À l’heure actuelle, la femme musulmane est obnubilée par des préjugés concernant la religion et son rôle en tant qu’individu social à part entière. D’où l’installation de l’hermétisme dans les esprits d’un bon nombre de femmes de la communauté musulmane. Ainsi, l’importance d’éclaircir le rôle social de la femme et sa mission dans la religion se révèle capitale. Cependant, même si certains militent aveuglément et fanatiquement pour le patriarcat, prônent la misogynie et prennent l’Islam comme justificatif pour asservir la femme et l’exclure des scènes décisionnelles concernant des questions d’ordre social, politique et économique, la lanterne sera éclairée intelligemment par le biais même d’exemples féminins reconnus dans le Coran. Sous ce rapport, nous tenterons, tout d’abord, de montrer la place et les devoirs de la femme dans la religion islamique, ensuite, de dire le rôle qu’elle a dans la société, et enfin, de démontrer que la conciliation de ces deux rôles ne s’exclue pas.
D’abord, la femme musulmane a des devoirs qu’elle doit accomplir envers sa religion l’Islam mais elle a été privilégiée par ladite religion qui lui a conféré une prestigieuse place et des droits propices à son accomplissement en tant qu’humain.
Premièrement, la femme musulmane doit jouer pleinement son rôle de croyante d’où l’accomplissement de ses devoirs envers sa religion. En effet, dans la religion islamique, la femme tout comme l’homme est tenue de respecter les préceptes islamiques, de suivre les indications et les recommandations divines mentionnées dans le Saint Coran et surtout de pratiquer les enseignements du Prophète Muhammad (PSL), fort heureusement, les femmes peuvent se référer aux mères des croyants (les femmes du prophète Muhammad (PSL) ) et s’inspirer de leurs parcours, de leur «modus vivendi» (manière de vivre) afin de devenir de ferventes croyantes et surtout mieux pratiquer la religion islamique. Donc Allah a institué l’égalité de l’homme et de la femme en terme de responsabilité et de devoirs par rapport à la religion. Par exemple, comme l’homme, il incombe à la femme de faire les cinq prières quotidiennes, de jeûner pendant le mois de Ramadan, d’effectuer le sacrifice du mouton lors de la fête de l’Aïd El Kabir (Tabaski) si ses moyens ne font pas défaut et de faire les pratiques religieuses surérogatoires comme les prières «nafila», pèlerinage à la Mecque…
Ainsi, à l’aune de ces exemples, la femme musulmane a le devoir de pratiquer sa religion, d’être au service de son Créateur Allah le Tout-Puissant. Elle doit aussi éviter les interdictions divines, suivre les recommandations du Coran, fonder une famille dont elle s’occupera, adopter la soumission face à son époux tout en suivant les préceptes islamiques et la raison, avoir un bon comportement conforme à celui voulu par Allah. Ainsi, elle pourra être au service de sa religion en véhiculant l’enseignement et les principes fondateurs de l’Islam mais en incarnant des qualités comme la vertu, la piété, la discrétion, la pudeur, la générosité et la pureté grâce à son éducation et son instruction. Prenons l’exemple d’Aïcha, la femme du prophète Muhammad (PSL), mère des croyants qui manifestait un goût particulier à l’apprentissage du Coran et des hadiths, à la spiritualité et qui participait brillamment à l’expansion des messages du Prophète grâce à son érudition.
De même que Al Aliya Bint At-tayib Bint Kirâne, au XIX siècle, elle enseignait la logique à la mosquée Al andalous où elle dispensait des séances pour les femmes et d’autres pour les hommes. Deuxièmement, l’Islam a gratifié la femme d’une place importante et lui a conféré des droits qui lui permettent de s’accomplir et de valoir son pesant d’or dans la société. Étant donné que l’Islam a beaucoup contribué positivement à l’émancipation du genre féminin et s’est beaucoup investi en faveur de la condition féminine en lui attribuant des droits même si certains roublards misogynes se servent de différents subterfuges pour asservir la femme en prenant comme prétexte la religion islamique qui a purement et simplement libéré la femme de nombreuses turpitudes dont elle était victime dans la période antéislamique et lui a rendu toute sa dignité humaine. Notons bien que avant l’arrivée de l’Islam, la naissance d’une fille symbolisait le déshonneur et la répugnance et présageait le malheur. Avant l’avènement de l’Islam, chez certains peuples de la Chine, d’Inde et de la Péninsule Arabique, des études ont révélé qu’on enterrait la fille vivante dès sa naissance. Pour contrer cela, Dieu dit dans le Coran : « Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profondément l’envahit. Il se cache des gens à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre ? Combien est mauvais leur jugement ?»
Chez les grecs, la femme était considérée comme un être impur. Le poète Hésiode l’a ainsi décrite comme « un être doté d’un cerveau de chien et de beaucoup de ruse.» Quant à Démosthène, il disait que : «Nous prenons les prostituées pour le plaisir, les amantes pour la santé quotidienne de nos corps et les épouses pour la procréation.» Quelle phallocratie ? Le pire c’est qu’en Inde chez les Manu, la femme était réduite à un objet transmissible par héritage. Malgré tout ça l’Islam est venu restaurer la dignité de la femme en lui conférant le sacerdoce, la valeur et la gloire à travers des droits rayonnants pour son embellissement moral. Par exemple, dans le Coran, une sourate est dédiée à la femme ; An Nîsa (Les femmes), ce qui justifie la place grandissime qu’occupe la femme dans la religion islamique.
De surcroît, l’Islam a insisté sur l’éducation et l’instruction de l’homme comme de la femme car il a été rapporté dans un hadith, la phrase suivante : « La quête du savoir est une obligation pour tout musulman.» Cette phrase montre qu’aucune distinction de sexe n’a été faite concernant le devoir de s’éduquer et de s’instruire. Aussi, la femme qui était utilisée comme simple objet pour satisfaire des pulsions sexuelles et enfanter a retrouvé sa valeur grâce à l’Islam qui promeut le mariage et exige une dot et un engagement d’entretenir et de subvenir aux besoins de la conjointe de la part du futur époux et surtout l’interdit l’exercice de tout acte violent sur la femme. L’Islam préconise la complémentarité et l’entente dans le couple. Ainsi, Dieu dit dans le Coran : «Elles sont un vêtement pour vous et vous un vêtement pour elles.». De plus, Allah a confié la mission la plus noble à la femme, celle de mettre au monde, l’enfantement. Du coup, force est d’admettre que la femme est le noyau de la procréation. Tout ceci montre que l’Islam a été toujours philogyne et tout ce qu’il interdit à la femme lui est nocif et compromet sa sécurité. En somme, la femme musulmane, valorisée par l’Islam grâce à l’importantissime place et l’honneur qu’il lui a conférés, a aussi des devoirs à accomplir envers ladite religion et peut être prise comme modèle spirituel car pouvant atteindre une ascension spirituelle considérable vu le caractère juste d’Allah, le plus Juste. Cependant, la femme musulmane a aussi un rôle à jouer au profit de la société car devant lui être utile.
Ensuite, la femme en tant qu’individu social à part entière est l’une des parties prenantes du développement de la société.
En premier lieu, la femme musulmane peut bel et bien être au service de sa communauté tout en étant en conformité avec sa religion. Puisque la religion, on le vit dans le cœur ; la foi et dans l’âme mais aussi en le pratiquant et elle n’est là que pour le salut du croyant aussi bien sur terre que dans l’audelà, elle n’exclue pas ce qui est bénéfique à la condition humaine et n’a nullement aucun intérêt à annuler la mission terrestre d’un croyant en se basant sur son sexe. Allah, Le Juste a assigné à chacun des hommes une mission bien définie mais aussi un don spécial pour réussir ce dessein. De là tout simplement, magnifions l’omniscience et l’omnipotence d’Allah.
La femme doit assumer son existence comme l’homme et agir pour le bien-être de sa communauté, ainsi exploiter son don divin et obtenir une rétribution gracieuse de la part de son seigneur. La femme musulmane devant sacrifier les apparences doit chercher l’agrément d’Allah en œuvrant pour le bien de son prochain. Sur ce, elle peut impacter positivement sa communauté, de par son comportement, de par ces actions et de par la personnalité qu’elle laisse apparaître. Il n’est même pas exclu qu’elle défende des causes nobles relatives aux questions temporelles et aux besoins politiques, économiques et sociaux de son époque. Du coup, la gent féminine musulmane doit faire fi de tout préjugé véhiculé par de malhonnêtes et aigries gens qui se cachent derrière les belles prisons de la tradition pour ensuite venir chercher des justifications dans la religion.
La femme musulmane a du talent à exploiter pour servir à la fois sa communauté et sa religion. Il n’est pas mentionné dans aucune sourate que la femme doit s’exempter de participer à la vie active de sa communauté. Elle doit être instruite grâce à un goût aux «fleurs cognitives», entreprenante et résiliente et surtout être patriote pour pouvoir participer aux instances décisionnelles. Par exemple, Mme Samia Suluhu Hassan qui vient d’être élue récemment Présidente de la Tanzanie, incarne le leadership féminin musulman et dirige élégamment et pudiquement son pays ex cathedra avec son voile qui symbolise l’émancipation de la femme musulmane.
En deuxième lieu, la femme musulmane a aussi le rôle d’éduquer et de transmettre les valeurs cruciales à sa progéniture pour la bonne marche de la société sur tous les plans. En effet, il incombe à la femme la tâche de donner une bonne éducation de base à ses enfants en les inculquant des valeurs, en adoptant un comportement pouvant servir d’exemple. Devant être imbue de qualités comme la piété, la gentillesse, la bienveillance, la générosité, la pudeur, le patriotisme, la mansuétude, elle doit assurer la promotion de ces qualités. Aussi, elle doit savoir allier la fermeté de son caractère et la douceur qui sont souvent déterminées par les circonstances, d’où la capacité d’adaptation face à des circonstances.
En véritable joyau social, la femme musulmane doit pouvoir allier sa vie conjugale et celle professionnelle tout en étant circonspecte. Elle doit être entreprenante pour être autonome financièrement, seconder son homme et faire résister son couple face aux affres de la vie. Tenant compte de l’influence qu’a la femme, l’avenir d’une société repose sur elle, l’éducatrice, la formatrice mais aussi l’actrice. Elle doit insuffler des ondes positives à son entourage. Elle doit être économe pour faire prospérer les biens de son mari pour que son couple puisse avoir une sécurité financière. Par exemple, la femme entrepreneure qui veille bien sur l’éducation de ses enfants et travaille sert deux fois sa communauté, d’une part, elle participe à l’essor de l’économie publique et d’autre part, elle forme quelqu’un qui serait capable de servir la société dans l’avenir en respectant les normes sociales.
En somme, l’engagement auprès de sa communauté, le patriotisme et sa fonction d’éducatrice légitiment le rôle important qu’elle a dans la société. Cependant, notons que les deux rôles qu’elle joue à savoir celui dans l’Islam et celui qui lui est assignée par la société ne s’excluent pas. Enfin, le statut quo exige la conciliation de ces deux rôles pour l’accomplissement de la femme sur les plans spirituel et social. Étant donné que la société a beaucoup évolué, de nombreuses pratiques ont été réformées, il serait plus productif que la femme musulmane accomplisse ses devoirs envers la religion et utilise à bon escient les droits que lui confère sa religion en participant à la vie active de sa communauté dans l’unique but d’impacter positivement et ainsi porter haut dans la dignité et la fierté le drapeau de l’Islam. La conciliation de ces deux rôles ferait l’idéal et sera belle et appréciée comme une orchidée. Le fait d’être une citoyenne actrice de développement n’agresse en rien la croyance et la dévotion de la femme musulmane. Prenons en compte l’exemple de femmes religieuses qui se sont démarquées en conciliant ces deux rôles. Sokhna Khadija, la mère des croyants, première croyante, première femme du prophète Muhammad (PSL) qui entreprenait dans le commerce, jouait pleinement son rôle de mère de famille et a beaucoup participé à l’expansion de l’Islam au côté de son époux.
Aussi Sokhna Mouslimatou MBACKE Bint Khadimou Rassoul fut une fervente croyante musulmane mais au-delà de son statut de femme religieuse, fille du Cheikh, elle entreprenait dans divers domaines, était une éducatrice et s’était dévouée à la cause sociale en véritable patriote. Elle fut la première femme sénégalaise qui a été élevée au grade de chevalière de l’Ordre National du Lion en 1962.
En définitive, la religion islamique a conféré à la femme une place d’honneur qu’elle rêvait durant la période antéislamique et des droits qui peuvent lui servir de tremplin pour servir à la fois Son Seigneur Allah le Tout-Puissant et la société dont elle est le noyau. Nous pensons que l’Islam a secouru la femme, l’a affranchie et a confirmé sa dignité humaine mais aussi l’a responsabilisée. Donc la femme a de quoi être fière de l’Islam et peut bien servir sa communauté tout en respectant strictement les préceptes islamiques car ceux-ci ne la contraignent que pour lui donner une liberté digne de ce nom qui ne pourra être chipée. Dès lors, on pourrait parler d’un féminisme islamique au vrai sens du terme considérant raisonnablement qu’il n y a pas une religion plus féministe que celle islamique car elle lui reconnaît toute sa dignité humaine et l’a valorisée. Cependant, le rôle de la femme musulmane dans la société évolue, se modernise et s’adapte aux contextes sociaux au grand dam des pratiques misogynes.
Par Mlle Fatou Kiné DIENE
Écrivaine, Entrepreneure sociale, Militante des droits féminins