C’est avéré et notoire. Le Président libérien George Weah est une légende du football africain et mondial. A ce jour, il est le seul fils du continent à avoir remporté le ballon d’or européen.
En revanche, ce qui est moins connu, c’est le passé de footballeur professionnel du Président de la Turquie, Reccep Tayyip Erdogan. Le dirigeant de l’ancien empire ottoman a été un joueur de football semi professionnel (1969-1982) avant de s’engager en politique et devenir aujourd’hui l’un des Présidents les plus puissants sur la scène géopolitique. De son côté, ses jonglages ratés renseignent à suffisance sur son talent de footballeur. Mais hier à l’inauguration du nouveau stade Abdoulaye Wade, le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, tel un milieu offensif, était le meneur du jeu. C’est lui qui distribuait le ballon à ses homologues dans l’enceinte de ce joyau. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Il serait naïf de croire le contraire. Toutefois, les Etats ne font pas affaire avec n’importe quel pays.
L’envergure diplomatique du Sénégal a été toujours indéniable. Actuellement, il semble atteindre sa vitesse de croisière. Certains analystes et pourfendeurs du régime n’arrêtent pas d’épiloguer, parfois à juste titre, sur l’opportunité et le coût de ce complexe sportif dans un contexte marqué par l’impasse dans les négociations entre syndicats d’enseignants et gouvernement. A cela s’ajoute la flambée des denrées de première nécessité. Tout n’est pas faux dans les critiques notées çà et là. Malgré tout, ces goulots qui étranglent le Sénégal ces temps-ci ne peuvent occulter une chose : la diplomatie sénégalaise est au firmament. Et partant, le Président Macky Sall dans une bonne perspective sur le plan géopolitique. En effet, la Coupe d’Afrique des Nations (Can) remportée par le Sénégal a redonné au pays ses lettres de noblesse sur le plan sportif.
Le drapeau du Sénégal a conquis le monde. Et comme par alchimie, c’est pendant ce printemps des affaires étrangères sénégalaises que le Président Macky Sall accède à la Présidence de l’Union Africaine (UA). Ainsi, il est temps de saisir ce boulevard qui s’ouvre pour lui. Evidemment, il est très décrié sur le plan interne. Ses adversaires lui reprochent une mauvaise gestion des ressources et une mal gouvernance. Mais sur le plan africain, son influence est manifestement incontestable. Il a eu à soutenir de grandes querelles comme la suppression de la dette africaine au début de la pandémie de Covid-19 et l’immobilisme des Nations unies et sa nécessaire réforme. Il ne manque pas de hausser le ton sur certaines questions géopolitiques. Des positions tranchées qui ont été appréciées à l’échelle africaine.
Donc, le Président sénégalais gagnerait à s’appuyer sur ce levier pour accroître son leadership et préparer éventuellement sa reconversion. Le moment est propice visiblement. Le Sénégal est un pays démocratique. Une embellie dans une grisaille sous régionale marquée par la recrudescence des coups d’Etat et le terrorisme.
Ainsi, le Président Macky Sall a une responsabilité historique face à cette situation. Il ne doit pas faire moins que ses prédécesseurs pour préserver la stabilité du pays. Et une occasion lui est donnée avec cette bonne image du Sénégal sur le plan international de faire sa mue sans effusion de sang. Il aura 63 ans en 2024. Il peut encore, après avoir passé le témoin sur le plan national, participer à asseoir le leadership du continent par son aura qui, on l’espère, ne sera pas écorné d’ici là par un hypothétique troisième mandat. Partir en gagnant l’estime des Sénégalais et s’ouvrir les portes de l’Afrique. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Et le Sénégal en sortira encore une fois grandi. En attendant, il doit soigner ses jonglages. El Tactico Aliou Cissé a encore du pain sur la planche…