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Quand L’afrique S’eveillera !

Quand L’afrique S’eveillera !

«Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera.» C’est le titre d’un livre de Alain Peyrefitte qui a eu un immense succès et qui reprend une citation qu’on prête à Napoléon Bonaparte. La Chine s’est éveillée et le monde tremble. Elle s’est tellement éveillée qu’elle se paie le luxe d’organiser des sommets 17+1, c’est-à-dire, un sommet qui regroupe 17 pays d’Europe plus la Chine. Un sommet qui regroupe un continent et un pays, comme les sommets France-Afrique ou Afrique-France. Comment eston passé du péril jaune à un sommet 17+1. Comment est-on passé des traités inégaux (l’humiliation suprême, où par la politique de la canonnière, la Chine perd sa souveraineté et des pans de son territoire au profit des pays occidentaux et du Japon) aux nouvelles routes de la soie, qui ne sont rien d’autre qu’un projet hégémonique chinois camouflé derrière le symbolisme culturel et historique des voyages de Marco Polo ?

Pendant qu’on discute du sexe des anges avec le sommet Afrique-France (unilatéralisme de la France en éjectant les chefs d’Etat, problème de légitimité de la société civile dépourvue de légitimité démocratique, néo-colonisation…), l’Afrique gagnerait à tirer les leçons de l’exemple chinois, qui a su déjouer les deux pièges qui plombent l’éveil et le décollage du continent, à savoir la «rente mémorielle» et l’industrie du ressentiment. La Chine a été humiliée par les Occidentaux avec les traités inégaux, et le Japon lors de la 2e guerre mondiale. Elle s’est appuyée sur cette «rente mémorielle» (les humiliations étrangères pour un pays qui se prenait pour l’empire du milieu, c’est-à-dire le centre du monde), pour renforcer l’orgueil national, mobiliser les énergies collectives et se lancer dans la bataille du développement.

Il en de même pour le Japon qui a reçu des bombes atomiques, et l’Allemagne complètement détruite en 1945. En Afrique, la rente mémorielle est toujours transformée en industrie du ressentiment par les élites politiques et intellectuelles non pas pour bâtir mais pour déculpabiliser de l’échec du développement plus de 60 ans après les indépendances. Conséquence : depuis les indépendances, les Africains sont toujours devant le mur des lamentations.

Les propos de Macron sur l’Algérie sont certes peu diplomatiques, mais c’est la réalité. Le Fln a libéré l’Algérie (tout à son honneur) pour mieux privatiser l’Etat, faisant de l’Algérie le seul pays où l’armée a son Etat. La même chose est valable pour le Mali toujours en quête d’un sous-traitant pour sa sécurité après 60 ans d’indépendance. Le Qatar a 50 ans, la Guinée équatoriale en a 54, les deux pays sont pétroliers. Si Malabo n’a pas le même train de vie que Doha, ce n’est certainement pas la faute de la colonisation, car les deux pays l’ont été. La différence est simple : le dirigeant arabe a été ambitieux pour son pays alors que l’Equato-guinéen ne l’est que pour lui-même et sa famille. Si Israël s’est appuyé sur la rente mémorielle pour bâtir un Etat et une économie prospères, c’est parce qu’ils n’ont pas perdu de temps devant le mur des lamentations comme nous le faisons en Afrique avec l’esclavage et la colonisation.

Les Etats-Unis ont été des colonies anglaises mais dès l’indépendance, ils ont tourné la page pour bâtir ce qu’est devenu l’empire américain. En Afrique, nous perdons trop de temps sur les débats sur la colonisation et les frontières alors que ce sont les deux phénomènes les plus «universels» de l’histoire du monde. L’exemple de la Chine, qui est passé du péril jaune dans les années 50 à ce que le métro parisien parle français, anglais et chinois montre que le racisme est devenu un phénomène beaucoup plus économique qu’autre chose.

La Chine peut convoquer 17 pays européens, dont la Grèce (le berceau de la civilisation européenne) parce qu’elle est devenue une grande puissance économique. L’Afrique s’éveillera le jour où elle comprendra que le combat est avant tout celui de l’économie et quitter ainsi le mur des lamentations pour transformer les humiliations et frustrations non pas en une industrie du ressentiment, mais en énergie pour se lancer dans la bataille économique comme Dubaï, passé de la pêche aux perles à l’Exposition universelle.

Dans les années 1960, l’Afrique était devant le mur des lamentations du tiers-mondisme en même temps que la Chine. Concomitamment à leurs lamentations sur l’ordre mondial inégal, les Chinois ont transformé leurs humiliations en énergie pour fouetter leur orgueil national, pour passer du tiers-monde au centre du monde alors que l’Afrique s’en est limitée aux lamentations et à l’industrie du ressentiment, qui consiste à toujours chercher des boucs émissaires pour nous déculpabiliser de notre situation actuelle, où les causes endogènes l’emportent amplement car bientôt le temps de nos indépendances va dépasser celui de la colonisation.







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