Félicitations pour cette déclaration qui est une contribution importante à l’apaisement de l’espace politique dans notre cher pays. A cette fin, les deux principales conditions à remplir sont à notre sens la justice et la transparence.
Dans cette optique, la déclaration d’hier regorge de messages forts qui resteront dans la mémoire des Sénégalais et Sénégalaises voire dans les annales de la médiation citoyenne relativement à notre espace public. Comme tous les pays du monde, le Sénégal a besoin d’un espace public apaisé. Il se trouve que l’espace politique qui en est une partie n’est pas en train d’envoyer présentement et à la veille des élections territoriales (nous préférons le terme « locales » ou « communales » mais vu l’intitulé officiel…) des signes rassurants. C’est le moins qu’on puisse dire.
La récente sortie du chef de l’Etat disant qu’il détient le pouvoir et que personne ne peut alors l’intimider, suivie de la réponse rapide et robuste des opposants les plus représentatifs de la classe politique avec en toile de fond, la menace de nouvelles vagues, donnent une idée de l’état d’esprit des acteurs politiques les plus influents du pays.
Cette déclaration du Cadre unitaire de l’islam vient à son heure étant donné qu’elle anticipe, alerte et invite à un jeu politique tout simplement normal sans animosité et dépouillé de toutes formes de violences et/ou d’appel à la violence. Le Cadre unitaire de l’islam séduit en refusant de rester dans les bonnes intentions et les incantations : il propose un outil de pacification de l’espace politique par le truchement d’une charte de non violence.
Dans ce registre, notre conviction personnelle est que c’est le fameux « la fin justifie les moyens » qui est en train de gangréner l’espace politique et par conséquent, constituer une menace de déstabilisation du pays. Qu’Allah nous en préserve.
Qu’est-ce que nous pensons être bon pour notre pays, et comment pourrons-nous, mes camarades et moi qui partageons le même projet politique, le faire savoir à nos compatriotes de façon pertinente, lucide et responsable sans recourir à la violence. Voilà une des questions cruciales que devrait se poser la classe politique, ceux et celles qui sont en compétition pour être des décideurs publics (le terme pouvoir nous fait de plus en plus peur quand nous voyons et entendons… Même si c’est très difficile de ne pas l’utiliser).
Par contre, l’état d’esprit de se dire que ce qui importe c’est de conserver le pouvoir par tous les moyens quand c’est entre mes mains ou d’arriver au pouvoir en écrasant tout et tout le monde sur mon passage, on n’est alors pas du tout fondé à parler d’éthique et de « damay laac mairie bi walla rewmi ngir diaamou sen sokhla » Dara nguuru rekka la takha diok toppaf felé…
Nous saluons cette déclaration du Cadre unitaire de l’islam qui invite les Sénégalaises et les Sénégalais à faire en sorte que leur pays soit parmi ceux qui sont réputés avoir un espace politique apaisé où les citoyens reprennent leurs activités tranquillement après avoir voté. Ce n’est pas le cas depuis des années mais ce n’est pas du tout une utopie que de croire que ça peut l’être. Qu’est-ce que d’autres peuples sont ou ont que le nôtre n’est pas ou n’a pas pour ne pas pouvoir y arriver ? C’est juste une question de volonté et d’envie d’y arriver par amour pour son pays.
Pour terminer, nous ferons juste une observation au Cadre unitaire de l’islam si l’on peut dire, en termes de collaboration efficace, pour se donner un maximum de chances d’atteindre les nobles objectifs qu’il s’est assigné. La petite expérience que nous avons eue en matière de médiation nous a fait savoir qu’il y a d’autres acteurs qui ont eu des résultats probants dans ce dossier et capitalisé énormément de choses à partager. La plupart de ces acteurs que nous avons eu à côtoyer sont présentement parties prenantes de la plate-forme des acteurs non étatiques « jammi rewmi ». Le Cadre unitaire de l’islam serait bien inspiré d’établir un partenariat solide avec cette organisation de la société civile si ce n’est déjà fait.
N’attendez rien de personne tout en sachant que Dieu reconnaîtra votre travail et que le peuple sénégalais vous sera profondément reconnaissant pour les succès et sera indulgent pour le moins bon.
Bou dee yeen le nangounaa niou wax bayi leen cadre bi mou ligueey.
Nous serons là si Dieu nous prête vie pour suivre et dire au besoin : c’est bien ou attention…
Bonne continuation
Wa Salam
Imam Ahmad Kanté