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CrÉnom, Macron

CrÉnom, Macron

Le doute n’est plus permis. Macron se révèle être un petit président. Pris dans la tourmente des récents évènements, il peine à se montrer à la hauteur de la fonction. Les propos peu amènes qu’il a tenus envers le Premier ministre malien, trahissent sa fébrilité déjà observée lors de ces dernières semaines et démontre surtout, son incapacité à garder son calme devant des évènements qui ne vont pas dans le sens qu’il souhaite. Ni Mitterrand, encore moins de Gaulle, n’auraient tenu pareils propos, quand bien même, qu’ils n’en seraient pas moins ulcérés par les propos clairs, sans aucune équivoque, tenus du haut de la tribune des Nations unis, par le Premier ministre malien, condamnant l’attitude française.

De Gaulle aurait dit, la voix haute et le ton martial : “vous ne voulez pas de la France, eh ben la France ne veut pas de vous”. Quant à Mitterrand, lèvres pincées, il aurait rétorqué, dédaigneux, un lapidaire : “ n’offense pas qui veut !”. 

Macron a eu tout faux. Même Hollande, le président normal, en débarquant en sauveur à Bamako en 2013, avait réussi le tour magistral de se faire applaudir par des populations maliennes tenant des drapeaux français à la main.

Macron a jeté ce capital par la fenêtre. Pourtant tout avait bien commencé. Ses premiers pas en Algérie, au Nigéria et au Burkina avaient auguré d’une nouvelle approche des relations entre la France et le continent, mais très vite les vieilles habitudes reprirent le dessus.

Le corps d’Idriss Déby à peine refroidi, que Macron s’envola aussitôt pour N’Djamena pour enterrer Déby et installer le “fils” de ce dernier Mahamat Idriss Deby à la tête de l’État, cautionnant ainsi la violation de la constitution tchadienne en cas de vacances de pouvoir. C’est ce même Macron qui nous parle de la non-légitimité des autorités maliennes qui ne seraient même pas issues d’élections démocratiques ! Depuis quand se préoccupe-t-il d’élections démocratiques en Afrique ? Macron flirte asymptotiquement avec la parabole évangélique de la paille et de la poutre.

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Les sempiternelles protestations et les fausses indignations n’y feront rien, le Mali a choisi de lui répondre en réceptionnant des armes, des munitions et des hélicoptères russes. Rideau.

Le sergent Maxime Blasco n’est pas mort pour le Mali. Il est mort pour la France, pour les intérêts français. C’est normal. Ce qui est anormal, c’est de nous faire croire qu’il serait mort pour le Mali. Le monde a changé, les Africains ne sont plus naïfs, ils comprennent parfaitement les enjeux géopolitiques qui s’y jouent. Leurs ressources minières intéressent nombre d’autres pays. Elles ne seront plus la chasse gardée de l’ex-puissance coloniale. L’intérêt que les autres puissances portent à ces ressources et leur rareté ont fissuré la sacro-sainte alliance des pilleurs et a donné à certains pays africains, le courage de se rebiffer. Pour peu qu’il y ait une masse critique de leaders patriotes, la donne changera sous peu. Ce sont les Africains qui choisiront alors avec qui commercer et ils fixeront le prix de leurs matières premières.

Ces leaders d’un type nouveau sont en train d’éclore. Ils n’ont pas connu la colonisation, ils n’ont pas étudié en France. Quand Pasqua – ministre de l’Intérieur d’alors – refusait des visas d’études aux étudiants africains, Rocard visionnaire, avait prévenu : “ils iront étudier ailleurs et développeront des relations naturelles avec leur pays de séjour. Quand ils seront aux affaires dans leur pays, ils noueront des contacts d’affaires avec leur pays d’accueil.”

Nous y voilà, le Premier ministre malien Choguel K. Maiga, comme bon nombre d’officiers maliens, dont le fameux ministre de la Défense Sadio Camara et dont la non reconduction au gouvernement, déclencha le second coup d’État, ont fait leurs classes en Russie. Aujourd’hui, ils se tournent naturellement vers elle pour demander son aide. En Afrique on est d’abord des amis avant de faire des affaires ensemble. En Occident, on fait d’abord des affaires à partir desquelles, on peut devenir des amis. Les modèles sont différents.

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Fraichement élu, Macron s’était rendu au Mali, directement à Kidal, là où stationnaient ses troupes, ignorant la capitale Bamako, imposant au président d’alors, IBK à venir le rejoindre. L’arrogance dans toute sa splendeur. IBK ne s’arrêtera pas là. Il poussera le bouchon jusqu’à aller en France, s’incliner sur les dépouilles mortelles des soldats français tués au Mali alors que les soldats maliens tués à Kidal étaient ensevelis incognito, sans sa présence, juste au son de la sonnerie aux morts. Jamais vassalisation ne fut aussi complète et aussi honteuse. Cela avait fini par installer Macron dans un confort d’arrogance jamais atteint par un président français. Avec le coup d’État militaire, il n’a rien vu venir. Il surveillait le M5-RFP avec son bouillant Imam Dicko et patatras, voila qu’un groupe de jeunes officiers, nés bien après les indépendances, confisquèrent le pouvoir au Mali.

Macron s’est fait avoir, une fois de plus. Cela commence à devenir une habitude. Ses écarts de langage coutumiers lui ont valu une brouille bien inutile avec l’État algérien. Ce dernier a rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol par l’armée française de son espace aérien. Barkhane coûtera un peu plus cher au contribuable français. Voila ce que c’est de parler inconsidérément. Ses propos inadmissibles vis-à-vis de l’État souverain malien vont lui coûter à terme sa place de faiseur de lois dans son ancien pré-carré. Ce n‘est qu’une question de temps. Il faudra qu’il se méfie, la rebuffade est contagieuse. Nul doute que la Russie, la Chine et la Turquie s’engouffreront dans cette brèche pour prétendre, eux aussi, à une part du gâteau des ressources minières. Déjà dans le pacifique où la France entendait jouer un rôle, les États-Unis et le Royaume-Uni sont venus lui rappeler que seuls les intérêts comptent. Ils lui ont ravi le juteux contrat de sous marins australiens, ne lui laissant que ses larmes et son courroux. Comme les Africains, Macron doit apprendre à ne plus être naïf : les logiques d’alliance ne sont plus de mise, seul le pragmatisme anglo-saxon prévaut. Biden ne s’est nullement gêné. Il sait bien que les chiens aboient, la caravane passe. Macron est revenu à de meilleurs sentiments après avoir voulu montrer des griffes et des dents fort peu acérées.

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Jupiter est à la peine partout, même en France où il espérait récupérer des voix de droite aux prochaines élections. Voilà qu’apparait comme un Zorro, un certain Zemmour qui vient lui tailler des croupières dans un corps électoral qu’il pensait avoir tari au détriment de Le Pen, et à son avantage.

Le ciel d’automne s’assombrit pour Macron. Les mages du Mali lui avaient prédit sa chute. La malédiction de Cassandre fait assurément son chemin.

Dr. Tidiane Sow, Coach en communication politique

* Crénom, Baudelaire !  – Jean Teulé

tsow@seneplus.com







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