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A Rebrousse-poil, La France, Le Grand Satan

A Rebrousse-poil, La France, Le Grand Satan

La haine de la France est devenue tendance au Sénégal, et par-delà, en Afrique francophone. Ce rejet de l’ancienne puissance coloniale est par ailleurs payant. Il suffit, par les temps qui courent, de déclamer des slogans anti français, aussi simplistes soient-ils, pour gagner ses galons de rebelle médiatique, de révolutionnaire 2.0, et d’homme politique courageux.

Des hommes politiques en déficit de popularité comme Mamadou Lamine Diallo ou Abdoul Mbaye surfent sur cette mode mortifère pour glaner likes et retweets  à défaut d’empiler les voix dans les bureaux de vote. N’importe quel quidam peut avoir son quart de gloire après une vidéo sur TikTok ou Youtube  répertoriant la mainmise des entreprises françaises dans l’économie locale. Même des intellectuels renommés cèdent à la paresse et à la facilité d’ériger la France et la colonisation comme bouc émissaire de toutes les crises que nous traversons. Une sorte de conformisme subversif.

Pour autant, il convient de s’interroger sur les ressorts de cette haine qui mêle populisme, hystérie, xénophobie et complotisme. Attardons-nous sur ce dernier mot qui me semble le plus important car le sentiment anti français se nourrit de beaucoup de fantasmes. Il prend parfois la forme du vieil antisémitisme qui sévissait en Europe dans les années 30. À l’époque, il était de bon ton de voir la main du juif dans tous les désordres, agitations et crises du vieux continent. Le même schéma se reproduit dans les milieux anti-impérialistes quand il s’agit de la France accusée de tirer les ficelles durant les élections, les coups d’État, et même les débats médiatiques.  Ainsi on a pu entendre au Sénégal, que les récentes sorties médiatiques de Adji Sarr, qui accuse de viol l’homme politique Ousmane Sonko- qui a bâti une partie de son succès grâce à ses diatrbies anti-françaises- ont été orchestrées depuis l’Élysée et le Quai d’Orsay pour discréditer le maire de Ziguinchor et freiner sa chevauchée irrésistible vers la conquête de la Présidence de la République.  Rien que ça…

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De même,  ce lundi, les employés d’Excaf Telecom ont agité l’épouvantail français pour expliquer les déboires de leur entreprise. Dénonçant le “néocolonialisme”, le porte-parole des employés du groupe a dépeint Canal Plus Afrique, filiale du groupe médiatique Canal Plus appartenant à l’industriel Vincent Bolloré, comme le bras armé de l’impérialisme français et le principal coupable dans la “liquidation” d’Excaf. S’en est suivi un long réquisitoire mêlant préférence nationale et dénonciation des collabos locaux qui défendraient les intérêts des entreprises du CAC 40 plutôt que les sociétés nationales.

Comprenons-nous bien, nous ne sommes pas indifférents au sort d’Excaf ni à celui de ses employés. Il s’agit d’un véritable désastre économique touchant un fleuron médiatique national, mais aussi social avec des centaines de travailleurs qui se retrouvent tout d’un coup jetés dans les affres du chômage. Ces pères, ces mères, ces jeunes soutiens de famille, ont le droit légitime de se battre pour la survie de leur entreprise. Et nous leur exprimons toute notre solidarité.

Mais si la  cause est juste,  la méthode de lutte est contestable. Elle relève de  l’opportunisme pur  et simple puisque la France, comme nous le relevions, est vouée aux gémonies de toutes parts. “France Dégage” est le nouveau cri de ralliement en  vogue de Bamako à Ouagadougou en passant par Dakar. « Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités, peuvent vous faire commettre des atrocités. » On prête à Voltaire la paternité de cette formule. On a déjà vu les conséquences ravageuses de la stigmatisation quotidienne de la France lors des émeutes de l’année dernière où plusieurs magasins Auchan et station service Total, ont été saccagés. Ce souvenir devrait non seulement nous faire honte, mais surtout inciter  la classe politique et certaines de nos élites à la responsabilité.

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 La défense de la souveraineté nationale est une cause noble, mais ce combat nécessite, aujourd’hui plus que jamais, une certaine hauteur de vue et un minimum d’honnêteté intellectuelle.  Des vertus devenues rares dans le monde des activistes et des hommes politiques.







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