du régime devra t-il s’assumer pour faire face à cette nouvelle donne politique qui se dessine dans notre pays avec tous les ingrédients d’une bombe à retardement ?
Mais enfin, ce qui est surtout nouveau pour ce Général qui n’est pas sorti de la cuisse de jupiter, c’est qu’il est plongé au cœur d’un dossier alambiqué, dans lequel il est limité par sa posture dans une affaire pendante en justice, devenue par on ne sait comment politique depuis l’annonce de la candidature de Bougazelli à la Mairie de guédiawaye. Malgré ces inconnus, le général devra prendre une importante décision sur laquelle il est attendu désormais malgré tous les risques et pièges qu’il va devoir déjouer pour éviter le pire. Il devra garder à l’esprit qu’il entre dans un tourbillon de sable bien concocté par un fin politicien bénéficiant de soutiens de taille, qui ne ratera pas une si belle occasion pour laver son honneur zquel qu’en soit le prix.
Nombreux étaient ceux qui croyaient en la mort politique du député Seydina Fall. Maais c’était sans compter avec la dimension de l’homme si rusé, véritable bête politique jouissant d’une grande influence au sein de l’APR et aux côtés du Président de la République. En son fief naturel du quartier Fith-Mith niché dans la commune de Golf-sud, Boughazelli vient de démontrer avec force, qu’il pèsera de tout son poids pour donner la victoire à son parti lors des échéances électorales à venir.
Bien entouré de ses avocats qu’on ne compte plus, et surtout de la liberté d’action et de ton, Bougazelli a su donner à son cas un traitement politique dans les médias pouvant contribuer à la montée d’un grand malaise au sein de la gendarmerie. Car, à mon avis, de la suite que le Général Fall donnera aux accusations du Député, dépendra l’issue de ce nouveau scandale qui ne sera que profitable au Député de la Majorité qui doit coûte que coûte trouver une porte de sortie honorable, lui permettant de recouvrer son honorabilité dans ce jeu.
Tel qu’on le constate dans les réseaux, le plan de Bougazelli se déroule comme prévu dans un nouveau contexte, où l’accusé devient une victime qui menace et accuse. Aussi grave qu’on la croyait, l’affaire semble, en si peu de temps, s’estomper délicatement, paraissant même, à certains égards, réconcilier Bougazelli avec une certaine opinion au sein de laquelle l’idée de sanctions contre l’un des enquêteurs fait déjà son chemin. Là aussi le Député se conforte dans sa position en provoquant une timide réaction de la Gendarmerie. Ce qui semble incroyable, c’est l’évolution rapide des choses qui, apparemment n’opposent plus le député à la justice mais les rapproche.
Ayant une parfaite maitrise de la manipulation des masses, le Député et son entourage ont bien préparé la réplique. Sachant que les acteurs politiques ont intégré les médias sociaux dans leurs stratégies de communication politique quotidienne, la pratique des journalistes se trouve donc modifiée. La communication numérique étant plus rapide, accessible à tous et très simple d’utilisation, les entreprises médiatiques, soumises à des pressions économiques importantes, ont davantage tendance à s’y référer.
Regardez l’impact médiatique dont jouit le Député avec ses sorties répétées dans les chaines de télévision réseaux sociaux, qui lui donnent un nouveau visage. Ce qui prouve toute sa détermination à déplacer le débat sur un autre champ plus complexe, qui lui sera convenable pour briguer sa candidature à la mairie de Guédiawaye et atteindre les objectifs de son parti, qui le soutiendra jusqu’au bout, même s’il faudra sacrifier certains innocents.
Les scandales sont inévitables dans ce monde de fausses nouvelles. Les Fake news font partie de notre quotidien et sont aussi ravageurs que la peste. Mais était-ce une bonne raison pour que la Gendarmerie cède à la pression médiatique pour se justifier à travers la presse ? On doit apprendre de ses échecs : Pour avoir reçu une belle claque avec des faux billets qui deviendront des mouchoirs verts à l’ouverture des scellés, l’institution avait été déjà subit un revers dans un passé récent. Pourquoi alors, fragilisée par d’autres faits et actes cette même institution se croit encore obligée, après avoir bouclé une enquête béton de se justifier aux yeux des médias ?
-En déférant Bougazelli, les pandores ont remis 18 scellés au parquet, dont une clé USB qui contient une vidéo de l’ex-député au rond-point Ngor, juste avant son interpellation ; une première vidéo de l’interpellation en flagrant délit ; une deuxième vidéo de l’arrestation; une troisième vidéo montrant les paquets de billets noirs; une quatrième vidéo lors du déballage des colis en cause.
Huit photos complétaient les liasses de faux billets en euros saisies sur Bougazelli, les faux billets en dollars, une première photo du véhicule de l’ex-député au rond-point Ngor, une deuxième de la même voiture attendant sur le lieu de rendez-vous, une première photo de l’arrestation en flagrant délit, ainsi qu’une deuxième, faite à la fin des opérations.
Le moment n’est-il pas venu pour que ces messieurs sous ordres aient à leurs côtés des conseillers civils tels que des magistrats, des journalistes et des avocats ? Car personne ne où va ce corps jadis illustre, jouissant d’une grande renommée devenu si banalisé de nos jours, si vulnérable, où même il n’est pas rare qu’un Général soit traité de la manière la plus discourtoise par les politiques qui n’en font qu’à leur tête.