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Le Pont Du Soldat Assane Maguette DiÉdhiou

Le Pont Du Soldat Assane Maguette DiÉdhiou

Naturellement le grand pont de Foundiougne mérite de porter le nom de Nelson Mandela, une des plus grandes figures de l’histoire universelle et une des plus grandes fiertés de l’histoire africaine. Le pont de Foundiougne est la meilleure façon de déboulonner Faidherbe, en le faisant par le béton en lieu et place des mots, comme Diamniadio est en train de le faire avec le Dakar du capitaine Protêt. Il faut déconstruire et tourner la page coloniale par le béton, pour écrire notre propre histoire moderne dans la pierre. Le Parthénon et le Colisée sont les plus grands témoignages de la grandeur de la Grèce et de Rome.

Après avoir immortalisé Mandela qui est déjà immortel, le Sénégal devrait aussi immortaliser le soldat Assane Maguette Diédhiou, tombé en Casamance il y a quelques jours, et dont la famille a «vécu un drame sans fin», pour citer Le Quotidien, en payant sans doute le plus lourd tribut à la guerre.

Le pont de Marsassoum mériterait de porter le nom du soldat des commandos mort, les armes à la main, en défendant la patrie et dont le père a été aussi assassiné par le Mdfc en 1998, pour avoir refusé d’être «enrôlé par la rébellion».

En plus, deux des frères récemment tombés au champ d’honneur, ont servi dans l’Armée, dont l’un est décédé sous les drapeaux durant sa durée légale et l’autre après sa «libération» de l’armée, nous apprend Le Quotidien dans son article qui m’a fait penser au grand film de Steven Spielberg, il faut sauver le soldat Ryan, quand l’Armée américaine envoie un commando derrière les lignes ennemies pour sauver le soldat Ryan, dont tous les autres frères sont morts lors du débarquement de Normandie et qu’il fallait sauver le dernier membre de la fratrie encore vivant.

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La famille Diédhiou, comme celle du soldat Ryan, a payé un si lourd tribut à la guerre pour l’honneur et l’intégrité territoriale du Sénégal, comme cette autre famille américaine qui perdit 5 frères lors de la guerre de sécession.

Informé de la mort des cinq frères au front, le Président Lincoln prit sa plume pour adresser une lettre à la mère des soldats à Boston. «Chère Madame, les rapports du ministère de la Défense viennent de m’apprendre que vous êtes la mère de cinq fils morts, tous au champ d’honneur. J’imagine combien serait vain et inutile le moindre mot de ma part pour essayer de vous distraire du chagrin causé par une si grande perte, mais je ne peux m’empêcher de vous rappeler la consolation que vous pourrez trouver dans la gratitude de la République pour laquelle ils sont morts.

Je prie pour que notre Seigneur apaise la douleur de votre affliction et vous laisse le temps de vous souvenir de vos fils et de la fierté bien fondée et solennelle d’avoir fait un si précieux sacrifice à l’autel de la République.» Lincoln avait envoyé une lettre, mais la gratitude de notre République envers la famille Diédhiou, qui a payé un si lourd tribut, doit être gravée dans le béton.

C’est pourquoi le pont de Marsassoum mérite de porter le nom de ce soldat, pour lui rendre hommage ainsi qu’à toute sa famille. Cette famille incarne le drame de cette guerre pour les populations qui sont les principales victimes du Mfdc qui, par une stratégie de la terreur faite d’assassinats et d’exactions, les chasse de leurs villages pour s’adonner librement et impunément à l’économie criminelle de guerre depuis des décennies, sans que l’Etat ne réagisse sous prétexte de négociations pour préserver une situation de ni guerre ni paix qu’on appelait diplomatiquement l’accalmie, jusqu’à ce que le rapt de nos soldats mette fin à cette drôle de guerre qu’était l’accalmie qui consistait en fait à détourner le regard ou à fermer les yeux sur les activités criminelles du Mfdc.

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La semaine dernière, je vous parlais de la fin du Mfdc qui a commencé quand la demande insistante de Diamacoune qui, faisant du témoignage de la France son cheval de bataille, obtint gain de cause.

La fin du Mfdc est irréversible parce qu’en plus de son combat qui n’a aucun fondement historique et qui est devenu un anachronisme politique, l’Etat a apporté la bonne réponse à la vraie question : le désenclavement. Plus la Casamance se rapproche par les infrastructures (pont de Farafegny), les avions et les bateaux, plus le Mfdc devient anachronique. En résumé, le Mfdc a apporté une mauvaise réponse à une vraie question (l’enclavement et la discontinuité territoriale). L’Etat est en train d’apporter la vraie réponse (désenclaver et sécuriser).

Par manque d’infrastructures et à cause de l’écran territorial gambien, les Casamançais disaient : «Je pars au Sénégal», car Dakar était si loin ; mais aujourd’hui Dakar n’a jamais été aussi proche parce que les infrastructures, le transport aérien et maritime ont réglé la question de la discontinuité territoriale, comme les Américains l’ont fait avec l’Alaska. Aujourd’hui, la Casamance est passée de l’enclavement à pont d’intégration régionale entre la Gambie et la Guinée-Bissau.

C’est notre devoir de ne jamais oublier ceux qui sont allés jusqu’au sacrifice suprême pour qu’il en soit ainsi, en partant des premiers comme le Lieutenant Gadio, Ignace Dioussé et Amadou Coly Diop, jusqu’au dernier, Assane Maguette Diédhiou. C’est leur sacrifice qui a garanti l’intégrité du territoire car malgré le principe proclamé de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation que nous avons dans la charte de l’Oua/Ua, l’Ethiopie a été amputée de l’Erythrée, le Soudan du Sud a été détachée du Soudan.

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