Dans le film « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre », la réplique d’Obélix fait mouche, « Sont fous ces Égyptiens, on leur demande de s’écarter, puis eux ils restent derrière. »
Après avoir perdu la finale de la 33e Coupe d’Afrique des Nations, le 6 février à Yaoundé, le Sénégal devient la nouvelle bête noire de l’Égypte. Les Pharaons n’iront pas taper dans le ballon Al Rihla le 21 novembre à Al Thumama Stadium.
Obélix a raison ! Les Égyptiens n’en démordent pas, ils ne veulent pas lâcher l’affaire, ils restent derrière, ils espèrent jouer la coupe du monde : la Fédération égyptienne de football réclame aujourd’hui une qualification directe au Mondial eu égard à des actes de déloyauté des supporters sénégalais.
Dans mon édito « L’Occident doit mourir », je soutenais que l’affaire des lasers au stade Abdoulaye Wade marquait la fin de la Terranga « banania ». Voilà ce que raconte, selon moi, l’affaire des lasers.
Le sport, c’est aussi une affaire géopolitique, comme nous le savons tous. Ce match traduit deux changements sociopolitiques essentiels reliés entre eux :
L’une sur le plan des mentalités. La négritude de Senghor était idéologique pour affirmer la conscientisation de l’être noir et la fierté de l’être dans un contexte colonial. Ce mouvement intellectuel s’était édulcoré sous l’effet du néocolonialisme. Aujourd’hui, sous l’impulsion des jeunes, l’Afrique noire donne un nouveau souffle à la négritude, voire une deuxième vie. Dorénavant, l’Africain subsaharien entend se faire respecter par les Européens, mais aussi par les Africains du Nord, tous deux à l’origine de l’esclavage des Noirs. Le laser, c’est une arme psychologique visant à déstabiliser l’adversaire et à lui dire : « Œil pour œil, dent pour dent. » La loi du Talion ne sied pas avec cette fin du ramadan. Cependant, la naïveté n’est plus de mise. La confiance en soi, héritée de la négritude, est un moteur indispensable pour la renaissance africaine. Le sentiment anti-français s’inscrit dans cette bascule mentale. Les Africains prennent conscience qu’ils peuvent construire leur avenir tout seuls.
L’autre sur le plan de l’émergence. Les nations subsahariennes s’affirment comme des nations gagnantes. Je compare la victoire du Sénégal, à celle de la bande de Platini dans les années 80. La France ne gagnait rien dans les sports collectifs. L’Allemagne, ultra dominatrice, surclassait les Bleus, comme naguère lors de nos confrontations militaires. Et le déclic est venu. Le TGV est arrivé, les innovations aussi. C’est ce qui attend le Sénégal. Le nouveau stade de Diamniadio l’illustre, critiqué pour son coût pharaonique, mais tout aussi utile que le Monument de la Renaissance africaine pour concrétiser le Sénégal de demain : un Sénégal triomphant. Parfois, ce processus peut commencer par le sport. La crise du Covid-19 a aussi été déterminante dans les opinions publiques africaines. Malgré un système de santé performant, le Covid-19 terrassait aussi des Blancs, ils étaient vulnérables comme les autres.
Certes, les méthodes des supporters sénégalais sont discutables. N’oublions pas tout de même que nous sommes dans le monde du foot ; les chants, à quelques rares exceptions près, ne sont pas du niveau des poésies de Senghor dans le monde entier. Le supporter n’a jamais été l’homme du fair-play par excellence. La négritude, d’ailleurs, avait été accusée d’être raciale, mais finalement sans être raciste. Alors, le laser, peut-être est-il déloyal, mais sans être considéré comme le facteur décisif de la victoire des Lions. Le laser n’est qu’une étape intermédiaire avant d’accéder au respect.
Les trois matchs disputés par le Sénégal ont été hégémoniques face aux Égyptiens. Les scores étriqués traduisent assez mal cette domination des Lions sur le terrain. Et puis, a-t-on fait perdre un match de football contre une équipe dont les supporters ont, en direction de joueurs d’origine africaine, hurlé des cris de singe ? Et toutefois, dans ce cas présent, des sanctions exemplaires devraient être prononcées par les instances du football.
Soyons sérieux les Égyptiens ! À la prochaine confrontation avec le Sénégal, n’utilisez plus en premier les lasers ! Il est fini le temps où l’Africain subsaharien se laisse faire, et baisse la tête. Réfléchissez-y avant de commettre l’imparable face aux ancêtres de la civilisation égyptienne !
La momie de Cheik Anta Diop ne finira pas de hanter les Égyptiens d’aujourd’hui ! L’Afrique noire est de retour pour le bien du football mondial et de l’humanité.
Vive les Lions !