La signature d’accords historiques dans le secteur de l’éducation nationale a été saluée unanimement par tous les Sénégalais qui savent que l’avenir de la Nation est liée à l’avenir des enfants et des jeunes. L’Ecole n’est pas une entité quelconque. Elle est bien le socle sur lequel s’édifie le capital humain qui est une des sur-priorités du Plan Sénégal Émergent. Faisant écho à cette option stratégique, le Chef de l’Etat a indiqué, lors du Conseil des Ministres du 2 mars 2022, « l’urgence d’engager une réflexion sur la mise en place d’un Conseil National de l’Education et de la Formation ».
Ce Conseil est conçu comme « un cadre consensuel et inclusif de supervision des orientations, actions et performances du système éducatif ».
Le relevé de huit paragraphes dans le Communiqué qui a sanctionné ce Conseil des Ministres donne la preuve de l’intérêt majeur que le Président de la République accorde à notre école comme enjeu de développement, au secteur de l’éducation de manière générale.
Incontestablement, la mise en place d’un Conseil national de l’éducation et de la formation, incluant tous les acteurs du système éducatif, donnerait une nouvelle impulsion à la politique éducationnelle de notre pays .
Outre son rôle de conseil et de formulations de recommandations dans la définition de la politique du secteur, un tel cadre devrait contribuer de manière significative à la gestion consensuelle et prévisionnelle des malentendus entre les acteurs.
Il accompagnerait, le cas échéant, l’accord de toutes les parties de mettre en œuvre un pacte de stabilité dans la durée.
En somme, les grandes orientations définies par le Chef de l’Etat lors de ce Conseil des ministres fondent notre espoir d’une nouvelle ère marquée par le sursaut, la concertation, le dialogue et le consensus.
C’est dans un tel état d’esprit que la réflexion sur le calendrier scolaire doit être entreprise. Si ponctuellement, il doit être réaménagé pour rattraper le temps perdu par les débrayages cycliques, il n’en demeure opportun et urgent de le repenser à la lumière des réalités d’un monde soumis à une rude concurrence dans le domaine de la production et de l’appropriation du savoir.
En effet, alors que les enfants des pays asiatiques effectuent 1200 heures par an, et 1300 pour le Japonais, notre école se débat pour atteindre un quantum de 900 heures. Les perturbations dans le secteur nous ramènent à des quantums encore plus faibles, exposant nos résultats aux risques de la dévalorisation. Aussi, malgré nos performances, il sera toujours difficile d’être compétitif sur le marché de la connaissance scientifique et technologique.
Le Conseil devrait, dans la perspective indiquée par le Chef de l’Etat, encourager fortement tous les acteurs à cultiver un esprit d’apaisement et à privilégier des démarches consensuelles pour soustraire notre système éducatif aux cycles répétitifs des grèves perlées. Autant le gouvernement est appelé par le Président de la République à respecter les engagements pris, autant les syndicats d’enseignants sont interpellés pour veiller à la stabilité dans le secteur.
En effet, si l’action syndicale pour la valorisation de la fonction enseignante trouve toute sa légitimité dans les errements des 20 années d’ajustements structurels imposés à nos pays par le Fmi et la Banque Mondiale , il n’en est pas moins juste de reconnaître qu’à partir de la première alternance politique de 2000 et celle de 2012, des efforts exceptionnels ont été réalisés, notamment sous le magistère du Président Macky Sall , pour corriger bien des disparités dans les traitements entre les personnels de l’école publique .
Les accords qui viennent d’être signés et la volonté personnelle du Président de la République de mettre notre école sur un itinéraire de réussite nous exposent ainsi à des responsabilités individuelles et collectives. Car il s’agit d’un enjeu de démocratie sociale et de développement de la nation. Il est bien établi que l’école publique a toujours été, dans nos pays, un moteur puissant de progrès et a historiquement rempli une fonction d’ascenseur social qui est une garantie de justice et d’équité entre toutes les filles et tous les fils de notre nation.
La République faillirait fondamentalement à sa mission si elle devenait incapable d’offrir à chaque citoyen, à sa jeunesse en particulier la possibilité , par le mérite et le talent , de gravir toutes les marches de l’échelle sociale . Or , les sociétés humaines n’ont pas inventé pour l’instant une institution plus qualifiée que l’école publique pour garantir l’égalité des chances pour tous dans ce domaine .
Face aux nouveaux défis scientifiques, techniques et technologiques du 21ème siècle, un Conseil national de l’éducation et de la Formation placé éventuellement sous la haute autorité du chef de l’Etat à l’instar du conseil supérieur de la défense et celui de la magistrature donnerait lieu à la mise à jour de nos ambitions sur l’école
Ce cadre que le gouvernement souhaite
« inclusif et consensuel » favoriserait l’émergence d’une école pour tous dont la qualité , comme le Sudes en avait fait son viatique , « ne se mesure pas seulement au nombre des diplômés qu’elle produit, mais à la somme des solutions majeures qu’elle apporte aux problèmes de la société « .
Le Président Macky Sall ne dit pas autre chose lorsque il instruit à la refondation du système pour qu ‘en plus des savoirs diplômants , une place de plus en plus significative soit accordée aux filières scientifiques et techniques , à l’apprentissage , à la préparation et aux qualifications à des métiers adaptés aux besoins de l’entreprise , de l’économie et de la société tels que amorcés dans les Isep et centres de formation professionnelle .
Un Conseil national de l’éducation et de la formation serait idéal pour l’impulsion d’une dynamique d’accompagnement des départements ministériels qui exercent leur souveraineté dans les différents ordres d’enseignements et de la recherche.
Abdou Fall
Ancien ministre