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Le Daaka A VÉcu

Le Daaka A VÉcu

Le froid glacial cède petit à petit à la chaleur à mesure qu’approchait la clôture lundi de l’édition 2022 du Daaka de Madina Gounass. 

Une foule compacte de fidèles a pris d’assaut l’immense terre-plein de l’espace dédié à la prière finale, elle-même ponctuée d’intenses dévotions déclamées par de savoureuses voix entonnant le Coran. 

A 9 heures, Thierno Amadou Tidiane Ba, khalife de l’illustre fondateur du Daaka apparaît dans une saisissante sobriété. Les pèlerins, massés dans une impeccable discipline ajustent sans bruit leur posture. 

Le tableau qui s’offre aux yeux est un régal de beauté tant l’harmonie des mouvements épouse les sourates psalmodiés avec vigueur et énergie. Cette prière est très prisée ici au Daaka. 

A elle seule, la retraite forestière résume les quinze jours de pénitence, de sobriété et de privations dont ont fait montre les fidèles venus de partout du Sénégal et d’ailleurs. 

Loin des villes et de ses attributs d’urbanisme, ils s’adonnent au récital du Coran, aux prières surérogatoires et au recueillement. Ils abandonnent le superflu. Et s’abandonnent au rituel de purification que permet cette retraite inédite. 

A l’origine, le fondateur du Daaka El Hadj Thierno Mamadou Saydou BA, privilégiait une telle pratique d’isolement pour mieux accomplir sa soumission divine

Une solitude que le saint homme a cultivée dans les années 40 au cœur d’une épaisse forêt qui servait alors de refuge.

Il n’avait pas plus d’une dizaine de compagnons autour de lui à l’époque. La retraite spirituelle gagne en notoriété. 

Le marabout s’entoure de fidèles qui propagent ses enseignements dans de lointaines contrées. La parole du religieux convainc plus de monde. 

Ses adeptes qui se ressemblent s’assemblent. Progressivement. Le Daaka grandit. Et les affluences grossissent à chaque édition. Sa mort n’entame pas la détermination des fidèles. 

Ils voient en Thierno Amadou Tidiane BA, le continuateur légitime. Son physique, son large savoir et sa vaste culture islamique font de lui le dépositaire attitré de l’héritage paternel. 

Tout le monde est logé à la même enseigne : sans opulence ni ostentation. Les gens puissants, les gens modestes, les personnes renommées et de nombreux coreligionnaires lui reconnaissent une autorité morale bien assise. 

Rares, ses sorties sont scrutées et tout un chacun cherche à s’inspirer des actes discrets qu’il pose et qui lui valent respect et une inépuisable considération.

La ferveur religieuse au Daaka reste intacte. Elle s’adapte aux contextes sans perdre sa justification ni sa mission ou son unicité.

Les pèlerins ne se différencient pas. Ils s’efforcent plutôt de surmonter les disparités et les écarts sociaux en vivant dans une parfaite harmonie.

Le viatique n’est autre que le retour à Dieu par une redécouverte de soi pour espérer la grâce divine et la paix intérieure. 

Le cœur léger, les pèlerins entonnent des Chœurs en guise d’aurevoir dans une clairière essentiellement composée d’hommes. 

Des hommes de dieu débarrassés de vanité et d’égo, se plient à l’impératif de labeur pour cueillir les fruits de l’effort.

 Petit à petit le Daaka se vide de ses pèlerins et renoue avec son cachet naturel. Les espèces animales retrouvent la Nature dans sa pureté…







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