Diriger la Guinée, revient à reprendre le dicton africain, que seuls les hommes et les femmes qui ont la vue normale échouent au pays des aveugles. La Guinée est un pays des rumeurs, où mine de rien des apprentis sorciers peuvent pourfendre gratuitement les hommes et des femmes honnêtes. Tous les dirigeants qui ont gouverné la Guinée n’étaient pas tous mauvais. Chaque gouvernant a tenté au début de bien faire. Mais la suite s’est entremêlée avec un brin du désespoir.
Alpha Condé qui vient de tomber par un putsch militaire, a par exemple réalisé un barrage hydroélectrique aux mégawatts importants et un autre dont la finition approche… Le défaut ambiant qui a fini par l’habiter reste la question de droits de l’homme et plus loin, le manque de la moralisation de l’administration publique et le choix des hommes devant réaliser son programme de développement.
Le coup d’État du 5 septembre 2021 doit donc s’inscrire dans la perfection des tares de la gouvernance Alpha Condé. Les élections ne sont pas les seuls sujets qui doivent préoccuper les Guinéens. À entendre des voix au cours des consultations initiées par le CNRD, on constate de vue que chaque Guinéen veut que le pays se débarrasse des mauvaises pratiques – et que les citoyens bénéficient de retombées des ressources du pays.
Tous semblent jeter la responsabilité au seul dirigeant déchu Alpha Condé – c’est comme tout s’est fait en dehors d’eux. C’est le cas des politiciens aux partis satellites, des magistrats, des acteurs de la société civile et de toutes les entités socioprofessionnelles de la Guinée. Tous ont ce désir de tout reprendre comme si rien n’a été fait depuis l’indépendance de ce pays. Le CNRD a du pain sur la planche, idem pour le Premier ministre nouvellement nommé, Mohamed Béavogui, qui aura la lourde tâche d’exécuter l’esprit de la charte de la transition.
Sa première difficulté sera celle d’amener les partis politiques autour du consensus pour une sortie rapide de la transition. Dans la plupart des cas en Afrique, une transition se bute souvent aux diverses contradictions ethnico-régionalistes dans la perspective qui amène chaque leader politique à miser sur l’homme providentiel de la transition. Mais les Guinéens ont un brin d’espoir qui s’explique par le profil de Mohamed Béavogui. Sans équivoque, il organisera l’administration. Il s’entendra avec les cadres hypers techniques des ministères et des directions dans la vision à refonder l’État, comme ont souhaité les tombeurs d’Alpha Condé.
Nous sommes à une période où chaque Guinéen est amené à faire preuve de retenue. L’édifice national ne se construit pas dans la passion et ni préférentiellement en faveur d’une classe sociale. Il se fait à l’aide d’un sentiment patriotique pour construire ensemble la nation de la République.
Par Moussa Diabaté, journaliste