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Sommes-nous RetournÉs À L’Ère De La Guerre Froide ?

Sommes-nous RetournÉs À L’Ère De La Guerre Froide ?

Après une longue période guerre froide qui a suivi la parenthèse dramatique de la seconde guerre mondiale, le monde semblait entrer dans une belle symphonie avec la coexistence pacifique, loin de l’équilibre de la terreur auquel nous étions habitués. Mais, voilà que l’histoire bégaie et que les certitudes quant à l’instauration d’une paix définitive s’effondrent comme un château de cartes.

Entre l’Est et l’Ouest, la Russie et l’Occident, les vieux démons de la division sont en train de renaître et, avec eux, le spectre d’une déflagration aux conséquences incalculables. Quand un enfant joue avec le feu à côté des charges explosives, il ne sera pas la seule victime de l’explosion et quand des éléphants se battent dans un magasin de porcelaine, les dégâts collatéraux risquent d’être encore plus importants.

Dans le cas d’espère, les métaphores illustrent mieux la situation qui prévaux entre la Russie et l’Occident, suite à l’intervention de Moscou en Ukraine. Une intervention qui, à bien des égards, nous rappelle la frilosité des grandes puissances d’envisager des menaces où des situations de conflits à leurs frontières. Aucune puissance n’a besoin d’un ennemi à ses frontières et les zones de conflits doivent être éloignés comme ce fut le cas en Irak, en Syrie, en Libye pour ne citer que ces exemples.

Au plus fort de la guerre froide, les confrontations ont toujours été délocalisées vers des terrains plus propices à servir de champs d’expression de la rivalité Est-Ouest. L’Afrique, le Sud-Est asiatique, le Moyen orient ont ainsi constitué les champs clos de batailles idéologiques et militaires avec une circulation massive d’armes de destruction de tous genres. Mais rares sont les situations où les deux puissances se retrouvent dans des risques de confrontation directe à leurs frontières respectives. On se souvient encore de la crise des missiles de Cuba. Les événements survenus du 14 octobre au 28 octobre 1962 et qui ont opposé les États-Unis et l’Union soviétique au sujet des missiles nucléaires soviétiques. Ces missiles pointés en direction du territoire des États-Unis depuis l’île de Cuba avaient mené les deux blocs au bord de la guerre nucléaire.

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Au plus fort de la guerre froide, cette crise de Cuba, tout en révélant les limites de la coexistence pacifique, avait démontré la nécessité pour le monde de maintenir les deux grandes puis- sances nucléaires dans une distance qui leur évite des confrontations directes. En effet, la réaction américaine s’était soldée par un retrait des missiles installés par l’URSS en échange d’un retrait de certains missiles nucléaires américains de Turquie et d’Italie.

La promesse des États-Unis de ne plus jamais envahir Cuba, après la tentative avortée d’invasion de 1961 de la baie des cochons constituait alors le gage du respect de la clause de non- agression. Cette clause qui a maintenu le monde dans un équilibre fragile a également permis de promouvoir ce qui était convenu d’appeler l’équilibre de la terreur. En effet, cet accord entre le gouvernement soviétique et l’administration Kennedy, quoique contraignant pour la future politique extérieure des Etats-Unis, a permis au monde d’éviter un conflit militaire entre les deux puissances qui aurait pu mener à un affrontement nucléaire et à une troisième Guerre mondiale.

L’installation d’un téléphone rouge reliant directement la Maison-Blanche au Kremlin, après la crise afin d’établir une communication directe entre les deux superpuissances a sans doute permis d’éviter une nouvelle crise de ce genre depuis soixante ans, selon certains observateurs. Mais, voilà que l’histoire semble rattraper les superpuissances qui, après avoir testé leur hégémonisme sur tous les champs extérieurs, se retrouvent face à face pour régler leurs comptes dans une confrontation directe.

L’arme nucléaire qui se trouve au centre de cet hégémonisme aveugle est certes une arme de destruction massive pour le monde, mais elle peut tout aussi bien être une arme de dissuasion pour refréner les ardeurs et arrêter les velléités de passer à l’acte. Qui donc pour arrêter la guerre en Ukraine et remettre les choses à l’endroit. ? Qui pour lever l’impasse diplomatique et sortir le monde de l’engrenage et des ruptures d’équilibre qui pourraient entrainer des conséquences incalculables pour la stabilité de la planète ?

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Sans doute le Président Xi Jiping de la Chine qui garde encore une certaine distance entre les deux blocs et qui dispose lui-même d’une force de dissuasion massive. Sans doute aussi les pays non alignés qui disposent encore de leur posture de neutralité. Les leaders comme le Premier Ministre indien Narendra Modi, le Président de la République d’Indonésie Joko Widodo, le Président du Sénégal Macky Sall, nouveau Président de l’UA et tant d’autres pourraient, sous ce rapport, jouer ainsi leur partition. Le Tiers monde ne doit pas continuer à regarder « les éléphants » jouer un jeu aussi funeste sinon les dégâts collatéraux risquent d’être dévastateurs.

Mamadou Kassé

Journaliste-écrivain

madoukasse@yahoo.fr







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