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Faire Revivre Norbert Zongo

Faire Revivre Norbert Zongo

Jour 50

#SilenceDuTemps – Ce matin mon fils « Pièce Unique » dans son sms quotidien et toujours très intéressé me demande ce qu’on mange. Il n’est pas venu … le Kaldu au poisson, ce n’est pas sa tasse de thé. Ce n’est plus un enfant pourtant et quand il a le choix il n’hésite pas. Incroyable quand même que le poisson et certains enfants, cela ne fasse pas bon ménage. Petit il me fallait jongler, aménager des menus astucieux mariant poisson avec frites, ou pâtes ou gratin, bref il s’agissait de noyer le poisson.

J’ai raté quelque chose, lui transmettre mon amour du poisson sous toutes ses formes. Je fais de temps en temps des « parties de poisson » avec mon amie Marie Anne et c’est à qui nettoiera le mieux la bête avec un immense plaisir. Elle me gagne toujours car elle mange tout, moi aussi sauf …l’œil. Je vous passe les bruits qui accompagnent cette partie. En ouolof cela se traduit par « motchat’ ou sééniu » très phonique. Et bien entendu tout se passe, à un certain moment du « nettoyage » avec les doigts … à rendre jaloux les lebus du coin. Nos assiettes savamment décorées avec les arrêtes bien propres, bien rangées et la mienne en fait, est finalement plus aboutie parce que l’œil est là, comme s’il surveillait les regards amusés de nos admirateurs qui, disent-ils :« les chats sont tristes aujourd’hui, rien à leur offrir ». De toute façon, bien que je n’aime pas vraiment les chats, je ne comprends pas qu’on ne leur donne que des restes quand même.

Nous faisions aussi il y a des années avec une autre amie, Simone, des « grillades parties » de yabooy ! Un poisson si riche en protéine très convoité et transformé pour être consommé sous d’autres cieux. Il est aussi goûteux que rempli d’arrêtes, alors l’aborder sans « la technique », ce n’est même pas la peine d’essayer. Un vrai travail d’initié. Nos parties étaient interminables, très animées … je les regrette et d’ailleurs pourquoi ne pas les remettre à l’ordre du jour ?

Depuis C., le poisson sous toutes ses formes – véritable festival du poisson – je fais presque tous les jours un plat différent, un jour c’est Tajine de Daurades à l’ail et persil, un autre soir mulet aux fèves ou encore poisson aux épices Indiennes. Ah ces épices, un plaisir de les intégrer dans les sauces, elles donnent la couleur, l’odeur, le goût … et quand en plus je vais couper les plantes aromatiques qui poussent sur la terrasse pour les y mélanger, plaisir double. Et bien entendu, je prends des photos.

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De temps en temps le livreur Viou va déposer un poisson devant la porte de l’amie MamiDo, question de lui faire tester mes nouveaux « talents ».

Mon rêve pour la Somone (et j’y arrive) est d’acheter une barque, un moteur, de louer un pêcheur et de ne jamais manquer de poisson. Mieux, de faire du troc, puisqu’autour de moi certains préfèrent l’agriculture, le maraîchage, la volaille …

Jour 51

Mon ordinateur est parti chez son médecin pour cause de maladie de la maladresse. Je le récupère j’espère, demain.

Et je retrouve mon bloc-notes du téléphone à qui je dis merci puisque toutes mes premières chroniques sont parties de là.

Je venais de découvrir cette application. Pratique pour les petits messages, pour coucher rapidement l’idée qui surgit de nulle part et qu’il faut consigner avant qu’elle ne s’envole, moins pratique si long message. Mais ai-je le choix ce soir.

Ma petite fille Aïna Marie, 5 ans, parle de l’angoisse de la feuille blanche lorsqu’elle n’arrive pas à faire une lettre que son travail quotidien lui impose. Elle est sous influence cette petite avec son père artiste plasticien qui lui, connaît la page blanche.

Moi cela m’arrive aussi mais sans réelle angoisse.

Par exemple, le soir de la chronique au poisson, j’ai quitté plus tôt Djelika et sa maman en disant que je n’avais rien comme base pour la chronique. J’étais sérieuse et en m’installant j’ai dû me rappeler tous les moments de la journée pour trouver un déclencheur… Merci « Pièce Unique ».

Le sms de ma fille le soir après lecture m’a fait sourire, elle n’y croyait pas visiblement…à ma page blanche.

Par contre la chronique sur le vélo était inspirée d’une discussion avec mes étudiants. À la fin de nos Skype cours, je déride un peu l’atmosphère et ouvre la discussion sur tout et rien. Je leur ai demandé si le vélo ne serait pas un bel outil pour régler notre incroyable mobilité.

Et là j’ai appris que certains ne savaient même pas faire de vélo et même plusieurs d’entre eux. Incroyable ! Je me suis alors aventurée à poser l’autre question, méfiante : « qui ne sait pas nager ? » J’étais agréablement surprise, presque tous sachant nager, ouf soulagée.

Faire du vélo et nager ça libère drôlement.

Je me souviens de mes premiers cours de natation à la piscine du Lido qui aujourd’hui est celle de l’hôtel Savana. La même, sans les fameux plongeoirs, un de 10 m, deux autres de 5 et 1 mètre. Je me souviens surtout de toutes nos vacances d’enfance qui se passaient entre la plage des enfants dit le Lagon, la Pergola ou Terru baye Sogui et la plage de l’ANSE Bernard. Nous y allions en bande d’amis et y passions des demi-journées entières (obligés de rentrer déjeuner). La plage était belle, propre, très peu fréquentée. Nous adorions y aller pendant l’orage, inconscients étions-nous ! Des vacances gratuites, saines, sportives.

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J’ai voulu un jour partager avec mon fils et son frère et ami Thierno venu passer la journée à la maison. Et me voilà les traînant à pied. « Ah bon on ne prend pas la voiture ? », sur ma corniche préférée. Ce fut épique, sur la plage un troupeau de chèvres, et avant d’y arriver sur le chemin de terre, plus de poubelles que de pierraille. Dans un coin un mendiant ou bien un malade, va savoir, couché à même le sol endormi ou non ? Plus je résiste et plus mes deux boulets se font lourds.

J’essaie de leur raconter mes souvenirs d’enfance mais rien n’y fait. On finit à la piscine du Savana plus convenable à leurs yeux. Ils devaient avoir 8/9 ans, deux chenapans. En rentrant pas question pour eux de marcher et donc je prends un des taxis garés devant l’hôtel pour faire une course de moins d’un kilomètre. Avec je ne sais plus quel look et mes deux gamins. Je sais que le taximan me prend pour une touriste et quand il découvre que je ne vais pas loin du tout, j’en ai eu pour mon grade. « Je fais la queue depuis deux jours et tu m’as fait rater mon rang pour çà… » Je ne vous en dis pas plus.

Cette balade nostalgique m’aura coûtée chère, surtout en crédibilité…

Jour 52

Toujours pas d’ordinateur ! Abeye Ababa va se régaler sans lunettes, moi-même je préfère lire ainsi mais à l’écriture c’est quand plus aisé avec l’ordinateur. J’adore regarder les séries policières à la TV quand elles sont bien montées et surtout une fois fini on ne retient pas grand-chose ou peu.

Je regarde en écrivant « Caruso de Miami ». Au début je n’aimais pas vraiment son air bizarre qui n’a pas l’air d’être là où il faut. Et pourtant ! J’ai craqué et apprécié par la suite. »

J’ai même gagné le surnom de « Caruso » de la part de mon amie Marie. Ensemble nous avons organisé une opération de haute voltige digne d’un grand film policier pour aider quelqu’un en difficulté. J’ai adoré jouer les détectives, reniflant les bonnes pistes à suivre à la recherche d’indices, mais là c’est nous-mêmes qui avions camouflé les indices … Oh je vous vois douter et pourtant je n’ose même pas vous raconter tout…

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À l’époque de Jack Bauer, impossible d’accepter une invitation les jeudis soir avant 22h00. J’ai à cette époque passé le virus à Viou qui est devenu encore plus accro’ que moi. Et même en sachant que nous pouvions voir les mêmes épisodes le lendemain matin, pas question de rater le « jeudi de Jack, » comme si c’était du direct. Une nuit nous avons regardé l’intégral de « 24h chrono » et moi la couche-tôt…j’ai résisté.

Nous n’étions pas les seuls. Combien de jeunes en général, ont changé leur sonnerie de téléphone et l’ont mise aux sons de la sonnerie de « la Cellule » ! La fièvre nous est quand même passée. 

Ces jours de C. j’ai remarqué que des épisodes de Jack B. passaient sur une chaîne de TV. Pourtant bien que la ferveur ne soit plus au rendez-vous et ne trouvant pas quoi regarder nous nous y sommes accrochés, 2 ou 3 épisodes déjà vus bien sûr puisque nous les avions tous vus et toutes les saisons. 

J’ai lu de nombreux romans policiers et comme les séries j’adore. J’ai même un projet secret, celui d’écrire…un roman policier autour de l’affaire Norbert Zongo ! Vous rappelez-vous ce journaliste Burkinabè disparu ou plutôt assassiné il y a plus de 20 ans déjà ? J’ai compilé une vraie documentation et je n’ai jamais osé écrire une seule ligne, me disant sûrement que ce projet était complètement insensé. L’effet C. me donne des ailes pour ces chroniques. Alors l’après C. me tend les bras, devrais-je les refuser ! Et nous y sommes.

Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle administratrice.

Épisode 1 : AINSI COMMENÇAIENT LES PREMIERS JOURS CORONÉS

Épisode 2 : AVEC LA BÉNÉDICTION DE FRANÇOIS, LE PAPE LE PLUS AVANT-GARDISTE

Épisode 3 : SOCIALISER EN TEMPS DE COVID

Épisode 4 : PREMIÈRE SORTIE EN PLEIN COVID

Épisode 5 : SOUVENIRS DES INDÉPENDANCES

Épisode 6 : LES CONSÉQUENCES INATTENDUES DU COVID

Épisode 7 : LA LUNE ROSE

Épisode 8 : POUR UN VRAI PROJET D’ÉCOLE

Épisode 9 : PÂQUES SOUS COVID

Épisode 10 : DEVOIR DE TRANSPARENCE

Épisode 11 : NOSTALGIE D’ADO

Épisode 12 : DAKAR ET LA RAOULTMANIA

Épisode 13 : UN TEMPS SUSPENDU

Épisode 14 : BELLE RENTRÉE

Épisode 15 : LA PROMENADE DU DIMANCHE

Épisode 16 : BEER LA GLORIEUSE

Épisode 17 : LE COVID, UN AVERTISSEMENT

Épisode 18 : ANGOISSE CONTINUE

Épisode 19 : DAKAR EN PERDITION

Épisode 20 : BOB MARLEY, L’IMMORTEL







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