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ImmigrÉs, Ne Pleurez Pas, Vous Irez Au Paradis

ImmigrÉs, Ne Pleurez Pas, Vous Irez Au Paradis

C’est connu, par tous les croyants, le Paradis se mérite pour le bien qu’on a fait sur terre. Néanmoins, Peter Tosh, chanteur jamaïcain disait : «Tout le monde veut aller au paradis, mais personne ne veut mourir». Les immigrés qui sont des êtres mortels, ont construit toute leur vie pour subvenir aux besoins de leurs familles.

A la différence des sénégalais restés au pays, qui souffrent également des difficultés à vivre de leurs revenus, ils se sont sacrifiés pour survivre loin de leurs communautés, dans des pays lointains, dont les modes de vie ne sont pas au diapason de leur culture d’origine. Ces millions d’exilés ont parfois le même projet d’émigration, à savoir aider (sans y arriver) à sortir de la mouise dans laquelle leurs familles se débattent quotidiennement sans perspective d’amélioration.

Leur transhumance sans berger, vers des prairies vertes, parfois hostiles, devient la seule solution pour que leurs parents, enfants, amis survivent. Le prix à payer est clair, c’est vivoter souvent dans les foyers surpeuplés, occuper (pour beaucoup) des emplois dévalorisants et dire un long au revoir à ceux restés au Sénégal. Ils ne sont pas venus en Europe, aux Etats Unis, pour vivre mieux, mais pour combler un vide que l’Etat n’est pas en mesure de prendre en charge.

Ils sont croyants : Musulmans, Chrétiens pour la très grande majorité, ce qui les renvoie souvent à un devoir, voire une obligation d’aide aux nécessiteux. Nous ne sommes plus dans l’aumône, (obligatoire pour les croyants), mais dans un fardeau devenu très lourd qu’il est impossible de se débarrasser, au risque de voir ses proches sombrer dans la famine. C’est un choix subi qui interroge sur la capacité de la diaspora à se sacrifier, parfois sans reconnaissance. Dans bien des cas, seul leur contribution financière leur permet d’être «quelqu’un» (comme on l’aime le dire souvent).

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Un ami me disait : «Je n’ai pas le choix, j’irai au Paradis, je nourris 25 personnes et je les soigne depuis 30 ans, et je suis croyant». Cette blague n’est pas dénuée d’un sentiment de peine. Mon ami n’est pas sérieux mais, il veut se rassurer car, sa vie est fondée sur «faire du bien aux autres, en s’oubliant complètement». Il n’a jamais vu grandir ses enfants, il n’a jamais vécu en couple parental et n’a jamais assisté à l’enterrement de ses parents. En tant que croyant, il espère une vie meilleure dans l’au-delà. Mon ami est très perturbé par sa vie inachevée et semée d’amertume. Il peut aussi dire : «Mais, le problème, c’est ceux qui sont morts et qui ne sont pas revenus pour nous raconter ce qui s’y passe». Le débat est clos. N’aie pas peur cher ami, tu iras au Paradis, sinon…







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