Le déroulement des scrutins sous le magistère de Macky SALL a démontré une chose :les élections se gagnent en amont, grâce à la manipulation du fichier électoral, la privation de vote de dizaines de milliers d’électeurs sénégalais, la rétention des cartes d’électeurs des primo-votants et la modification du poids électoral (gonflement calculé du nombre d’électeurs dans certains fiefs acquis au régime et sous-représentation du nombre d’électeurs d’autres régions).
La région de Matam est la parfaite illustration de la manipulation du fichier électoral. Une analyse comparative du fichier électoral des présentielles de 2019 et celui des locales établi à la date du 15 novembre 2021 permet de constater un gonflement extrêmement élevé de la population électorale dans la région de Matam, comparativement à d’autres régions dont la population est largement plus élevée.
Pour établir le tableau précité, nous avons analysé et recoupé trois types de données :
1). Le rapport de la direction des statistiques démographiques et sociales sur la répartition de la population sénégalaise par région administrative en 2020 dont les données sont issues des projections démographiques réalisées par l’ANSD (Agence nationale de la Statistique et de la Démographie),
2). Le tableau électoral issu des élections présidentielles de 2019,
3). Le tableau électoral des élections locales établi à la date du 15 novembre 2021.
Régions | Population en 2020 | Nombre d’électeurs en 2019 | Nombre d’électeurs au 15 novembre 2021 | Variation positive du nombre d’électeurs entre 2019 et 2021 |
Matam | 732 863 | 273 714 | 288 394 | + 14 680 |
Tambacounda | 872 155 | 251 363 | 264 759 | + 13 396 |
Kaolack | 1 191 577 | 425 919 | 438 911 | + 12 992 |
Diourbel | 1 859 503 | 589 015 | 604.013 | + 14 998 |
Le constat est effrayant (Matam bat tous les records d’irrationalité en matière électorale) :
** Alors que la population totale la région de Kaolack est largement supérieure à celle de Matam (un écart démographique énorme pour Kaolack de + 458 714), l’augmentation du nombre d’électeurs entre 2019 et 2021 est plus élevée à Matam qu’à Kaolack,
** Plus surprenant, entre 2019 et 2021, l’augmentation du nombre d’électeurs est quasi identique entre Matam et Diourbel, alors que la population de Diourbel représente plus du double de la population de Matam (le différentiel est monumental + un million cent vingt-six mille et six cent quarante « 1 126 640 » pour Diourbel). Rappelons que la région de Diourbel avait été remportée par l’opposition lors des présidentielles de 2019.
L’écart relevé entre Matam et 3 autres régions (Tambacounda, Kaolack et Diourbel) au niveau de l’augmentation du nombre d’électeurs alors que les populations de ces 3 régions sont largement plus élevées s’explique par une manipulation du fichier électoral. En effet, la manipulation du fichier électoral passe par la maitrise du nombre d’électeurs qui doit, soit être quasi constant ou évoluer de manière marginale dans les localités suspectées d’être défavorables au régime (c’est le cas de Diourbel) ; soit augmenter de manière exponentielle dans les localités favorables au régime(ex Matam, Podor et Fatick pour ne citer que ces 3).
Pour la région de Dakar, si on prend l’exemple de Guédiawaye, entre 2019 et 2021, le nombre d’électeurs a augmenté de706, un nombre extrêmement faible et insignifiant – cf tableau ci-dessous :
Région de Dakar | Nombre d’électeurs en 2019 | Nombre d’électeurs au 15 novembre 2021 | Variation positive du nombre d’électeurs entre 2019 et 2021 |
Guédiawaye | 195 332 | 196 038 | + 706 |
Ainsi donc, à Guédiawaye, le nombre serait quasiment constant entre 2019 et 2021, c’est-à-dire moins de mille électeurs supplémentaires (une farce à laquelle personne ne croit). L’objectif à Guédiawaye, est de neutraliser l’augmentation du nombre d’électeurs pour éviter une déculottée à Aliou SALL.
Au même moment, à Podor, autre fief du NEDOUKO BANDOUM, la population électorale a fait un bond spectaculaire :
Région de Saint Louis | Nombre d’électeurs en 2019 | Nombre d’électeurs au 15 novembre 2021 | Variation positive du nombre d’électeurs entre 2019 et 2021 |
PODOR | 207 955 | 218 270 | + 10 315 |
Pour mesurer le bond du nombre d’électeurs à PODOR, il faut regarder l’augmentation cumulée du nombre d’électeurs à Saint LOUIS et DAGANA : l’augmentation pour les 2 localités est de + 9 391. Malgré ce cumul, l’augmentation du nombre d’électeurs est inférieure à PODOR qui est de + 10 315. PODOR jouera donc de compensation pour le régime, au cas où…
En réalité, Macky Sall manipule, comme un damier, le fichier électoral en contrôlant méticuleusement l’augmentation du nombre d’électeurs. Il n’a aucun intérêt à ce que ce nombre augmente dans certaines régions, dont les électeurs sont suspectés de voter massivement contre le régime.
La privation du droit de vote de dizaines de milliers d’électeurs et la neutralisation du fichier électoral font partie intégrante de la stratégie mise en place par le régime pour détourner la volonté populaire et fausser les scrutins.
Comble du cynisme, le régime et la CENA dont la composition est entachée d’illégalité manifeste ont poussé le vice jusqu’à publier quelques communiqués de presse pour faire croire à l’opinion publique que les cartes d’électeurs sont disponibles, alors que sur le terrain, elles ne le sont absolument pas. La démarche est machiavélique : on communique sur la disponibilité des cartes d’électeurs tout en sachant que les électeurs n’en disposeront pas pour voter.
Depuis 2012, aucune élection ne s’est déroulée de manière loyale et régulière au Sénégal : transfert massif d’électeurs, modification du poids électoral de certaines localités (gonflement dabs certaines localités, neutralisation dans d’autres), privation de vote des primo-votants et désorganisation du scrutin dans les localités défavorables au régime….Tout est fait pour le scrutin soit faussé.
Le cas de Matam (Podor et Fatick ne sont pas en reste) est révélateur des pratiques frauduleuses du régime. Macky Sall est prêt à tout pour ne pas perdre les locales.
Au-delà du cas de Matam ; Il est impératif de procéder à un contrôle approfondi et complet du fichier électoral (région par région), en comparant le fichier des présidentielles de 2019 et celui des locales de 2022, afin de mettre à nu la stratégie du régime (gonflement calculé du nombre d’électeurs et sous-représentation dans certains fiefs).
Dans un communiqué récent rendu public, l’ASUTIC, une organisation qui œuvre pour la transparence et le renforcement de la démocratie avait alerté sur la manipulation du fichier électoral par le régime, dans le cadre des élections locales de 2022 : la manipulation du fichier ne fait l’ombre d’un doute.
Seybani SOUGOU – E- mail : sougouparis@yahoo.fr