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Ce N’est Pas Emmanuel Macron Qui Tourne, C’est Le Vent

Ce N’est Pas Emmanuel Macron Qui Tourne, C’est Le Vent

Bien évidemment, Emmanuel Macron montre le peu de cas, le manque de respect et le mépris qu’il a pour les présidents africains dont la plupart, pourtant, bénéficient d’une légitimité réelle puisque ayant été élus dans des conditions de transparence difficiles à contester.

En choisissant de snober ces dirigeants légitimes pour s’adresser à des jeunes gens et jeunes filles sans doute sympathiques mais dont on ne voit franchement pas qui ils peuvent bien représenter sur le continent si ce n’est leurs propres personnes, à n’en pas douter Emmanuel Macron se fout de la gueule des Africains.

Oh, libre à lui, bien sûr, d’inviter en France qui il veut mais enfin une rencontre du genre de celle qui vient de se tenir à Montpellier ne saurait tout de même pas se substituer à celles qui, depuis 1973, réunissent régulièrement des dirigeants plus ou moins bien élus du continent et les chefs d’Etat français !

C’est comme si, pour le sommet du G20 qui se tient en Italie à la fin de ce mois, les dirigeants italiens disaient qu’ils convient non pas les présidents et Premiers ministres des 20 pays les plus riches de la planète mais, plutôt, les jeunesses et les sociétés civiles de ces mêmes pays. Ce tout en conservant l’appellation de sommet du G20 ! Cela dit, en conviant les jeunes pousses prometteuses du continent à Montpellier, le président français n’a même pas fait œuvre d’originalité. Car son format n’est rien d’autre qu’une pâle copie de la rencontre de l’ancien président américain Barack Obama avec de jeunes leaders du continent.

Emmanuel Macron n’a donc fait que plagier cette idée originale du premier — et jusqu’à présent seul — président noir des Etats-Unis. Et puis, de manière inconsciente sans doute, il a mis en œuvre la fameuse politique d’ « immigration choisie » alors théorisée par un ancien ministre de l’Intérieur français du nom de… Nicolas Sarkozy ! Il s’agissait de faciliter la venue dans l’Hexagone d’une certaine catégorie d’Africains constituée de scientifiques, de cadres de haut niveau et à fort potentiel, d’artistes de grand talent, de médecins et de…footballeurs auxquels il fallait, au besoin, offrir bien des avantages pour les convaincre de venir en France plutôt que d’aller s’établir ailleurs.

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Ça tombe bien : Emmanuel Macron n’a invité ni de jeunes chômeurs africains, ni des cultivateurs, ni des artisans encore moins des représentants de ces despérados parmi lesquels des milliers meurent chaque année en tentant de traverser la Méditerranée pour tenter de rejoindre l’Europe. Dommage, il aurait été bien intéressant de les entendre s’exprimer sur les raisons — en particulier la misère — qui les poussent à risquer la mort pour se retrouver sur le Vieux continent. Au lieu de quoi, Macron a fait venir de jeunes entrepreneurs, des dirigeants de start-up, des artistes, des activistes, des influenceurs, des intellectuels opportunistes.

En définitive, et quoi qu’il puisse en penser, des gens très peu représentatifs de la jeunesse du continent ! Oh, bien sûr, quelques-uns parmi eux l’ont même titillé, lui posant des questions « gênantes » mais enfin, le tout est resté dans des limites convenues car ils n’allaient quand même pas, ces jeunes gens et jeunes filles bien sous tous rapports, renverser la table ! Surtout qu’ils étaient invités tous frais payés… Et puis, c’est bien connu que, quand on choisit un sparring partner, c’est certes pour qu’il vous malmène un peu, vous donne des coups pas très appuyés mais certainement pas pour qu’il vous mette KO !

Au passage, on est tenté de protester : mais pourquoi diable le président Emmanuel Macron n’a-t-il donc pas invité à Montpellier des représentants de mouvements comme Y en à marre au Sénégal et Lucha en République démocratique du Congo voire le Balai citoyen au Burkina Faso ? C’est d’autant plus injuste qu’il fut un temps où ces jeunes gens étaient portés aux nues, sinon à bout de bras, et adulés par les chancelleries occidentales ! Rappelez-vous, lorsque l’alors ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, était venu à Dakar.

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A peine débarqué de l’avion, il avait filé tout droit au siège de Y en à marre, aux Parcelles Assainies, où il avait déclaré tout haletant que « le cœur du Sénégal bat ici ». Rien de moins ! On a vu ce que ces familiarités et ces tutoiements ont donné : des visas délivrés en veux-tu, en voilà et un trafic dont la partie visible de l’iceberg est inscrite au rôle de nos tribunaux ces jours-ci.

Plus généralement, Emmanuel Macron a un problème de tempo avec le continent et n’arrive pas à évoluer au même rythme que lui. Il reproche aux Africains de faire trop d’enfants lui qui n’en fait pas mais aime la compagnie des jeunes gens. Il convoque les dirigeants du G 5 Sahel à Pau pour leur remonter les bretelles, traite par-dessus la jambe les présidents africains en transformant le sommet France-Afrique en université d’été de jeunes gens et jeunes filles, on l’a dit.

 Vole dans les plumes des dirigeants maliens et menace de retirer les troupes françaises avant de se raviser au quart de tour lorsque les mêmes ,dirigeants maliens font savoir qu’ils ont engagé des négociations avec les Russes de Wagner.

Prétend que l’Algérie est dirigée par un système politico-mafieux vivant sur une rentre mémorielle avant de rétropédaler et de dire toute la considération qu’il a pour le président Tebboune après la réaction vigoureuse d’Alger. Prétend que la France va lâcher la bride aux pays africains à propos du franc CFA tout en se gardant bien de lever le pied.

Condamne un « coup d’Etat dans le coup d’Etat » qu’il est le seul à avoir vu au Mali. Organise un « sommet » qui n’en est pas vraiment un à Montpellier… Menace de ses foudres les dictateurs du continent * tout en faisant une cour ostensible au plus implacable de ces tyrans, le Rwandais Paul Kagamé qu’il est même allé voir chez lui à Kigali pour y chanter ses louanges après avoir offert le poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à son ancienne ministre des Affaires étrangères. Ce alors même que Kagame a choisi de tourner le dos au français pour faire de l’anglais la langue officielle de son pays !

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Bref, pour définir la politique d’Emmanuel Macron en Afrique — si tant est qu’il en ait une —, on serait tenté de convoquer Edgard Faure, homme politique français de la Quatrième République surnommé la « Girouette » en raison de ses multiples « transhumances » comme on dirait chez nous aujourd’hui. Faure qui, pour répondre à ses détracteurs disait : « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ! » Et comme il y a beaucoup de vents contraires ces temps-ci sur le continent africain…

*Les chefs d’Etat africains que Macron admoneste ou auxquels il remonte les bretelles, ce sont, bien sûr, ceux de pays du « pré carré ». Car des présidents comme, on l’a dit, Paul Kagamé (Rwanda), Abdelmadjid Tebboune (Algérie), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Muhamadu Buhari voire le roi Hassan II du Maroc, c’est avec le plus grand respect qu’il s’adresse à eux…







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