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Le SÉnÉgal Entre Le Liban Et La Suisse

Le SÉnÉgal Entre Le Liban Et La Suisse

Avant la guerre civile qui a été avant tout la «guerre des autres» sur son territoire, le Liban était qualifié de Suisse du Proche-Orient pour avoir été un îlot de paix et de prospérité dans un Proche-Orient très instable. Aujourd’hui, le Sénégal est devenu une autre Suisse de l’Afrique de l’Ouest, dans une sous-région très instable, comme le Liban avant la guerre civile, mais aussi et surtout la Suisse dans les années 1930 avec la montée des extrêmes chez ses voisins allemand, français et italien. Aujourd’hui, le Sénégal est dans une zone très instable, marquée par le jihadisme et/ou le militarisme chez nos voisins.

Le Liban n’a pas su empêcher que le conflit de ses voisins turbulents déborde sur son territoire, qui sera le champ de bataille de la guerre des autres, alors que la Suisse a toujours su se tenir à l’écart des conflits entre ses voisins, par une politique de neutralité mais aussi et surtout, à empêcher par la dissuasion et la diplomatie que les conflits entre ses voisins ne débordent sur son sol ou ne soient transposés sur son territoire, qui regroupe les nationalités qui se font la guerre à ses frontières (Allemands, Français, Italiens).

Si la Suisse a évité les deux guerres mondiales et n’a plus connu de guerre depuis sa création, c’est grâce à sa neutralité, à la dissuasion, mais surtout à une cohésion nationale très forte. Ce défaut de cohésion nationale qui ronge le Liban comme un cancer. Alors que le péril jihado-terroriste est à nos frontières et à l’intérieur, notre pays a comme la Suisse besoin de cohésion nationale et d’un consensus fort sur la question, pour éviter d’offrir aux jihadistes un cheval de Troie de la division ethnique ou confrérique. Il y quelques jours, des jihadistes ont attaqué des transporteurs sur le corridor Dakar-Bamako. Une première depuis le début de la guerre au Mali, qui prouve que les jihadistes vont lancer l’offensive sur le Sud, c’està-dire à nos frontières, après le Nord et le Centre. L’enthousiasme soulevé par l’arrivée des mercenaires de Wagner au Mali, relève soit du désespoir ou de l’insouciance, car le Mali continue de vivre dans le déni de réalité et ne fait que reculer l’échéance fatale.

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Si entretemps le Mali se réveille, il se rendra compte que la solution n’est ni la France, et encore moins Wagner, mais rebâtir courageusement une armée, car un pays ne peut pas passer son temps à sous-traiter sa sécurité (G5 Sahel, Minusma, Tchad, France, Wagner). La stratégie de containment des jihadistes au Mali est un échec. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le Sénégal, dont l’intérêt était plutôt d’aider le Mali à combattre et à contenir les jihadistes à Mopti, à Sevaré, à Kidal, plutôt qu’à Kayes ou Kidira. Maintenant que les jihadistes sont dans le Sud et à nos frontières, il faut installer le «rideau de fer» à la frontière, en étant dissuasif, mais surtout en renforçant la cohésion nationale face au péril extérieur.

Pour la France, le Mali est un problème de politique extérieure, mais pour le Sénégal c’est un problème de sécurité nationale, parce que contrairement aux intellectuels africains qui perdent leur temps à dénoncer le congrès de Berlin et à vouloir redessiner les frontières, les jihadistes transcendent la question. La descente aux enfers du Mali, devenu spécialiste de la sous-traitance sécuritaire, confirme le bon sens stratégique des Anglais, résumé par Lord Palmerson  : «L’Angleterre n’a pas d’alliés ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts permanents», dont la seule constante est de se donner les moyens de défendre son île seule s’il le faut, comme en 1940 face à l’armada nazi lors de la bataille d’Angleterre.

La situation du Mali est la preuve que l’appartenance du Sénégal au G5 Sahel ou non était un faux débat. Le seul vrai débat se résume à une seule question : s’est-on donné les moyens de défendre notre territoire face au péril jihadiste qui est à notre flanc oriental ?

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