On ne sait pas s’il caressait ce …secret espoir, mais depuis hier mercredi 3 novembre 2021, Mohamed Mbougar Sarr est entré dans l’histoire de la littérature francophone. « La Plus Sécrète Mémoire des hommes», son quatrième roman, publié aux éditions Philippe Rey/Jimsaan, lui a valu en effet le prix Goncourt 2021 qui lui a été remis au restaurant Drouant, dans le quartier de l’Opéra à Paris, comme le veut la tradition.
Avec cette distinction, c’est une performance exceptionnelle que vient d’accomplir l’écrivain de 31 ans, non seulement du fait de son jeune âge, mais aussi parce qu’il a été vainqueur dès le premier tour avec six voix sur les dix que compte le jury.
On comprend donc sa joie et sa fierté légitime dans la mesure où le Goncourt est le plus ancien et le plus prestigieux des prix littéraires décernés en France. Attribué pour la première fois en 1903, comme l’avaient souhaité les frères de Goncourt ( Edmond et Jules) dans leur testament, il récompense chaque année «le meilleur ouvrage d’imagination en prose paru dans l’année». Si le vainqueur ne reçoit qu’un chèque symbolique de dix euros, soit environ 6500 franc CFA, une grande notoriété et un succès commercial l’attendent généralement.
Avec ce prix, Mohamed Mbougar Sarr trône désormais à côté de monuments de la littérature française et francophone tels Georges Duhamel, Marcel Proust, André Malraux, Simone de Beauvoir et René Maran, le premier Noir a obtenir le Graal il y a exactement cent ans avec son œuvre Batouala, publiée en 1921.
Autant dire qu’il a beau être tout petit, il est entré dans la cour des grands, ce que jusqu’à présent aucun de nos écrivains d’expression française n’est parvenu à faire. Dieu seul sait pourtant si l’Afrique subsaharienne a produit d’immenses talents, parmi lesquels Léopold Sédar Senghor, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti, Amadou Hampâté Bâ, Biraogo Diop, Cheikh Hamidou Kane, Camara Laye, Bernard Dadié, Ferdinand Oyono et Nazi Boni.