En guise de préambule : ne serait-il pas temps de parler de fête nationale de la communion et de la solidarité ? Continuer à évoquer l’indépendance, perpétue le fait colonial dans nos esprits et nos comportements, puisque le gouvernement sénégalais se substituant alors au colon français. Nous devons nous astreindre à construire l’État sénégalais et le célébrer, forts des initiatives résilientes qui consolident les voies qui nous mènent vers une réelle émergence.
Le discours traditionnel délivré à l’occasion du 4 avril par notre président de la République avait en cette circonstance un aspect particulier, lié à sa concision, sa précision sémantique et la clarté de ses objectifs, ce qui était devenu rarissime ces dernières années. Macky Sall a pu, adossé au thème dédié à cette célébration, « forces de défense, de sécurité et résilience », dérouler un discours martial et très militaire…
Faisant état de l’implacable et nécessaire mise à niveau de notre armée nationale, ce qu’aucun responsable militaire ne conteste, il a déclaré aux Sénégalais, que le Sénégal se tenait prêt à faire face aux semeurs de morts et de troubles qui sévissent en Casamance notamment, aux pilleurs de nos ressources et à tous leurs complices, qu’ils soient particuliers ou étatiques, suivez son regard. Il a dit aussi, à d’éventuels agresseurs que nous sommes prêts à en découdre, Wagner ou pas Wagner. « Nous avons les capacités de neutraliser toutes sortes de menaces d’où qu’elles viennent » a-t-il asséné, l’œil ouvert et le sourcil froncé… Voilà pour la séquence « forces de défense et de sécurité ».
Mais c’est surtout la séquence « résilience » qui a été forte et prospective, appelant à la protection des entreprises et à la production locale, qui doivent ensemble, devenir la force de frappe de notre économie. Parce que justement, « résilience » devra rimer avec « indépendance », et qu’il est devenu urgent de mettre fin au règne des fournisseurs de notre économie, pour créer celui des industries, agricoles, agronomes, culturelles ou de services.
Pour le président Macky Sall, notre résilience commence par le relèvement drastique de notre production locale et de notre consommation locale, pour assurer notre souveraineté alimentaire et, ce n’est pas pareil, notre sécurité alimentaire. Il en appelle de fait à un changement radical de paradigme, d’abord culturel et ensuite économique.
Culturellement, il est temps que nous fassions notre mue, ne serait-ce qu’en donnant plus de valeur à nos modes d’habillements traditionnels, à nos matières naturelles et à nos capacités créatives en matière d’ameublement par exemple, secteur envahi par des fournisseurs rattachés à des intérêts étrangers.
Et si la pandémie de la Covid-19 avait eu en fin de compte des effets secondaires positifs pour nous mener à exercer des révolutions comportementales, qui nous mènent à une réelle indépendance économique, même si ce n’est pas demain la veille ? Comme ne dit pas l’adage : « Continuons le début, ce n’est qu’un combat ».
Il serait souhaitable que la crise mondiale, les effets de la Covid et de la guerre en Ukraine, aboutissent à une mobilisation générale pour accroitre et valoriser davantage nos produits agricoles, d’élevage et de pêche. Le chef de l’État a eu raison d’affirmer que « l’indépendance n’est pas l’acte isolé d’un jour, mais un combat permanent, qui se gagne également sur le front de la sécurité alimentaire. C’est ce qui ajoute à la souveraineté nationale un surcroit de liberté. Il nous faut produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons ». Chiche ?
Nous ne pouvons plus être les otages de structures comme l’Unacois, qui se goinfrent de nos insuffisances en matière de production, qui se contentent de redistribuer des produits manufacturés ailleurs, parce qu’un pays qui se respecte ne peut être tenu en état de dépendance par un bataillon de fournisseurs, qui freinent des quatre fers pour que surtout rien ne change.
Notre port ne peut servir qu’à juste remplir nos ventres et équiper nos maisons. Nous avons les moyens de notre indépendance économique et de notre résilience. Pour que « France dégage », nous devons cesser d’importer même nos fripes et autres « feug jaay ». Pour qu’Auchan s’en aille, nous devrons créer « Senchan », ce n’est qu’une question de volonté politique.
L’heure du réveil a sonné pour indiquer la voie à suivre : produisons et consommons local. Monsieur le président, à vous de donner le « LA ». Ou sinon, ce sera « l’Hallali ».