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Vous Avez Dit Mercenaires ?

Vous Avez Dit Mercenaires ?

Un État indépendant et souverain, peut-il externaliser sa sécurité militaire, économique, sanitaire, etc. ? Le débat s’est en effet posé lors de la survenue du Covid-19, pandémie qui a mis avec une évidence et une soudaineté désarçonnantes l’égoïsme des États les plus puissants. Au cours de ce qu’il est convenu d’appeler la guerre des masques, on les a plutôt vus beaucoup plus tentés par un sauve-qui-peut individuel que par une solidarité collective. Ce même réflexe perdure puisqu’il s’est encore manifesté à travers une boulimie de stockage des différents vaccins rendus disponibles par la recherche. Deux alertes qui obligent les États africains notamment à prendre conscience de l’urgence qu’il y a à mettre en branle les outils susceptibles de promouvoir leur autonomie sur le plan sanitaire.

En attendant qu’une volonté politique soit perceptible à ce niveau, voilà que surgit une nouvelle équation qui interpelle au regard de son aspect terrifiant et terriblement scandaleux. A savoir un État indépendant, l’État malien en l’occurrence, qui veut confier sa sécurité à des mercenaires, c’est-à-dire des gens sans foi ni loi se vendant au plus offrant. Se pose évidemment un problème éthique qui ne semble pas déranger les autorités concernées. Elles s’échinent plutôt à fustiger le lâchage en plein vol de la France. Piètre dénonciation qui ne mérite pas qu’on s’y attarde au risque de cibler l’ombre en lieu et place de la proie. Se pose alors la question de savoir comment on en est arrivé là ? A y regarder de plus près, on peut se demander si tout cela n’est pas une des conséquences du déficit de leardership, de l’irresponsabilité suicidaire des élites maliennes plus enclines à s’agglutiner autour du lobby militaro-civil qui s’est enrichi dans la lutte en cours contre le terrorisme, détournant au passage une partie importante de l’argent destiné à la modernisation de l’armement des troupes. Et ensuite, à l’ombre des manguiers, tout à leurs rots, caressant leurs ventres bedonnants, ils en appellent à des mercenaires. Quelle irresponsabilité ! A croire que « ces gens-là » n’aiment pas leur pays et par extension le continent.

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En tout état de cause, l’histoire témoigne du fait que nulle armée, fût-elle la plus puissante au monde, ne peut nullement venir à bout d’un peuple déterminé à lutter pour recouvrer sa souveraineté nationale. Les Chinois, les Vietnamiens, les Cambodgiens, les Algériens, les Bissau-guinéens, pour ne citer que ces derniers, ont eu raison de leurs envahisseurs Japonais, Américains, Français et Portugais, dont la puissance économique et militaire étaient sans commune mesure. Ces pays ont su mobiliser leurs populations, leur doter d’un dessein partagé et d’un sens élevé du sacrifice pour affronter le colonisateur. En lieu et place le Mali indépendant, riche d’une longue tradition guerrière, choisit d’externaliser la gestion de sa souveraineté. Et paradoxalement quand il s’agit de tripatouiller les constitutions, de porter atteinte aux droits de l’homme, ces mêmes élites corrompues se font les défenseurs intransigeants de l’indépendance nationale. Un leurre de plus dont on peut mesurer l’ampleur, pour peu que l’on daigne regarder un peu du côté du Burkina Faso où un jeune et intrépide capitaine, trois décennies après sa lâche exécution, le 15 octobre 1987, continue d’incarner aux yeux de la jeunesse du continent un modèle de dignité, d’amour de son pays et de l’Afrique. Ce même regard peut être posé du côté du petit Rwanda qui à vue d’œil, se transforme et transforme en mieux la vie des populations locales tout en inspirant un grand respect de par son engagement patriotique. Pour peu que l’on s’appuie sur de tels exemples,

force est de se résoudre à l’idée qu’il est impossible, à un niveau individuel ou collectif, de penser pouvoir s’en sortir par «la natte des autres». Bien au contraire, c’est en comptant « sur ses propres forces » et en s’appuyant sur l’aide et la solidarité de partenaires sincères qu’il est possible de dessiner des chemins menant à la fierté et à l’estime de soi. Il nous revient de nous recentrer sur nous-mêmes, de refuser la solution facile du bouc-émissaire. Sans que cela ne soit une prime à l’autoflagellation, il serait temps d’interroger des slogans de la défausse se déployant dans des pays indépendants du genre « France Dégage », « US Go home », etc. Tout en gardant à l’esprit la responsabilité historique des puissances coloniales qui ont pillé les ressources des pays dominés, arc-boutées à la défense de leurs intérêts, il serait tout de même un peu simple aujourd’hui de s’émouvoir par exemple sur le sort d’un Mali abandonné en rase campagne par la France. Qu’importe le pays, est-il besoin de rappeler que nulle indépendance pour celui qui ne se décide pas à prendre résolument son destin en main. Le mouvement se prouvant en marchant, il ne reste plus qu’à s’éloigner des postures déclamatoires qui à force finissent par tomber dans l’illusion d’être dotées d’un pouvoir performatif, en l’occurrence de la capacité illusoire à s’actualiser du simple fait de leur énonciation. De même, il serait temps de s’interroger sur l’engagement des élites politiques à l’unité africaine. Paradoxalement, nombre de chefs d’État qui s’en font les chantres les plus déterminés s’avèrent plutôt préoccupés par perpétuer leur règne à la tête de leur pays ne lésinant sur aucun artifice.

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Pour toutes ces raisons, ce qui est annoncé au Mali, à savoir une externalisation de sa sécurité nationale, interpelle ses propres ressortissants, l’Afrique et en première ligne la Cedeao.







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