Aujourd’hui 08 mars 2022, journée internationale des femmes, International Women’s Day que l’Humanité célèbre depuis 1977. Moment de lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes.
Cette journée est issue de l’histoire des luttes féministes menées çà et là dans le monde à l’appel du Parti socialiste d’Amérique, parti démocratique socialiste en avant-garde sur les problèmes sociaux de 1901 en 1972.
Moment de célébration également de l’appel de Clara Zetkin(1857- 1933), enseignante, journaliste et femme politique marxiste allemande, figure historique du féminisme, qui conscientisa le monde lors de la première conférence de l’internationale ouvrière : « Les pays dans lesquels existe le suffrage dit universel, libre et direct, nous montrent qu’en réalité il ne vaut pas grand-chose. Le droit de vote sans liberté économique n’est ni plus ni moins qu’un chèque sans provision.
Si l’émancipation sociale dépendait des droits politiques, la question sociale n’existerait pas dans les pays où est institué le suffrage universel. L’émancipation de la femme comme celle de tout le genre humain ne deviendra réalité que le jour où le travail s’émancipera du capital. »
Elue présidente en 1910 de la conférence internationale des femmes socialistes, elle demanda et obtint avec le soutien de la Russie la célébration d’une journée internationale des femmes ! Depuis des rassemblements et manifestations ont lieu tous les ans dans le monde, pour réclamer plus de droits et de considération aux mères de l’Humanité, renforcer leurs droits, leurs protections et la fin des discriminations au travail. Ceci, pour accéder à un état de droit ou les femmes enfin puissent vivre et s’épanouir en toute liberté. C’est finalement en 1977 que les Nations unies officialisent la journée, invitant tous les pays de la planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes.
Cette année, le thème défini par l’ONU pour la Journée internationale des Femmes est « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable » ; ceci vient « en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur atténuation, en faveur de la construction d’un avenir plus durable pour toutes les personnes ».
Il est donc temps pour nous de nous arrêter et de nous interroger sur notre avenir et celui du monde Ce matin en sortant de chez moi, j’ai rencontré des dizaines de femmes qui partaient au puits chercher de l’eau. D’autres, enfants au dos, prenaient le chemin des champs pour couper des condiments à vendre au marché pour nourrir la famille, certaines allaient chercher du bois mort pour le feu. D’autres préparaient les mortiers pour piler le mil pour le repas de soir, et les jeunes élèves se précipitaient à l’école pour balayer la classe et effacer le tableau comme s’il n’avait pas de garçon en classe ! Elles répondaient tous à l’appel du courage, valeureusement, nous confirmant l’idée que dans notre continent ce sont les femmes qui portaient le monde.
L’Union Africaine avait consacré la décennie 2010-2020, décennie de la femme africaine en hommage aux femmes de notre continent et en reconnaissance des nombreuses contraintes qui pesaient sur leur émergence. Parmi elles, évidemment, le manque d’égalité de chance. C`est toujours après que les fourneaux se soient éteints, que l`époux et les enfants rassasiés se soient endormis, que la maison soit rangée et astiquée, que nous trouvons quelques heures de la nuit, ou du petit matin pour nous consacrer à notre création ou au plan de management de nos services ou institutions.
C`est pourquoi, à chaque fois qu`on prime une femme pour un talent ou pour un autre, dans le monde politique, estudiantin, artistique ou autre, on a aussi consacré la mère, l`épouse et la ménagère qui font corps avec elle et qui dans un jeu d’équilibrisme extraordinaire parviennent harmonieusement à laisser éclore les capacités de ces différentes personnalités qui cohabitent au sein de son corps. Elles sont mères, épouses et ménagère tout au long de leurs vies. Cette journée d’aujourd’hui devrait sur le plan national être dédiée à une femme d’exception pour célébrer son idéal, ses combats, ses convictions. Cette femme sera présentée partout dans les universités, lycées, écoles ou instituts, Assemblée nationale et services afin que la nation s’arrête et lui rende hommage. Cette femme devrait être élevée à l’Ordre national du Lion afin que son combat soit reconnu comme pilier fondamental de la stabilité de notre nation.
Cette année, j’offre, à vos noms à tous, la distinction à l’Ordre du Lion à la première femme avocate de notre jeune nation : Maitre Mame Bassine Niang.
Elle née en 1951 à Tambacounda et décédée à Dakar le 27 septembre 2013, elle est membre fondateur de l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et la vice-présidente de la Fondation Internationale des Femmes Juristes (FIDA). Née au sein d’une famille musulmane, elle suit des études de droit en France, à Aix-en-Provence, puis, de retour au Sénégal, devient la première femme noire avocate au barreau de Dakar en 1975.
Sa carrière professionnelle s’attache à la défense des droits de l’homme dans un contexte de restriction de la liberté de penser. Son engagement la poussait à créer l’Organisation nationale des droits de l’Homme du Sénégal (ONDH) dont elle fut la première présidente.
Considérée comme une icône féministe et concernée par la question de l’émancipation des femmes, elle est membre fondateur de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), vice-présidente de l’Association sénégalaise d’études et de recherches juridiques (ASERJ) et vice-présidente de la Fondation internationale des femmes juristes (FIDA). Elle a également été Haut-commissaire aux Droits de l’Homme sous la présidence d’Abdoulaye Wade.
Tous ces combats menés frontalement pour des femmes libres et épanouies, devraient suffire pour la célébrer aujourd’hui comme une icône incontestée de l’émancipation féminine.
Maitre Mame Bassine Niang, quitta ce monde le 27 septembre 2013 à l’âge de 62 ans, laissant derrière elle une vie de combat et de réussite dans un monde où la liberté de pensée était restreinte. Elle nous laisse également un ouvrage «mémoire pour mon père»1 (Mame Bassine Niang. Mémoires pour mon père. Dakar: Les Nouvelles éditions Africaines du Sénégal, 1997. (222p.). ISBN: 2-7236-1113-2. Biographie) qui montre encore une fois, sa beauté d’âme, sa générosité, son intelligence et sa dignité purement princière. Un ouvrage à lire, un hommage à donner afin que nos frères et enfants puissent apprendre d’elle et de sa vie. Sa belle rhétorique : Si être féministe, c’est être solidaire de la cause des femmes parce que je suis une femme, je suis donc réellement féministe ! Résume si bien ce à quoi, elle a toujours cru.
1 Mame Bassine Niang. Mémoires pour mon père. Dakar: Les Nouvelles éditions Africaines du Sénégal, 1997. (222p.). ISBN: 2-7236-1113-2. Biographie