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À ThiÈs, Tas DÉtrÔne Idy

À ThiÈs, Tas DÉtrÔne Idy

Les résultats des élections municipales et départementales sonnent comme un avertissement pour le régime de Macky Sall. Que le président de la République veuille l’entendre ou pas, le peuple gronde contre la déliquescence de la Justice, le règne du népotisme, l’arrogance des gouvernants, le silence indécent sur le troisième mandat et tous les manquements qui fragilisent la démocratie sénégalaise ainsi que la quête du bonheur d’un peuple, dont la composante essentielle vit encore dans le dénuement. Comme en 2009, une dynamique nouvelle traverse le pays. Elle arrive avec des spasmes dévastateurs : le souverainisme triomphant en Afrique, la crise de confiance démocratique, la radicalité politique, le dégagisme, les effets des réseaux sociaux, l’exigence de dignité. C’est la première conclusion à tirer de ces consultations, à deux ans de l’élection présidentielle.

La seconde est l’émergence de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW), structurée et offensive, avec ses têtes-de-pont à Ziguinchor et Dakar, Ousmane Sonko et Barthélémy Dias. Les scores flatteurs de YAW, dans plusieurs communes, villes et départements du Sénégal, illustrent la stratégie gagnante de cette coalition, qui est la principale force politique de l’opposition. Dans la majorité des localités, certains candidats ont clairement bénéficié du moteur et du label YAW. À côté, l’autre grande coalition, Wallu Senegaal a peu pesé, annonçant la chute inéluctable du PDS comme parti politique-locomotive dans notre pays. L’absence de leadership incarné est un handicap de taille pour les Libéraux. De même, le PS ainsi que les partis de gauche alliés à Macky Sall, au sein de Bennoo, tombent en ruines.

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L’autre conclusion à tirer de cette élection, malgré le peu d’intérêt qu’accordent les analystes politiques, demeure certainement la chute d’Idrissa Seck à Thiès. Le patron de Rewmi a toujours dit qu’il arrêterait la politique le jour où il perdrait Thiès. Un défi que Thierno Alassane Sall a su relever. Le président de la République des Valeurs/Réewum Ngor (RV) a non seulement battu Idrissa Seck, mais il est aussi venu à bout de Yankhoba Diattara et de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar dans les centres historiques et témoins d’Aly Bâ, de Ciré Elimane Sall et Malick Kaïré Diaw. Là où ces derniers votent et ont leurs bases. Les écarts sont même très importants dans ces lieux, restés, depuis vingt ans, bastions inexpugnables d’Idrissa Seck.

Thierno Alassane Sall avait besoin de se saisir de ces suffrages de proximité. L’ancien ministre de l’Energie, démissionnaire du gouvernement de Macky Sall en 2016, dont c’était le premier test électoral avec son parti, a réussi à gagner une base politique, affective et sociologique à Thiès-Ouest. S’il est devancé au niveau de la Ville ainsi qu’au niveau de la commune d’une courte tête, il réussit à récupérer l’héritage électoral d’Idrissa Seck. La République des Valeurs, pour une première, sans grands moyens, sans coalition, a fait preuve d’initiatives et de hardiesse. Jusqu’à pousser les populations thiessoises, par un discours tranché contre le pouvoir et ses alliés, ceux de Rewmi particulièrement, à voter pour l’opposition. Thierno Alassane Sall et la République des Valeurs n’ont malheureusement pas bénéficié des effets vote-sanction et vote-utile, captés par la coalition YAW.

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Pour Thierno Alassane Sall, la base gagnée à Thiès sera un tremplin à consolider. Par sa carrure et son aura, il est le leader qui remplace naturellement Idrissa Seck. Pour le reste, il s’agira d’élargir les racines du parti dans les autres communes de Thiès, ainsi que dans le département, par un travail méthodique et acharné comme ce fut le cas pour ces élections à Thiès-Ouest. Ailleurs au Sénégal, la République des Valeurs a remporté l’élection dans des communes au Nord et au Sud du pays. Elle fait des scores honorables dans la banlieue, à Pikine-Nord, où la RV arrive second. Dans de nombreuses autres localités, elle a obtenu des résultats appréciables, se classant assez souvent parmi le tiercé de tête. Cela, personne ne l’augurait au regard des coalitions en face. Personne, sauf les militants de la RV, formation politique constituée il y a quatre ans seulement.

En dépit du fait que les coalitions arrivent, très souvent, en tête lors des élections locales et législatives, la RV n’aurait pu saisir meilleure occasion que ces joutes pour gagner en expérience et en notoriété. La République des Valeurs, qui a fait face à de grandes coalitions, au niveau national, a jeté les bases de son ancrage dans le pays. Là où certains leaders ont préféré le confort des alliances et la prudence ; d’autres la non-participation par précaution. Le courage politique de Thierno Alassane Sall, qui a osé défier Idrissa Seck dans son fief, a payé. Un électorat sociologique et homogène a voté pour lui. Un homme politique doit vérifier sa force réelle et jauger sa perception auprès des citoyens, et les élections sont des moment propices de massification et de communication. Thierno Alassane Sall acquiert non seulement un cercle de rayonnement à Thiès, mais il permet aussi le déclin d’un homme politique, qui, en s’associant à Macky Sall, a poussé l’immoralité en politique à son comble. TAS a supplanté symboliquement Idy à Thiès. C’est un bon point, qui comptera pour les échéances futures. Et qui donne de la crédibilité au leader de la République des Valeurs/Réewum Ngor.

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