La quiétude règne dans le pays. Toute chose étant égale par ailleurs. C’est un de ces ingrédients qui fondent l’exception culturelle et démocratique sénégalaise. Le football reprend ses droits. Il a augmenté la sérotonine nationale, l’hormone de l’estime de soi. Jouer balle à terre, c’est l’exact opposé de l’arrogance. Les ateliers de la pensée tentent d’intellectualiser un tant soit peu. La culture est ce qui reste quand on a tout perdu. Elle est la corde quasi-incassable face au torrent de difficultés.
Les épisodes de sérénité sont de plus en plus évanescents. Depuis décembre 82, les plaies de la Casamance ne cicatrisent pas. Les cœurs à l’unisson battent au gré du vent. Le tape à l’œil ne procure pas de preuves d’amour ni d’eau fraîche ni même d’humanité. Le moment est venu de changer de logiciel. C’est le temps du bien. De tout essayer pour ne pas souffler des braises dans le cœur des hommes. Dans la vie, la rencontre des sapiens est un motif impérieux. Les colloques et foras permettent les contacts directs et chaleureux. La cascade de réunions sur le climat, l’eau, les océans est louable.
Toutefois, les tombereaux de discours sur fond de petits fours n’ont pas encore démontré leur efficacité. Tenter les mêmes choses à chaque fois et s’attendre à un résultat différent, c’est une forme de folie. S’appuyer sur des dinosaures comme Sassou Nguesso, c’est trop classique. L’eau est vitale comme il est vital d’être précis sur le diagnostic. La meilleure façon d’assurer la sécurité de l’eau, c’est de l’économiser en luttant contre son gaspillage. Ça suppose d’abord qu’elle soit disponible. Il faut une grande éducation pour favoriser cette étanchéité. Le choc salvateur sera possible aussi par le respect scrupuleux de toutes les entités vivantes. Pour ce qui nous concerne directement, une mobilisation générale contre l’avancée inexorable du désert doit être immédiatement engagée. Le Sahara qui nous guette était vert et humide.
7 milliards et demi d’êtres humains, 9 millions d’espèces du vivant, 3000 milliards de végétaux sont interdépendants. Homo Sapiens a intérêt à mettre de l’eau dans son breuvage. À défaut, la nature finira par le broyer.
Changer ou périr. La diète salvatrice au détriment du filet d’eau tiède. L’autre anomalie, c’est le Mali. Empêtré qu’il est entre le marteau de la guerre asymétrique et les professionnels putschistes et l’enclume du régime de sanctions de la communauté économique. On s’y perd aussi avec les structures sous-régionales. Qui prennent des sanctions à géométrie variable et finissent par en déconsidérer certaines. On est en face d’une véritable usine de gaz. Peut-être qu’à Accra en sommet extraordinaire, la CEDEAO va sauver la face. Rien de ce qu’elle a envisagé ne s’est passé comme prévu. Les Maliens se sont entichés de Goïta et consorts. Le problème sur place est plus complexe que la tenue d’élections.
Arrêtons de penser à la prochaine élection au détriment de la prochaine génération. Le gâchis est immense en Afrique. Particulièrement dans la zone sahélienne. On a tous eu un pincement au cœur en voyant sur ITV les familles entières arrivées du Niger errant dans Dakar le jour sur fond d’obole et de mendicité. Et se posant à la nuit tombée, au pied des murs face au canal de la Gueule tapée. C’est ici leur appartement, leur cuisine, leur latrine. C’est une crise humanitaire. Et un échec global. La mal-gouvernance, la corruption, la concussion font ami avec la misère crasse et la grande pauvreté. Ça brise le cœur pour un dossier à traiter à hauteur d’homme. Nos sociétés ont été largement désarticulées par les expéditions coloniales. Le sultanat de Zinder en pays haoussa bien avant le 19eme siècle était une entité florissante. L’âge d’or est fini. Le Moyen-Age peut bien ressurgir. Les politiques ne donnent pas encore l’eau à la bouche.