Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Le Peuple Contre La DÉmocratie

Le Peuple Contre La DÉmocratie

Il m’a semblé important de partager ce livre passionnant de Yascha Mounk, car ce jeune politologue et professeur à l’université de Harvard nous interroge sur la crise de la démocratie libérale. Dans son ouvrage, «Le peuple contre la démocratie», il nous fait comprendre que la démocratie libérale qui semblait acquise dans les sociétés occidentales est aujourd’hui fragilisée. L’élection de Donald Trump, et d’autres présidents, (en Turquie, Hongrie, Pologne,) constitue une réelle menace puisque ces derniers sapent nos droits fondamentaux. Son essai repose aussi sur le fait de savoir si ce mouvement est durable ou non.

Dans sa thèse, on assiste à une montée fulgurante du populisme et leurs discours simplistes qui font mouche. Il indique que l’attitude de Donald Trump et son programme, dits de manière très simple, sont efficaces pour toucher tout le monde. Une fois au pouvoir, il tente de démanteler toutes institutions qui les contredisent. Même si, le populisme est par essence démocratique, le risque qu’il se transforme en dictature est grand.

L’auteur indique que dans de nombreux pays, les jeunes ont davantage à se définir comme radicaux. Au deuxième tour des élections présidentielles en France, près d’un jeune sur deux a voté Le Pen contre un cinquième des personnes âgées. Il existe un autre phénomène aux USA où 48% des électeurs blancs ont voté pour Donald Trump.

Selon Yascha Mounk, le désintérêt des jeunes de la démocratie peut provenir du fait qu’ils n’ont jamais vécu dans un système différent. L’exemple de la Pologne en est une parfaite illustration. Ce pays, où la transition démocratique était la plus réussie, s’est transformé en mini dictature. Un Polonais sur deux pense que la démocratie est un mauvais système. Mounk considère que pour certains, la communication numérique entretient la démocratie parce qu’elle permet de critiquer les gouvernements non démocratiques et même de les expulser (Tunisie, Egypte…) ou de coordonner les manifestations.

A LIRE  IL N’EXISTE AUCUNE PREUVE DU VIOL IMAGINAIRE D’ADJI SARR

Pour d’autres, elle a des effets néfastes puisqu’elle réduit les garde-fous comme pour la campagne de Trump. Il note aussi que les réseaux sociaux ne sont ni bons ni mauvais pour la démocratie… Il pose l’hypothèse que le ralentissement du niveau de vie des citoyens débouche par la crainte du futur et ces derniers se tournent vers le populisme.

 La question de l’identité est un facteur non négligeable, selon Yascha Mounk. En effet, on pourrait penser que les populistes ont plus de succès dans les zones où l’immigration est forte mais, ce n’est pas le cas ; ils ont un succès dans les zones où l’immigration est faible. Les zones d’immigration sont généralement dans les grandes villes, composées en majorité de résidents jeunes, ouverts d’esprit et qui ont une opinion libérale en matière d’immigration.

Etre au contact des immigrés leur a permis de les connaître, au-delà des préjugés. Il nous explique que les natifs américains et européens appréhendent l’immigration de masse parce qu’ils craignent d’être une minorité ethnique. La démocratie de type libérale est-elle mortelle ? Beaucoup de pays sont devenus moins démocratiques car leurs dirigeants se disent représentants du peuple et ils ont le vent en poupe. Leur système dictatorial ne les empêche pas d’améliorer la situation économique de leur pays. La Turquie est le bon exemple. Vivre en démocratie est un grand privilège et peut-être que la démocratie qu’il nomme «illibérale» comme la Hongrie, la Pologne ne durera pas longtemps.

En tout état de cause, ce livre mérite d’être partagé et doit figurer dans beaucoup de bibliothèques car, Yascha Mounk nous livre une analyse passionnante et prospective sur la liberté et la démocratie dans ce monde en ébullition. Il nous rappelle tout simplement que la démocratie est mortelle et que «la servitude volontaire», chère à Etienne De La Boétie, est toujours d’actualité.

A LIRE  « Nous sommes la floraison d’un même printemps » (El Hadj Hamidou Kassé)







Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *