Le journalisme est un métier passionnant et honorable que certains individus, qui n’ont aucune des qualités élémentaires requises pour l’exercer, participent à dévaloriser par le travestissement de leur rôle de médiation et d’intermédiation. Leur incapacité problématique à couvrir rigoureusement des évènements et à les restituer en toute fidélité, neutralité et objectivité ne contribuent pas à nourrir la pluralité des regards sur les réalités observées, couvertes et mises en récit. Ils donnent ainsi une image dégradée et suspecte de l’activité journalistique qu’il convient de corriger, par des droits de réponses et des devoirs de clarification, pour ne pas subir la tyrannie de la mauvaise foi et de l’incompétence qui tendent à avoir bonne presse dans ce pays.
En effet, nous venons de constater, au lendemain de la rencontre citoyenne que nous avons animée ce mardi 15 février 2022 à Rufisque, en collaboration avec la Fondation Sococim sur l’état de la démocratie au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, que la manière dont deux journalistes l’ont restituée, pose foncièrement problème, parce que totalement éloignée de l’essentiel. Notre conviction est que cet acte n’est ni une maladresse ni une démarche isolée, mais une tendance lourde à traquer et à dénoncer.
D’un côté, M. Alioune Badara Ndiaye lance : « Ousmane Khouma et Hamidou Anne corrigent Abdourahmane Diouf » ; et de l’autre, Woré Ndoye crache : « Démocratie de concordance au Sénégal. Politistes et universitaires démontent l’argumentaire d’Abdourahmane Diouf ». Il n’est pas acceptable de faire de pareils titres pour relater des rencontres de cette nature et travestir la réalité. Ces rencontres s’inscrivent dans une perspective citoyenne et non politicienne. Elles n’ont cherché ni à corriger ni à démonter qui que ce soit. Mais apparemment, tout semble indiquer une obsession de leur part à vouloir en découdre avec le respectable, respecté et talentueux Dr Abdourahmane Diouf. Qu’à cela ne tienne. Mais de grâce, pour se livrer à d’aussi sales besognes, qu’ils aillent trouver d’autres cautions intellectuelles ailleurs.
Notre conviction est qu’il convient, chaque fois que de telles légèretés sont constatées de ne pas laisser passer ; de fustiger les motivations obscures cachées derrière des contenus d’une approximation déconcertante ; de réagir pour que la liberté d’expression, ce droit constitutionnellement sacré et consacré, ne soit pas l’occasion saisie par certains pour se dégrader dans des permissivités trahissant la vérité des faits, de manière irrespectueuse et discourtoise, voire mesquine, en présentant ici en l’occurrence le Dr Abdourahmane Diouf comme une cible des conférenciers.
En invitant ce type de journalistes à couvrir cette rencontre, la Fondation Sococim ne comptait certainement pas servir de cadre à la fabrication de polémiques inutiles. Elle ne s’attendait certainement pas à voir, au regard des objectifs de sensibilisation citoyenne, deux articles se livrer à un tel exercice de politisation d’arguments, pourtant essentiellement scientifiques. La profondeur des idées développées lors de ces rencontres contraste avec la banalité des faits mis en exergue dans ces articles qui prétendent rendre compte d’une rencontre qui se situe pourtant à un tout autre niveau. La paresse et l’incapacité intellectuelle de lire et faire leurs propres analyses, au moins par respect pour ceux qui ont encore la passion de s’investir dans de tels débats scientifiques, expliquent de telles attitudes qui travestissent de manière nauséabonde des propos tenus avec rigueur, respect et courtoisie.
Grand a été notre étonnement de voir que l’essentiel des idées abordées par les conférenciers ont été délibérément évincées de ces articles qui semblent vouloir se focaliser sur des critiques acerbes ou oppositions factices que nous aurions eu à l’égard du Dr Abdourahmane Diouf. Grande a été notre surprise de voir que ces journalistes n’ont apparemment presque rien retenu de fondamental lors de cette rencontre citoyenne qui a duré plus de trois heures et à l’occasion de laquelle la démocratie, les institutions, la politique, la légitimité, la citoyenneté, les élections, les mandats, la CEDEAO, le Mali et bien d’autres sujets ont été revisités. L’esprit, les enjeux et la philosophie de ces rencontres citoyennes semblent leur échapper.
Nous découvrons qu’ils préfèrent, se focaliser sur un sujet qui n’était pas à l’ordre du jour et qui s’est invité au débat à la faveur d’une question d’un des participants. L’on découvre à quel point ils se taisent délibérément sur l’essentiel, donnant ainsi l’impression que les conférenciers se sont essentiellement concentrés sur des critiques acerbes à l’endroit du Dr Abdourahmane Diouf. Ce qui n’aide pas à la clarté, à la vérité et à l’utilité des savoirs qui méritent d’être diffusés.
Dans la synthèse de la rencontre faite par Ibrahima Silla, aucune mention n’a été faite à propos de l’ouvrage et des idées du Dr Abdourahmane ; ce qui montre bien que l’essentiel était ailleurs. Face à l’incompétence de ces journalistes de rester fidèle à l’esprit et au texte de cette rencontre qui portait sur l’état de la démocratie au Sénégal et en Afrique de l’Ouest, il convient donc, pour les mettre hors d’état de nuire à la science et à la vérité, de relater nous-mêmes les thèmes, dégradés et souillés, dans des titres fallacieux et des explications infondées.
Le premier intervenant, Ibrahima Silla a abordé la problématique de la mauvaise ambiance caractéristique de la vie politique sénégalaise. En période électorale, l’ambiance est à la « surchauffe politique » et un tout un « boucan » ; ce qui contraste avec les lendemains d’élections où le calme revient, attestant d’une certaine maturité politique du peuple sénégalais. Il a démontré que la démocratie n’est pas de tout repos et que la démocratie, ce n’est pas une absence de conflit ; qu’elle se définit et se traduit par l’institutionnalisation du conflit. Ce qui ne revient pas, pour lui, à accepter les transgressions de l’ordre, car les finalités pratiques et essentielles du politique et de la politique restent, bien entendu l’ordre, la justice, la liberté, l’égalité, le Bien. Nuire au mal et servir le bien, telle est l’essence du politique, a-t-il rappelé, avant de conclure que les normes qui fondent la légalité républicaine et les bornes de la légitimité démocratiques doivent continuer à servir de repères fondamentaux pour inscrire notre pays dans une continuité rassurante.
Le deuxième intervenant, Hamidou Anne a abordé le thème : « Démocratie empruntée » ou « démocratie dévoyée » en Afrique de l’Ouest. Après avoir rappelé ce qu’est la démocratie et procédé à sa sociogenèse, M. Anne s’est attaché à souligner l’importance des processus et procédures garantissant le pluralisme politique, l’état de droit, les libertés fondamentales et fondant la démocratie. M. Anne a ainsi pu démontrer que la démocratie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, trouve en Grèce son aire géographique de naissance. Il a précisé toutefois que bien qu’étant un « produit d’importation », la démocratie a été bien « adoptée » et « adaptée », tant bien que mal, par les pays africains qui ont bien su l’approprier, en lui trouvant notamment des accommodements et aménagements rationnels et raisonnables, par rapport à nos normes sociales existantes, tout en soulignant les imperfections démocratiques. La démocratie dévoyée impose selon lui de nouvelles et profondes réformes indispensables à entreprendre, à partir de nouveaux imaginaires propres à nos cultures politiques.
Le troisième intervenant Ousmane Khouma a abordé comme thème : « Installations, changements et prolongations anticonstitutionnelles de gouvernements : les impensés des sanctions de la CEDEAO. Après avoir rappelé les causes de la crise multiforme au Mali et dans nombre de pays d’Afrique de l’Ouest (les prolongations anticonstitutionnelles de mandats par exemple), M. Khouma a mis l’accent sur le problème des sanctions prévues par de nombreux textes, mais différenciées dans leur application face aux mêmes déviations, dérives et abus. Ce qui participe à inscrire l’Afrique de l’Ouest dans une situation d’instabilité chronique lourde de conséquences, tant sur le plan politique que géopolitique.
Nous découvrons que rien de tout ce qui méritait d’être relevé ne l’a été. En se focalisant sur des idées sorties de leurs contextes, manipulées, travesties, ces journalistes n’honorent point la noble fonction caractéristique du journalisme marqué du sceau de l’éthique et de la déontologie.
Ces rencontres qui se veulent citoyennes ne méritent pas une telle maltraitance journalistique massacrant l’essentiel au profit de l’accessoire. Le journalisme est un grand métier essentiel à la démocratie toujours balbutiante. Le service public de l’information juste et utile est une garantie pour la symphonie démocratique.
Comme tout le monde peut le constater à travers la synthèse des communications, ces journalistes cherchent, au mépris de toute fidélité aux idées développées, à entretenir une polémique inutile et mesquine au nom de motivations obscures qu’il nous reste à découvrir.
Un journaliste ne doit pas écrire ce qu’attendent ceux qui le paient. Il ne doit pas désinformer ni chercher à formater vicieusement la pensée de ces lecteurs. Il doit bien se garder de colporter des potins et commérages. Il doit être capable de faire une analyse qui l’éloigne des égouts et caniveaux. Il doit s’intéresser dans de telles rencontres qui se veulent citoyennes au meilleur des échanges fructueux.
Cette rencontre, comme ils s’autorisent à l’affirmer faussement, n’a servi à aucun prétexte de s’attaquer ou à faire une quelconque mise au point sur le concept de démocratie de concordance théorisée par le talentueux, respectable et respecté Dr Abdourahmane Diouf. La liberté de choisir et de traiter un sujet ne doit pas se traduire par la liberté de trahir la vérité ou de travestir les faits et les idées.