Bon, d’accord, Moustapha Niasse est ce qu’on appelle, dans le métier, un «lanceur de cailloux à la retraite» expérimenté, avec un certain nombre d’années dans le sanni-xerr, mais il n’y a pas que cela dans son parcours. Je vous vois venir, prenez des notes s’il le faut. Major de sa promo à l’Ena, directeur de Cabinet de Senghor, plusieurs fois ministre, membre du Parti socialiste jusqu’à la fin des années 90, Abdou Diouf va pourtant lui préférer Ousmane Tanor Dieng, pour être son Dauphin, pas un requin hein, et pour être le Secrétaire général du Ps. Niasse boude, il a le profil de l’emploi vous ne trouvez pas, et crée son Alliance des forces de progrès. Puis viendra la Présidentielle de 2000, où Niasse arrive en 3ème position, et se retrouve ensuite, compromis ou compromission, à la tête du tout premier gouvernement de Wade.
Aujourd’hui, c’est ce monsieur qui aura littéralement mangé à tous les râteliers, pardon, je reformule, qui aura été de tous les combats, de toutes les grandes guerres, qui se retrouve à l’Assemblée nationale, dans la peau du maître d’école plus ou moins sévère ou tout simplement dépassé.
Aujourd’hui toujours, à quelques semaines des Locales, voilà que Niasse fait dans le waxalé, le marchandage à la sénégalaise : une, deux, trois communes, soyons fous, histoire de «permettre à ses poulains de s’affirmer», et de se donner ainsi l’illusion que l’Afp, «mu ngi maintien, mu ngi ci forme» (phrase typique de lutteur ou aspirant-lutteur sénégalais). On appelle cela «tomber bien bas», vous êtes sûrs ?
Dans le même lot, vous avez Tanta Aïssata Tall Sall. Vous aussi, elle vous a fait rêver ? Le verbe, la diction, la tenue, les mots, l’intime conviction ; jusqu’à son exclusion du Ps. La suite, on la connaît : «Osez l’avenir», nous dira-t-elle, à une époque où les mouvements ont plus la cote que les partis politiques traditionnels, qu’ils apportent une éclaircie dans la grisaille, un souffle d’espoir, faire de la politique, mais autrement… Cette façon qu’elle avait de cracher sur un Hcct qui ne ressemblait à rien, de dire que le destin du Ps, ce n’était pas de «tenir la sacoche de l’Apr», que le pouvoir, ça se conquiert… Les mauvaises langues disent que c’était du vent tout ça, et logique pour logique, Aïssata Tall Sall devrait réintégrer le Parti socialiste : le vert furi, le vert délavé, lui irait comme un gant.
Idrissa Seck dans tout ça, membre de la coalition «mburu ak soow» ? Il paraît qu’on lui a donné «carte blanche» (ça sert à ça de retourner sa veste) pour choisir ses «investis», et que Talla marteau, pardon Talla Sylla, n’est pas très content.
Quand je pense à cette facilité que mon chien a de ravaler son vomi, je me dis qu’il a vraiment toutes ses chances en politique, que ce n’est pas pour rien que l’on a animalisé et la politique, et les hommes (femmes) politiques : «La lionne du Baol», «La Lionne du Fouta», Njomboor, etc. Pardon, chers animaux !
Chez nos politiques toujours, vous avez ceux qui sont allés on ne sait trop comment, ni on ne sait trop pourquoi, se fourvoyer : Pr Mary Teuw Niane par exemple, qui veut prendre la mairie au goro de tonton Macky, qui est accessoirement le maire sortant de Saint-Louis… Que diable allait-il faire dans cette galère ? Pareil pour Thierno Alassane Sall, tonton tang xol, qui aurait mieux fait de rester dans son coin, à lire des bouquins, et à nous en écrire quelques-uns…
Et pour parler des Locales toujours, vous avez ceux qui ont décidé de ne pas se conformer, ou qui font semblant… A Kolda, Mame Boye Diao, qui va se présenter tout seul, comme un grand, ne peut pas faire pire que ce qu’il a déjà fait : distribuer des «cahiers-souvenirs» (vous appelez ça comment vous) aux élèves, avec la plus belle de ses photos là-dessus.
A Ndakaru, ça tombe bien, Mame Mbaye Niang viendra nous parler de ses «animaux» ; on reste dans la politique. Mon plus grand regret ? Qu’allons-nous faire sans Tons (diminutif pour montrer que c’est un tonton cool quoi) Sidiki Kaba à Tambacounda ? Qui va bien pouvoir jouer de la guitare pendant la campagne ? Qui va jouer, pour nous, les bongoman de circonstance ? Qui s’époumonera de la sorte : «Ku ngen andal…Macky» ! Snif, c’est d’un triste…
Allez, en route pour le Grand Théâtre, avec de très mauvais comédiens. Je vois d’ici le moment où ils vont nous ressortir leurs costumes de scène, des fonds de malle qui sentent le vieux, déguisés, comme Moïse Sarr dans sa tenue (jusqu’au bonnet) de vieux sérère. Faut le faire hein !
Je vous laisse, je m’en vais lire mon exemplaire dédicacé (dédicaché en prononciation locale), ak sama bàkkanu doom, de «La plus secrète mémoire des hommes», prix Goncourt 2021. Ça ne vous plaira peut-être pas, je sais, mais on récupère comme on peut le succès des honnêtes gens. On se met en rang pour dire bravo à Mohamed Mbougar Sarr ? A jeudi !
P.-S. : Quand je dis tonton Macky, c’est pour l’attendrir, on n’est jamais trop prudent…