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SÉnÉgal, Le Prix Cons-courts

SÉnÉgal, Le Prix Cons-courts

Comme d’habitude des Sénégalais, ont dans un premier temps systématiquement hurlé avec les loups et suivi aveuglément le concert des félicitations pour aduler le lauréat du Goncourt Mbougar Sarr, sans avoir lu la moindre phrase de son roman.

Aussitôt après il leur a fallu voir des extraits de son œuvre et quelques phrases prononcées dans une interview pour effectuer un virage à 180 degrés et jeter l’anathème sur lui :

« Il fait la promotion de l’homosexualité, il défend la cause des « Gordjiguene », il est soutenu par des lobbies dont il exécute l’agenda caché, il a obtenu le prix pour ses positions sur l’homosexualité » patati patata…

Ceux-là ont remporté brillamment le prestigieux prix « Cons-Courts ».

Alors chers lauréats, vous avez la paresse de lire un livre c’est un secret de polichinelle mais de grâce « nguir yalla » faites l’effort de lire le résumé que je vous fais ci-dessous de son roman qui traite de l’homosexualité dans notre  société : « De purs hommes ».

J’ai fait le sacrifice de le lire pour vous dire exactement son contenu.

À vous de vous faire votre opinion après !

Vous verrez ainsi que vous méritez amplement le prix « Cons-Courts » qui vous a été décerné.

« De purs hommes ».

Tout commence dans ce roman par une vidéo virale sur Internet que Rama, une femme libre, reçoit sur son smartphone.

Cette vidéo montre une foule hystérique dans un cimetière musulman exhumant le cadavre d’un homme « impur », car soupçonné d’être homosexuel et indigne de cohabiter, même mort, avec des hommes « purs ».

Ce n’était qu’un « Goordjiguéne», homosexuel et nombreux  sont ceux qui considèrent qu’il ne doit pas être enterré dans un cimetière musulman.

Rama montre la vidéo à son amant Ndéné Gueye, professeur de littérature française à l’université.

Cette petite vidéo va remettre en question l’existence de ce jeune professeur qui, après ses études supérieures en France, ne comprend pas cette discrimination. Le professeur Ndéné Gueye n’a d’abord pas d’avis tranché sur le sort réservé à cet homme post-mortem, il afficherait même une sorte d’homophobie qui scandalise sa maîtresse, la belle Rama, femme libre et bisexuelle. Mais la vidéo fait son chemin dans sa tête et l’interroge. Qui était cet homme ? Personne ne se soucie de son identité mais Ndéné se met en quête de sa famille.

Il va tenter de tout connaître de cet homme et de rencontrer ceux qui l’ont connu. Il approchera le monde de la nuit, le monde des travestis qui font les belles soirées de Dakar, ces soirées dans lesquelles la foule s’amuse. Il espère trouver là les réponses attendues. Avec l’aide de plusieurs intermédiaires, il finira par rencontrer la mère du jeune homme.

Son intérêt subit pour ce monde est mal compris de tous, depuis son amie Rama, jusqu’à sa famille notamment son père.

À l’université le sujet prend de l’ampleur. Une circulaire ministérielle interdit aux enseignants d’étudier des auteurs soupçonnés d’homosexualité.

En effet, il a reçu une note du ministère invitant les professeurs à supprimer de leur programme d’enseignement l’étude des écrivains homosexuels. Or il enseigne la littérature à ses étudiants et fait des cours sur les poètes maudits tels que Paul verlaine  et Arthur rimbaud.

Il est d’abord sommé de s’expliquer sur le sujet par ses étudiants qui décident de boycotter ses cours, puis par le doyen qui le met à pied. Ndéné est rapidement discrédité et bientôt la rumeur court qu’il est lui-même homosexuel, bien qu’étant parfaitement hétérosexuel.

« Chez Verlaine, j’aimais le poète, l’homosexuel m’importait peu. Mais je savais que ma réponse semblerait absurde aux étudiants.

Ils ne réussiraient jamais à admettre que Verlaine ait été un homosexuel. Ils le lui reprocheraient toujours.

Je les comprenais : la culture, l’éducation, les valeurs qu’on leur avait inculquées les avaient conduits à refuser de fermer les yeux sur les homosexuels. Les élèves ne pouvaient l’accepter. Ils n’iraient jamais au-delà de ce fait si grave à leurs yeux. Ils ne verraient jamais la beauté de la poésie de Verlaine, puisque sa personne était impure. »

Ndéné cherche à comprendre pourquoi au Sénégal, les homosexuels sont ainsi traités. Ce faisant il interroge différentes personnes qui dressent au fil des pages du roman un portrait de la situation. Il s’adresse d’abord à son père, vieil homme apprécié de la communauté et pressenti pour remplacer l’imam de la mosquée qui affiche une incapacité physique . Ce musulman modéré a le malheur d’appeler les fidèles à prier pour l’âme du jeune homme déterré : considéré dès lors comme trop tolérant, il est discrédité et ne remplacera pas le vieil imam. Et pourtant, il affirme à son fils qu’il déterrerait son corps de ses propres mains s’il apprenait qu’il était homosexuel.

On affirme à Ndéné que l’homosexualité n’existait pas en Afrique, que ce fléau a été importé par les Occidentaux. D’autres lui expliquent qu’en Afrique, on peut accepter les homosexuels discrets mais que les exubérants sont insupportables.

Il existe pourtant au Sénégal des traditions anciennes qui mettent en scène des hommes travestis qui en public invitent à des danses plus que lascives.

« Une minorité de « Goordjiguéne » a fait changer toute la perception des homosexuels. En mal, bien sûr. Ils sont vulgaires, impudiques, provocateurs. Ils se marient ! Se marier ! Quelle folie…

L’indiscrétion de cette petite minorité, leur irresponsabilité, font beaucoup de mal aux autres, la majorité silencieuse des homosexuels. L’homosexualité est devenue vulgaire. En tout cas, on n’en voit plus que cette part. Comme souvent, c’est une poignée de gens qui donnent d’une réalité une image fausse, au détriment du plus grand nombre. Les autres Sénégalais, la majorité hétérosexuelle, se sentent agressés. Moralement. Religieusement. Visuellement. »

C’est toute l’ambiguïté de l’Afrique face à l’homosexualité que « De purs hommes » explore et au-delà, celle de l’identité masculine. L’homosexualité (une maladie des blancs !) et l’homophobie qui en découle, sont des sujets sensibles au Sénégal – et sans doute ailleurs en Afrique noire. Le roman dénonce une certaine hypocrisie de cette société et décrit le sort réservé aux homosexuels dans le pays de l’auteur.

Dans ce pays majoritairement musulman afficher publiquement son homosexualité expose à des risques graves. L’auteur expose un sujet complexe et délicat sans manichéisme dans une société avec ses particularités.

Il aborde également d’autres questions plus philosophiques et culturelles notamment la naissance des rumeurs, les jugements d’autrui nés de suppositions, de ces on-dit, mais aussi ces discours répétés aveuglément sans analyse et des copier-coller du genre :  « Après tout si un homme rencontre et parle à des homosexuels c’est peut être … c’est  certainement parce qu’il est lui aussi homosexuel !! ».

Mohamed Mbougar Sarr, en spectateur et narrateur aborde ces thèmes sociétaux dans un roman sans tabous et livre le reflet de la société face au miroir.

De là à faire l’apologie et la promotion de l’homosexualité, il y a vraiment la mer à boire.

P.S : je ne serai nullement surpris si des hurluberlus me taxaient de faire également l’apologie de l’homosexualité. Il n’y a plus rien de surprenant dans ce pays magique.

Attendez-vous à tout !







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