La toile s’enflamme. Il n’y a qu’à espérer que les flammes soient confinées dans les limites du virtuel. L’affaire Adji Sarr vs Ousmane Sonko a causé tellement de dégâts qu’il n’est pas souhaitable de revivre les tragiques événements de mars 2021 au cours desquels 14 morts ont été enregistrés, des biens saccagés…
Le contentieux qui porte sur un viol présumé est pendant devant la justice, mais le jugement moral par le tribunal de l’opinion est déjà entamé sur fond d’émotions différemment associées à cette affaire : traumatiques d’un côté, libératrices de l’autre. De ce côté-ci comme de ce côté-là, on brandit des menaces et affûte ses armes, prêt à en découdre.
A la faveur de la sortie de la victime présumée – Adji Sarr en l’occurrence- il y a quelques jours dans Le Monde et Rfi notamment, le champ médiatique sénégalais est en ébullition, divisé entre pros Adji et pros Sonko. Comme ce fut le cas en mars 2021 lorsque cette affaire a éclaté. De part et d’autre, la vérité fut sacrifiée sur l’autel de la manipulation, de la désinformation et de l’instrumentalisation. Les conséquences de cette infox partagée, nous les connaissons.
Dans son « Libre propos » de la semaine dernière, mon confrère Abdoulaye Thiam de Sud Quotidien en appelait à plus de responsabilité. Estimant, en d’autres termes, que le cynisme ne sied pas aux moments de grave danger, moins encore lorsque celui-ci obture l’avenir. C’est donc clairement une invite à prendre conscience du fait que notre responsabilité (en tant qu’hommes et femmes des médias) est énorme. Et qu’il nous incombe de structurer l’espace médiatique de sorte à rendre le débat possible sur des questions fondamentales et essentielles qui évacuent du champ discursif toute émotion dévastatrice. C’est aussi une invite à prendre conscience de la fragilité de notre démocratie qui ne peut tenir qu’avec des citoyens responsables. Or, il ne peut y avoir de citoyens responsables sans une presse responsable.
De plus en plus confrontés à une série de situations qui peuvent conduire au drame, devrions-nous nous borner à être des acteurs insouciants face aux enjeux subséquents ? Des acteurs emprisonnés dans l’étroitesse de leur esprit ? Non, assurément. Dire non, c’est commencer par nous interroger sur les principes éthiques fondamentaux devant guider nos actions ; avoir un réflexe d’exigence vis-à-vis de nous-mêmes ; nous réincorporer nos propos critères de légitimité.
Ps : Nous sommes supposés avoir la même vision ambitieuse pour notre Sénégal. Par conséquent, assumer une nouvelle présence en intelligence. L’imam Lamine Sall a fait une sortie malheureuse sur Walf Tv, associant le christianisme a de la franc-maçonnerie. Des propos absolument irresponsables qui auraient pu jeter ce pays dans le chaos. L’imam récidiviste dont les excuses ne sont, à mon avis, qu’une farce, ignore que le mensonge dissout non seulement les relations entre les êtres, mais les fondements mêmes de notre Nation. Il est heureux que nos frères de confession musulmane aient élevé la voix pour un désaveu massif.
Le Sénégal est aujourd’hui engagé dans une course entre la catastrophe et la conscience. Vivement que le second l’emporte.