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Intervention De La Bourgeoisie Russe En Ukraine Ou La Douloureuse Naissance Du Monde Multipolaire ?! (opinion)

Intervention De La Bourgeoisie Russe En Ukraine Ou La Douloureuse Naissance Du Monde Multipolaire ?! (opinion)

Par Diagne Fodé Roland

Le 24 février 2022, le monde s’est réveillé au son des coups de canons, cette fois de la Russie en Ukraine et non de l’OTAN coutumière des guerres hégémoniques des USA flanqués des vassaux de l’UE depuis leurs agressions barbares en Irak renvoyée à « l’âge de pierre » 1990, puis 2003, en Yougoslavie démembrée en 1999, en Afghanistan en 2001, en Côte d’Ivoire en 2010, en Libye en 2011, en Syrie en 2012/13, au Yémen en 2014 agressé par l’Arabie Saoudite avec des armes de l’OTAN, au Sahel avec leur occupation militaire par l’armada française.
 
Comment en est-on arrivé là ? Quel sens donné à l’opération militaire Russe ? Quelle position révolutionnaire pour les luttes de libérations nationales et les luttes des classes ?
 
Comment en est-on arrivé là ?
 
Malgré les dénégations mensongères des impérialistes Occidentaux sur leurs promesses à Gorbatchev, l’OTAN n’a fait que s’étendre vers les frontières d’une Russie dont les frontières ont été remodelées par l’implosion de l’URSS.
 
Les « révolutions de couleurs » ont complété les marches guerrières de l’OTAN vers les frontières de la Fédération de Russie englobant quasiment tous les pays de l’ex-camp socialiste d’Europe et même certains qui composaient l’ex-URSS.
 
Mensonges sur mensonges, aidé en cela par le monopole sur les moyens d’informations de l’Occident impérialiste, ont accompagné ce remodelage d’un monde dominé par la toute-puissance des USA et de leurs alliés de l’UE.
 
C’est ainsi que leur totalitarisme médiatique a fait gobé les faux « charniers de Timisoara », les «  couveuses débranchées » du Koweit, le « massacre de la place Tian-amen », les « purifications ethniques en Yougoslavie », les « armes de destruction massive d’Irak », les « élections truquées de Côte d’Ivoire », le « massacre de Benghazi » et aujourd’hui après leur soutien à l’esclavagiste Dalaï Lama du Tibet, « les camps des Ouighours en Chine » et les « pro-démocraties à Hong Kong » en fait des partisans du néocolonialisme Anglais.
 
La propagande impérialiste prenant bien soin de cacher à l’opinion publique ses ingérences directes dans ces « révolutions colorées » financées par des milliardaires comme Soros, ces façades « démocratiques » de la CIA que sont la New Endowment For Démocratie (NED) ou l’USAID. C’est ainsi que Victoria Nuland du département des affaires étrangères US a carrément insulté « fuck UE » alors qu’elle nommait carrément des ministres Nazis dans le gouvernement post-coup d’état de 2014 en Ukraine que les médias impérialistes Occidentaux euphémisaient en « révolution du Maïdan ».
 
Intégration à l’OTAN/UE et russophobie sont les deux points centraux du programme des putschistes fascistes Ukrainiens soutenus par l’Occident impérialiste libéral.
 
La mondialisation du programme unique libéral est la stratégie politique de l’hégémonie mondiale des USA flanqués de l’UE. C’est ainsi que Thatcher, Reagan, le père Bush aussitôt suivi par Mitterrand ont lancé la formule « there is no alternative au libéralisme » comme unique politique économique qui leur assurait la domination sur la planète suite à la restauration du capitalisme en URSS.
 
En Géorgie, puis en Ukraine, les impérialistes US et de l’UE se sont alliés avec les Bandéristes, c’est-à-dire les fascistes qui se réclament des Nazis Ukrainiens qui, comme les Vlassoviens (Nazis Russes), ont été défaits par la grande guerre patriotique des peuples soviétiques qui a vaincu les SS hitlériens en plantant le drapeau rouge sur le Bundestag en 1945.
 
Souvenir douloureux pour les peuples d’URSS qui ont subi 27 millions de morts pour vaincre la machine de guerre des barbares fascistes contre leur patrie socialiste. Et voilà que dans un silence assourdissant des médias « démocratiques » Occidentaux, les fascistes au pouvoir en Ukraine interdisent le parti communiste, brûlent les maisons des syndicats, suppriment le droit à la langue russe et bombardent les Républiques antifascistes du Donbass (le chiffre de 14.000 morts, enfants, vieillards, familles est avancé par plusieurs sources crédibles) qui exigeaient le droit à leur langue russe et une forme fédérale de l’État Ukrainien rendant légal leurs droits démocratiques linguistiques et culturelles.
 
Devant l’acharnement des Nazis Ukrainiens contre les populations du Donbass, la bourgeoisie Russe a décidé de mettre fin au cadeau fait par Krouchtchev à l’époque soviétique à la République Soviétique d’Ukraine dans le cadre de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) en lui offrant la Crimée.
 
Les « accords de Minsk » garantis par les parrains de l’UE (les Etats Allemand et Français) ont entériné les deux premiers points à savoir l’abrogation des lois russophobes qui constituent environ 40 % des 44 millions d’Ukrainiens et la forme fédérale reconnaissant l’autonomie des Républiques du Donbass et en implicite l’acceptation de la réintégration de la Crimée à la Fédération de Russie. Les Nazis Ukrainiens avec la complicité des « garants » de l’UE vassaux des USA ont systématiquement saboté l’application des dits « accords de Minsk ».
 
Aveuglés par leur arrogance, les Nazis Ukrainiens et leurs parrains impérialistes des USA et de l’UE ont ignoré les multiples mises en garde du pouvoir de la bourgeoisie Russe pensant manifestement qu’elle n’oserait pas agir. L’impérialisme US se permettant même d’installer en Ukraine, donc aux mains des Nazis Bandéristes, des laboratoires de guerre bactériologique et chimique.
 
Or les signes de la détermination de la bourgeoisie Russe ont été d’abord de stopper la provocation lancée par la bourgeoisie néocoloniale Géorgienne pro-OTAN en la corrigeant militairement et en reconnaissant en 2008 l’indépendance de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie, puis la Russie bourgeoise vole au secours de l’État national Syrien attaqué par des djihado-terroristes protéiformes de Daesh, Al Qaïda, Al Nostra dont le ministre des affaires étrangères français, L. Fabius, disait qu’ils « faisaient du bon boulot » et qui sont financés et armés par les régimes fascistes des pétrodollars qui massacrent le Yémen alors que, prompts à donner des leçons, les « médias démocratiques » d’Occident impérialiste regardent ailleurs.
Poutine, le bourgeois qui n’est pas « aussi fou » que ne veut le faire croire la propagande de guerre des impérialistes, chef de l’État capitaliste Russe, a manifestement décidé de renverser la table pour en finir avec la duplicité de ses « partenaires » Occidentaux et avec les provocations des fascistes Ukrainiens en lançant le 24 février dernier son « opération militaire spéciale » pour, dit-il, « démilitariser et dénazifier l’Ukraine ».
 
Quel sens donné à l’opération militaire Russe ?
 
La « guerre du golfe » de 1990 à 1991 a annoncé la fin du monde bipolaire de la dite « guerre froide » entre les camps impérialiste et socialiste et l’avènement du monde unipolaire de la « fin de l’histoire » sous l’hégémonie des USA remorquant l’UE dans toutes leurs guerres sous l’égide de l’OTAN et dans la destruction des conquêtes sociales intérieur dans leurs propres pays et des conquêtes indépendantistes des pays extérieurs.
 
L’actuelle guerre défensive de la bourgeoisie Russe contre l’avancée de l’OTAN vers sa frontière avec l’aide des Nazis Ukrainiens annonce l’avènement du nouveau monde multipolaire et le déclin de l’hégémonisme US/UE.
 
Lors de la défaite du camp socialiste d’Europe, la nouvelle bourgeoisie restauratrice du capitalisme dans l’ex-URSS s’était compradorisée sous Eltsine en confiant au « grand frère » US et UE les rênes des politiques libérales pour privatiser l’économie russe socialisée. Se sont ainsi emparées des pans entiers de l’économie de l’ex-URSS à la fois les Monopoles impérialistes US et de l’UE, en particulier allemands, mais aussi la bourgeoisie Russe que les Occidentaux appellent « oligarques » pour la différencier de la bourgeoisie occidentale.
 
Le saccage prédateur sauvage des Sovkhozes, des Kolkhozes, des industries et services socialisés a réveillé le nationalisme de la bourgeoisie renaissante russe qui s’est scindée en deux fractions : compradore liant son destin à la mondialisation sous hégémonie US/UE et nationaliste qui rejette toute soumission pour sa part du gâteau et cherche pour le moment à briser l’hégémonie US/UE.
 
La base matérielle industrielle, agricole, scientifique et technologique créée par le socialisme sous l’URSS met à la disposition de la nouvelle bourgeoisie tout ce qu’il faut pour faire d’elle une potentielle concurrente à l’oligarchie bourgeoise impérialiste US/UE. Mais pour cela, il lui faut mettre le holà à l’hégémonie arrogante des impérialistes dominants qui se sont mis à agir avec la Russie post-socialiste comme ils l’ont toujours fait avec les peuples opprimés colonisés et néo-colonisés.
 
Pendant que la bourgeoisie Russe se réapproprie son économie nationale tout en cherchant à se faire de façon indépendante une place dans une économie mondiale contre l’hégémonie des impérialistes US/UE, d’autres bourgeoisies nationales à l’instar de l’Inde, du Brésil, de la Turquie, de l’Iran prennent aussi le même chemin bien qu’aussi tiraillées entre soumission et indépendance.
 
Ajoutons à cela le fait que les pays rescapés du camp socialiste comme Cuba, la Corée du Nord, le Vietnam et la Chine qui optent toujours pour l’édification du socialisme résistent aussi à l’hégémonisme US/UE et à leurs diktats libéraux. De nouvelles expériences étatiques antilibérales, anti-impérialistes, patriotiques comme le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie et récemment le Pérou, le Chili, le Honduras, etc se frayent aussi difficilement un chemin vers l’indépendance nationale.
 
L’Afrique, comme on le voit en Centrafrique, au Mali, le Nigeria qui résiste à l’ECO/CFA de Macron/Ouattara, le rejet à l’Union Africaine (UA) de la trahison du peuple Palestinien martyre face à l’insidieuse pénétration du sionisme israélien, les résistances africaines contre les « accords de partenariat économique (APE)» avec l’UE qui dépouillent les économies africaines de toute protection, la montée des mobilisations populaires contre la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique, cherche à rejoindre l’axe contre l’hégémonie spoliatrice US/UE.
 
Toute cette évolution anti-hégémonique des peuples et des Etats face aux USA/UE est consécutive à l’émergence de « l’économie de marché socialiste » sous direction du Parti Communiste Chinois (PCC) qui est en train de supplanter sur les plans économiques, scientifiques et technologiques les USA/UE. La Chine populaire offre par exemple une alternative de financement des économies autre que le monopole parasitaire rentier qu’avaient jusqu’ici les Institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale et OMC), notamment avec la « nouvelle route de la soi ».
 
La pandémie du covid qui sévit depuis 2020 a mis en exergue aux yeux du monde l’impotence et l’inefficacité sociale, médicale, éthique, scientifique, technique, économique et politique de la « gouvernance » bourgeoise de plus en plus fascisante du capitalisme occidental pilleur. Ce que confirme le vote quasi unanime à l’Assemblée Générale de l’ONU condamnant le Nazisme, mais que seuls les USA et l’Ukraine ont refusé alors que l’UE, le Canada et l’Australie se sont abstenus.
 
Pour pérenniser son hégémonie mondiale, l’impérialisme US/UE s’est de plus en plus lié au fascisme protéiforme comme complément du totalitarisme libéral. La fascisation est une tendance du capitalisme en période d’aggravation de la crise systémique dont l’objectif immédiat est ici de diviser le mouvement ouvrier en fabriquant idéologiquement un « ennemi intérieur » par la négrophobie, l’arabophobie, la rromophobie, l’islamophobie, l’hispanophobie comme on le voit ouvertement dans l’UE et les USA où les partis et mouvements fascistes ont maintenant pignon sur rue.
 
La fabrication de « l’ennemi extérieur » sert à chaque pays impérialiste à justifier les guerres pour détruire les pays indépendants laïcs avec l’aide des fascistes wahhabites et salafistes et s’emparer des matières premières stratégiques que sont le pétrole et le gaz. Pour cela « l’ennemi communiste » d’antan a été remplacé temporairement par « le choc et la guerre des religions, des cultures, des civilisations » théorisé aux USA, adopté dans l’UE et singé dans les néo-colonies.
 
A ce formidable développement socio-économique, scientifique, technologique, culturel et politique de la Chine Populaire sans colonisation, ni esclavage des autres peuples vient s’ajouter l’intervention stratégique de la Russie bourgeoise une fois débarrassée de l’illusion d’un « partenariat à égalité » avec les impérialistes Yankee et de l’UE comme on le voit en Centrafrique, au Mali, en Géorgie, en Syrie et aujourd’hui en Ukraine.
 
Quelle position révolutionnaire pour les luttes de libérations nationales et les luttes des  classes ?
 
Même si l’exigence de la paix est nécessaire et fondamental, de même que la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, il faut aussi prendre conscience de la nouvelle remise en cause en cours du monde unipolaire imposé par les « maîtres du monde » étasunien et européen. Le monde ne pouvait pas continuer à vivre sous la férule de la « raison du plus fort est la meilleure » des impérialistes Occidentaux. Et la bourgeoisie Russe en est arrivée à la conclusion que pour être respectée par ces « partenaires » et futurs concurrents US et UE, il fallait opposer la force à la force pour bien faire comprendre que le monopole de la brutalité n’est pas qu’Otanienne, même si Poutine la définit comme « réparatrice et protectrice».
 
Une fois dénazifiée et démilitarisée, la solution démocratique du droit à l’autodétermination du peuple Ukrainien que les Bolcheviks, en bons démocrates communistes, avaient mis en avant pour fonder démocratiquement l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) sera le test majeur pour savoir quel rôle la bourgeoisie Russe entend jouer dans le nouveau monde multipolaire.
 
La peur de la guerre nucléaire que distillent à volonté les chiens de garde médiatiques dont le monopole totalitaire s’est illustré par la honteuse censure de la télévision russe RT et le journal Sputnik dans tous les pays occidentaux du Canada, l’Australie, USA et de l’UE n’est qu’une expression du déclin accéléré des hégémonistes barbares US et UE conscients que le véritable ennemi pour eux est le puissant communisme chinois.
 
Une fois l’Ukraine dénazifiée et démilitarisée, les grands monopoles impérialistes états-unien et européen vont être confrontés à l’équation suivante : comment faire pour couper l’alliance objective entre la Russie bourgeoise et la Chine communiste ? Ou encore, tirant les leçons de l’échec de la stratégie US qui fait de la Russie bourgeoise l’épouvantail menaçant pour vassaliser l’UE sous le prétexte de son parapluie nucléaire « protecteur » Otanien, les pays impérialistes européens vont-ils prendre le chemin de l’indépendance nationale ?
 
Bien entendu, la bête impérialiste Otanienne blessée va chercher à prendre sa revanche bien que son ennemi principal restera la Chine et les autres rescapés du camp socialiste (Vietnam, Corée, Cuba) dont l’orientation socialiste – communiste est un cauchemar pour les milliardaires euro-états-uniens.
 
La seconde phase de la libération africaine ainsi que les peuples des pays d’Amérique du Sud et d’Asie qui veulent se débarrasser de l’oppression multiséculaire de l’impérialisme euro-états-unien doivent se saisir de l’opportunité qu’est l’avènement progressif du nouveau monde multipolaire pour arracher leur indépendance nationale et mettre fin au système prédateur néocolonial libéral dans lequel les ont enfermés les impérialistes hégémoniques du monde actuel unipolaire qui va vers sa fin.
 
Quant aux révolutionnaires, aux communistes, ils doivent lier la lutte pour la fin du monde unipolaire à la lutte pour le socialisme communiste comme la seule alternative véritable au capitalisme et à son stade suprême l’impérialisme.
Diagne Fodé Roland


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