Faudrait-il examiner cette journée chômée et payée, décrétée par le Président de la République, Monsieur Macky SALL, après le sacre historique du Sénégal en coupe d’Afrique, en termes de perte économique pour l’État et le privé ? Non, je ne le pense pas ! C’est surtout, un gain considérable de patriotisme, de la fierté, un capital inestimable pour un pays grand comme le Sénégal.
Est-il vrai que le Sénégal enregistre une quinzaine (15) de jours fériés dans l’année et que le pays en perd environs près de 3% de la production et presque 0,01% de croissance économique. Toutefois, l’impact économique des jours fériés dépend de beaucoup de paramètres à la fois multiples et multi variés. S’il est vrai que beaucoup d’études ont montré que les fériés impactent négativement l’économie de certains pays, il n’en demeure pas moins qu’il existe, selon le contexte, des jours fériés qui ont un impact significatif sur l’activité économique avec plus d’activité économique. C’est pourquoi un jour férié peut avoir un impact positif ou négatif sur l’économie (particulièrement sur l’Etat et le secteur Privé) … mais tout dépend du contexte….
Donc, les jours fériés n’ont pas seulement des effets négatifs sur l’économie du pays. Il arrive parfois que des effets positifs soient notés. Et je pense que c’est le cas, dans le cas d’espèce, avec cette finale remportée qui consacre cette première étoile de champion d’Afrique au Sénégal. Car, au-delà du symbolique, le football a des dimensions géopolitiques et géostratégiques et à travers ces canaux il irrigue l’économie en soutenant une hausse de l’activité économique en raison des dépenses de consommation subséquentes. Avec, aujourd’hui cette grande mobilisation à travers tout l’étendu du pays, c’est un apport de plus, même si beaucoup d’activités sont au ralenti. C’est une grande fête du football et à cet effet en termes de festivités des effets dynamisants peuvent être enregistrés dans les activités telles que le commerce, les transports et les télécommunications ainsi que sur l’activité du secteur informel d’une manière générale (traduit en achat de maillots, de drapeaux, de fanions, d’écharpes et de tous autres objets qui symbolisent les couleurs du Sénégal).
En plus, certains secteurs sont les plus grands bénéficiaires des jours fériées notamment les secteurs du loisir, du tourisme ou de la restauration. C’est ce qui est d’ailleurs constaté puisque ce jour férié occasionne un week-end prolongé, qui selon de nombreuses études pousse les consommateurs à consommer plus de loisirs, de restaurants ou d’hôtels. Cette augmentation inopinée de la consommation des ménages peut avoir un impact positif sur la croissance de la production. Au-delà, faudrait-il considérer autant l’impact de ce sacre sur la visibilité du Sénégal en dehors de nos frontières d’abord en termes d’attractivité pour les potentiels investisseurs étrangers.
A présent, avec cette belle opportunité, le Sénégal ne sera plus regardé de la même manière. Il s’y ajoute que le Sénégal, vainqueur du tournoi, empoche une prime de 5 millions de dollars, plus de 2,5 milliards de FCFA soit la plus grosse prime jamais octroyée dans l’histoire de la compétition de la CAN. Ne pas également perdre de vue qu’en générale à la suite d’un jour férié, ce qui est perdu le jour J pourrait être rattrapé le lendemain : c’est l’effet de « délai » même s’il est difficile de l’estimer. C’est pourquoi il est difficile de quantifier avec précision l’impact économique car malgré certains jours fériés, une partie de l’économie continue à tourner malgré tout. On peut dire sans risque de se tromper, que ce jour février de ce lundi 7 février, au vu de la ferveur au tour de cette victoire, constitue une occasion qui va créer des consommations nouvelles. Dès lors, est-il toujours pertinent de continuer de considérer les jours fériés comme mauvais pour l’économie ? That is the question ! En attendant, c’est le temps de la fête…
Dr Thierno Thioune
Directeur du Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA)