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Les LeÇons À Mi-parcours D’un Bouleversement Économique Mondial En Perspective

Les LeÇons À Mi-parcours D’un Bouleversement Économique Mondial En Perspective

Evoquant des motifs de sécurité à ses frontières, la Fédération de Russie a envahi militairement l’Ukraine, autrefois membre de l’Union des République Socialistes Soviétiques URSS.

Dans cette situation, les pays occidentaux réunis dans l’OTAN se sont rangés du côté de l’Ukraine, demandeur d’une adhésion à cette organisation pour se détacher complètement du giron russe. Excluant une intervention militaire, les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon, ont décidé de répondre par des sanctions économiques, consistant à exclure la Russie du commerce international en débranchant les banques russes du réseau mondial de transactions interbancaires sécurisé, le réseau SWIFT, dans le but d’isoler la Russie sur le plan financier. SWIFT est un instrument central dans la réalisation des transactions internationales ; il assure un système de messagerie offrant aux établissements financiers la possibilité d’exécuter différents ordres de transferts de fonds de manière rapide et sécurisée ; près de 11 000 institutions financières réparties dans plus de 200 pays sont membre de ce réseau.

L’exclusion de ce réseau rendrait donc difficiles et couteuses les relations de commerces internationales des banques concernées (importation, exportation de biens, achat et ventes de devises). Une autre sanction très importante est celle du gel des actifs de la Banque centrale russe logés dans les banques européennes et américaines. Au cours des dernières années, la Banque centrale russe aurait accumulé l’équivalent de 643 milliards de dollars de réserves de change. Ce gel a pour objectif d’empêcher les interventions de la Banque centrale russe sur le marché des changes, destinées à soutenir la valeur de la monnaie russe sur le marché des changes et à réduire les importations des entreprises russes, en rendant indisponibles ces réserves en devises étrangères.

Ces principales mesures de rétorsion n’ont pas encore d’effets visibles sur l’économie russe.

En revanche, elles ont un impact indéniable au niveau du commerce international au regard du poids de la Russie dans l’économie mondiale, particulièrement dans le secteur des matières premières stratégiques. En effet, la Russie est le 2ème producteur de pétrole au monde avec 12% de la production mondiale, le 2ème producteur de gaz (18% production mondiale) et le 1erexportateur de gaz au monde. Elle fournit 40% du gaz allemand, pays ne pouvant se tourner à court terme vers d’autres fournisseurs fautes d’infrastructures de réception disponibles (terminaux). Pour ce qui concerne le pétrole, le prix du baril de pétrole explose à des niveaux de hausse comparables aux années du premier choc mondial en 1973 (quadruplement du prix du baril entre octobre 1973 à mars 1974), du fait du refus des pays exportateurs actuels de combler le gap quantitatif occasionné par le blocage à l’importation du pétrole russe, afin d’entretenir cette hausse. Les mesure d’exclusion du réseau Swift, de gel des réserves de change russes en Euro et en dollars, et la réponse de Poutine de payer les créances du gouvernement et des entreprises en rouble, exposent les entreprises créancières et les banques européennes, effectuant des transactions avec les banques et entreprises russes en particulier, au risque de non-paiement en devises faute d’accès des banques russes au marché des changes via leurs correspondants bancaires habituels.

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La mesure d’exclusion des banques SHERBANK et GAZPROMBANK évoluant dans l’énergie donnent toutefois à cette mesure, un impact relativement limité. Sherbank (la plus grande banque qui totalise 34 % des actifs bancaires russes consolidés) et Gazprombank, sont en effet, les banques les plus impliquées dans les exportations de matières premières énergiques (gaz, pétrole et charbon) Cette exclusion se comprend d’autant plus que sans gaz russe, l’économie allemande pourrait entrer en récession, faute d’un fonctionnement normal des unités industrielles allemandes. L’Allemagne, rappelons-le, est la première économie d’Europe, et la 4ème économie mondiale derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon, d’où un risque de récession économique étendu à l’Europe et au monde.

Par ailleurs, cette mesure d’exclusion des banques russes au réseau Swift exposent leurs banques correspondantes en Europe à des risques de non-paiement, affectant par conséquent la qualité de leurs portefeuilles relatifs aux crédits accordés ou aux transactions en cours avec les banques russes. Les banques françaises suivantes sont particulièrement concernées. Il s’agit de la Société Générale, dont l’exposition au risque russe est estimée à 18,6 milliards d’euros, le Crédit Agricole exposée de 6,7 milliards d’euros à la Russie et l’Ukraine, et BNP Paribas exposée pour environ 3 milliards d’euros.

L’exclusion de la Russie du système bancaire mondial a créé un choc sur le commerce des céréales.

La Russie et l’Ukraine assurent à eux seuls 30% des exportations mondiales de blé. L’Ukraine étant occupée militairement et ses ports sous contrôle, ne peut exporter ni son blé ni son maïs, et la Russie encore moins recevoir des paiements du fait des sanctions financières à elle appliquées. Par conséquent, les stocks restent bloqués dans les ports russes et ukrainiens au grand dam des consommateurs mondiaux de pains et de semoules alimentant la hausse des prix sur ces produits à forte demande.

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Le conflit vieux de plus d’une semaine aujourd’hui, permet de tirer des leçons sur des point essentiels à savoir la fragilité de la paix mondiale et les risques d’un recours à l’arme nucléaire, l’interdépendance économique et financière des pays en conflit révélée par l’effet boomerang des sanctions économiques, l’apparition d’un nouveau bloc économique avec une Chine posant des actes d’équidistance entre l’Ukraine à laquelle elle envoie du secours populaire, et la Russie dont elle approuve le besoin de sécurité. Le débranchement des banque russes du réseau financier mondial SWIFT et la réponse du Président Poutine sous forme d’instruction donnée aux débiteurs russes de payer leurs dettes envers leurs créanciers des pays « hostiles » en rouble (même si ces dernières étaient libellées en dollar), ont mis en relief le caractère complexe des relations économiques et financières internationales et les risque encourus par les banques impliquées dans des relations de « correspondants » pouvant dérégler durablement l’économie mondiale via des faillites bancaires possibles.

Conscients de cette fragilité, les pays en cause vont certainement revoir leurs dispositifs de commerce et de finances respectifs. Même si les choses en restaient là, rien ne sera plus jamais comme avant. La dépendance de l’Europe au gaz et au pétrole russe est désormais considérée par celle-ci comme une menace économique dont il urge de se débarrasser. Le recours au pétrole vénézuélien jadis banni, est envisagé pour alimenter l’Europe, et de la même manière, les mesures « carbone » pour l’élimination des rejets CO2 semblent ne plus constituer une priorité. Au plan économique et financier le conflit et les sanctions prises conduisent à la création et au renforcement de nouveaux blocs économiques comme le RCEP, centrés sur la facilitation de transactions commerciales entre pays adhérents avec des infrastructures de paiement comme le CIPS chinois créé pour concurrencer le SWIFT. La Russie pourrait se tourner vers ce système alternatif à l’avenir. Enfin la spéculation sur les matières premières dont les volumes financiers sont sans rapport avec l’économie réelle, amplifiée par les diverses techniques de couverture des agents économiques contre les évolutions imprévisibles des prix de transaction (dérivés de crédit) se révèle être une menace dont il est difficile de mesurer le potentiel de déflagration en cas de crise majeure.

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Au plan militaire, La décision de l’OTAN de se limiter aux sanctions économiques, nourrissent un sentiment d’insécurité devant se traduire dans un futur proche par des politiques de réarmement national, déjà annoncées d’ailleurs en Allemagne et au Japon. Concernant l’Afrique, son implication dans la crise est quelque peu marginale. Les effets de la crise russo-ukrainienne sont contrastés selon les pays. L’embargo sur le pétrole russe et le refus des autres pays producteurs d’augmenter leur production a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande, source d’envol du prix du baril favorable aux pays producteurs. Cette configuration est favorable au Nigéria producteur, mais défavorables aux pays africains importateurs avec un effet de diffusion rapide sur l’ensemble des économies via le renchérissement de l’énergie. En dehors du pétrole, les importations africaines sont dominées par les céréales qui représentent près de 30% de l’ensemble des importations en provenance de la Russie, notamment le blé, et les produits alimentaires dont la tendance haussière des prix a débuté avec la pandémie du COVID.

A l’ère des grands bouleversements mettant aux prises des blocs économico-politiques puissants, de nouvelles fissures voient le jour sur la route de l’union économique, avec la création du G4, sorte d’excroissance de l’Union Africaine avec le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et l’Algérie. Faute d’en savoir plus, il faut noter que la création d’un gazoduc entre le Nigéria et l’Algérie est annoncée dans un futur proche. Le Sénégal doit quant à lui, faire face aux effets induits de cette crise, en particulier la hausse de la facture énergétique dû au pétrole cher, la hausse persistante des prix des produits alimentaires du fait du ralentissement de la production mondiale déjà entamée avec le COVID, dont l’effet sera de solliciter davantage de subventions publiques.







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