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L’etat Se Preoccupe De Vaccin Et Reste Muet Sur La Recherche Pour Trouver Des Medicaments Contre Le Covid-19

L’etat Se Preoccupe De Vaccin Et Reste Muet Sur La Recherche Pour Trouver Des Medicaments Contre Le Covid-19

Nous venons de célébrer, le 31 août dernier, la journée africaine de médecine traditionnelle dont le thème est : «La contribution potentielle de la médecine traditionnelle aux efforts de riposte au Covid-19.» D’aucuns pensent que la médecine traditionnelle n’a été d’aucune utilité dans la lutte contre le Covid-19. C’est une méprise.

Dans le cadre de la riposte au Covid-19, des traitements de base, à base de plantes, sur les symptômes de cette maladie sont proposés par des praticiens de la médecine traditionnelle. De façon plus officielle, on a vu qu’au Cameroun, deux médicaments issus de cette médecine traditionnelle ont été approuvés par le ministère de la Santé en tant qu’adjuvants dans le traitement du Covid-19. On a aussi suivi tout le débat sur le Covid-Organics. Plus curatif, à base de plantes du côté de Madagascar, même s’il faut préciser que c’est le résultat d’une recherche menée par un scientifique de la médecine moderne. Il est avéré que dans plusieurs autres pays d’Afrique, comme   l’Afrique du Sud, l’Ouganda, etc., des initiatives, allant dans le sens de trouver dans le grenier de la médecine traditionnelle des produits de base pour la recherche en vue de trouver des remèdes contre le Covid-19, sont en train d’être menées.  

Chez nous, en plus d’avoir très tôt accompagné l’Etat dans sa politique de  sensibilisation sur les mesures barrières contre le Covid-19, en collaboration avec l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée, que dirige le professeur Cheikh Moustapha Mbacké Lô, le ministère de la Santé et Enda santé, d’une tournée nationale dont j’étais l’un des coordonnateurs auprès des praticiens de la médecine traditionnelle, nous avons fourni tous les jours des propositions à base de plantes faites par certains tradipraticiens, dans des médias officiels, en guise de contribution à la prévention et le traitement de certains symptômes de cette maladie. Mais cela ne suffit pas. Mieux, une telle démarche peut même être d’une certaine gravité si elle n’est pas bien encadrée. Nous assistons, de ce fait, à une automédication dangereuse des plantes par des populations sans aucun respect des normes de préparation et de dosage. Aujourd’hui, il est indéniable que la pandémie, passée la période de panique généralisée, oblige chaque pays à une  prise de conscience de la valeur de la médecine traditionnelle dans la recherche de solutions endogènes, voire locales.

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De telles solutions nécessitent une collaboration franche et efficace entre détenteurs du savoir et du savoir-faire traditionnels dans le domaine de la santé des populations et détenteurs du la science médicinale moderne. De telles solutions exigent un «investissement accru dans la recherche-développement» dans le secteur de la recherche, de la part des autorités étatiques. Ce qui n’a rien à voir avec les discours d’intention récurrents, surtout lors de la célébration de la Journée africaine de la médecine traditionnelle. La gravité de l’urgence doit nous pousser à dépasser l’aspect festif d’une telle Journée qui semble faite, chez nous, pour donner de la bonne conscience à l’autorité.  

Depuis les années 2000, nous courons après une Loi sur la médecine traditionnelle en vain. Le rappel est pédagogique.  C’est la raison pour laquelle, «le projet de loi relatif à l’exercice de la médecine traditionnelle et de phytothérapie portant création du Conseil national des praticiens de la médecine traditionnelle» constitue entre autres textes de loi, un dispositif juridique pour encadrer la pratique de la médecine traditionnelle, mais aussi l’utilisation, la production des médicaments traditionnels et la commercialisation comme voulu par l’Oms Afro. Une fois cette loi promulguée, la mise sur pied d’un Conseil national des praticiens de la médecine traditionnelle, ne cheminant ni en parallèle ni en tangente avec les corps médicaux parce que placé sous la tutelle du ministère à charge de la Politique sanitaire et composé de praticiens de la médecine traditionnelle reconnus remplissant les critères d’admission établis au préalable, servira de socle à la participation des tradipraticiens à toute la politique de santé publique de l’Etat.

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Malheureusement, sans un cadre juridique qui aide à assainir le secteur, et protéger les praticiens détenteurs de savoirs traditionnels sûrs dans ce domaine de la médecine traditionnelle, en leur permettant en même temps de pouvoir exercer et collaborer en toute légalité avec la médecine moderne et les laboratoires, nous ne pourrons pas apporter judicieusement notre contribution à la recherche scientifique et pharmaceutique. Les remèdes naturels gagnent en popularité dans les pays occidentaux et ont une longue histoire en Chine, en Inde et ailleurs. Les grands laboratoires pharmaceutiques se tournent aussi vers l’Afrique où ils espèrent trouver de nouveaux principes actifs.

Avec les partenariats et investissements appropriés, les médicaments traditionnels africains en général, et sénégalais en particulier approuvés pourraient trouver un vaste marché mondial. Ainsi, au-delà de la sensibilisation, et de la participation à la prise en charge à base de plantes, de certains symptômes de Covid-19, les praticiens de la médecine traditionnelle pourraient apporter, dans une collaboration saine et bénéfique à toutes les parties, leur contribution à la recherche de solutions scientifiquement aptes à neutraliser les avancées périodiquement récurrentes de cette pandémie. Autrement, nous continuerons à vivre dans l’attente de solutions toujours venues d’ailleurs.

Pour rappel, l’Oms, dans ses différentes résolutions, a donné des instructions dans le sens de promouvoir la médecine traditionnelle, en tant que composante des soins de santé primaires.  Ainsi, le Comité régional de l’Oms pour l’Afrique, durant sa 63ème session tenue en septembre 2013, a convié les pays à la réglementation des praticiens, de leurs pratiques et des médicaments traditionnels. La résolution AFR/RC50/R3 a également recommandé aux Etats de préserver les connaissances et pratiques de la médecine traditionnelle et mettre au point une législation nationale pour la protection des droits de propriété intellectuelle.

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Le Sénégal est signataire de toutes les résolutions internationales relatives à la promotion de la médecine traditionnelle et de phytothérapie  ; donc, il a le devoir de respecter ses engagements. Nous constatons que, malgré toutes les initiatives prises depuis un demi-siècle au plan national et tous les résultats   des recherches scientifiques sur les plantes locales par les universitaires du pays, le Sénégal marche à pas de caméléon dans sa politique d’intégration de la médecine traditionnelle et de phytothérapie dans le système de santé. Tous les travaux entrepris depuis des années sont aujourd’hui au point mort. C’est pour dire que la médecine traditionnelle ne constitue pas une préoccupation pour ceux qui nous dirigent.

L’absence d’un cadre juridique pour l’exercice de la médecine traditionnelle et la phytothérapie et aussi la nonapplication de la loi 83-20 du 28 janvier 1983 relative à la publicité en santé occasionnent une floraison de charlatans. La publicité tapageuse et dangereuse qu’on est en train de suivre dans les médias pose véritablement un problème de santé publique. Et certains médias participent à la promotion de ces soi-disant tradipraticiens. Il faut que l’Etat organise le secteur et mette fin à cette publicité déguisée, il y va de la sécurité des patients et de la crédibilité du secteur.

Pape Abdoulaye NDAO

Président d’Honneur de la Fédération sénégalaise des praticiens de la médecine traditionnelle (Fspmt)

Président de l’Association des Médico-droguistes, Phytothérapeutes, Herboristes et Opothérapeutes traditionnels du Sénégal.







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