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La RÉpublique Ne S’habille Plus !

Le mariage est sans doute l’événement le plus important dans la vie d’une jeune file. Une fête unique dans leur existence à l’occasion de laquelle elles se font belles, élégantes et raffinées dans leurs habits de lumière. Pour ce coup-ci, paradoxalement, c’est plutôt un divorce qui est fêté. On pourrait appeler ça : « Divorce Party ! ».

Ce divorce dont l’anniversaire est célébré en grande pompe chaque année, c’est l’accession d’un pays à l’Indépendance. Après plusieurs siècles de mariage avec le « maitre-blanc » ou le colonisateur français, il est de bon ton que Dame République organise des festivités pour marquer chaque année la date de son divorce. « Divorce Party », ce drôle de concept est une sorte d’enterrement de vie maritale, sur le même principe que le traditionnel enterrement de vie de jeune fille.

De fait, au Sénégal, durant les années 60, 70 et 80, Dame-République se parait chaque 04 Avril de ses plus beaux atours pour célébrer son indépendance. Une indépendance déclarée, pour le meilleur et pour le pire. Nul doute pour le meilleur dès lors que la fête du 04 avril constituait un grand jour ou l’unique jour pour Dame-République de porter sa belle tenue d’apparat voire sa robe d’indépendance. Partout à Dakar, le drapeau sénégalais flottait au-dessus des édifices publics ou sur les façades et les balcons des différents immeubles et édifices publics. Sans oublier les grandes artères de la capitale où les drapeaux ornaient les terrasses et les vitrines des boutiques, restaurants et autres grandes surfaces.

Au niveau de la zone industrielle comme le long de la route de Rufisque, les drapeaux « vert-or-rouge » du Sénégal indépendant étaient partout plantés devant les sociétés ainsi que dans les jardins et parkings. Derrière ces fleurons industriels habillés aux couleurs de la nation, patronat et syndicat manifestaient la fierté de l’industrie sénégalaise à travers des repas d’entreprise. On se souvient également des sociétés telles que Sotiba-Simpafric, Sibras, Cafal, Seven-Up, Sips etc. ; qui se distinguaient de par les très nombreux drapeaux accrochés sur leurs murs.

De même que les autobus de la Sotrac sur lesquels flottaient les bannières, fanions et drapeaux de la République. Toute une décoration tricolore livrée aux regards des automobilistes, usagers et piétons à la veille de 04 avril de ces années-là ! La corniche ouest de Soumbédioune n’était jamais en reste puisque lampadaires et drapeaux rivalisaient de couleurs et de lumière, histoire d’accueillir la célèbre traditionnelle course de pirogues ou « régates » organisée par feu El Hadj Ameth Diène. Donc ô combien les drapeaux nationaux étaient déployés, agités, arborés, hissés, plantés, salués et portés partout à Dakar à l’occasion de la fête de l’Indépendance.

Mais aussi à l’intérieur du pays aux fins d’habiller en toute beauté Dame République. Ce, en attendant le grand jour c’est-à-dire le gigantesque défilé civil et militaire qui se trouvait être le point d’orgue de toutes ces célébrations et décorations. Aujourd’hui, rien de tout cela ! Aucune liesse populaire, aucune apothéose tricolore pour fêter et célébrer notre souveraineté nationale.

Les rares drapeaux accrochés sur les poteaux sont à la gloire de la bande à Sadio Mané ou des Lions de la Téranga qui viennent de se qualifier à la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Hélas ! En cette veille de fête, la République ne s’habille plus aux couleurs du Sénégal !







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