(viens, je danse pour toi !)
La décrue du Nil est l’événement phare.
Le Sénégal sort de son lit avec un nénuphar.
Le lion réalise un haut fait de star.
Il démytifie le Pharaon,
lui arrachant sa couronne.
Le lion vainc le Pharaon.
Horrible sacrilège qui n’est pas puni.
La jurisprudence footballistique le décriminalise.
C’en est fait pour l’Égypte.
Le Sénégal triomphe.
Sur les altitudes du Cameroun,
Cissé alunit remarquablement.
Un atterrissage en pleine nuit qui enlumine le paysage sportif.
Le duo augustin-Abdoulaye Seydou exulte.
L’hymne du Sénégal s’élève.
La gloire aux lions est chantée fièrement.
Griot ! monte sur pur-sang.
Le trente-troisième galop lent et rythmé égaie la chevauchée.
Le Sénégal remporte la Can.
Répands la bonne nouvelle.
Annonce l’aubade dédiée aux Jambaars.
Rappelle la sérénade offerte.
Avive les réjouissances.
Enflamme la flopée de supporters.
L’exploit des Jambaars fait les choux gras de la presse.
Que nul n’en ignore.
Longtemps attendu, tout ce temps il a feinté.
Ouf !
Nous le tenons.
Le trophée est entre les mains du capitaine intrépide, Kalidou Koulibaly.
Hourra !
Il est dans nos bras.
Debout comme un seul homme, le Sénégal est en liesse,
hormis sept soldats dévoyés dans le bois désacralisé.
Le Sénégal, uni dans la diversité, danse une victoire prodigieuse.
Le hoddu pincé et la guitare accordée instrumentalisent deux fabuleux refrains repris en chœur, venant de bouches folles, de bouches ivres de joies.
Hande deeee mi yimana on.
Hande deeee mi amana on.
Les corps tordus se prêtent au jeu et rallient le cri de guerre :
« on a gagné « .
Pour atteindre le toit du monde,
Cameroun fut la voie obligée.
Une voie ni sablonneuse ni rocailleuse,
qui révèle un accès vertigineux , délirant.
Que de péripéties !
que d’obstacles !
des coups fumants sont vite jugulés par les dieux du football :
la rébellion séparatiste et le jihadisme.
entre coup de sort et coup au cœur,
un mode de transport incommode et l’étal s’impose :
le tir au but.
Au finish, la Can connut un franc succès.
L’omicron neutralisé, l’Afrique jeune et intelligente réussit le pari de la mobilisation.
L’Afrique a gagné.
L’Égypte n’a pas démérité.
Le Cameroun a réussi le pari de l’organisation.
Olembé plein de cinquante-cinq nations a chauffé.
Le stadium Olembé, joyau de soixante-mille places, n’a pas craqué.
L’Afrique a fêté le football, toutes contradictions rentrées.
Vient le temps de panser les plaies béantes du football africain heureux d’euros.
Vient le temps de repenser le football sénégalais à l’aune des enjeux d’un monde côté Covid en pleines mutations.
Vient le temps d’inventer de nouvelles pistes marécageuses qui enlisent le carrosse de l’impératrice.
Afin qu’à jamais dame coupe vive sans encombre au Sénégal
tous derrière le football, le parti du grand rassemblement de talentueux pieds noirs africains qui évitent journellement la mort subite aux clubs européens.
Du coup d’envoi au coup de sifflet final, le football s’accommode de coup franc, de coup de tête et de coup d’éclat.
Dans les républiques du football le coup d’état est une exception.
Le coup d’épaule est la règle.
La commission de discipline de la Caf est le pendant de la CEDEAO.
Elle sanctionne les hors-jeux mais prévient les coups fourrés.
» la crise, c’est quand le neuf tarde à naître et quand le vieux tarde à mourir.
Dans cet entre-deux (la crise) surgissent les phénomènes morbides les plus variés ».