Plusieurs semaines après le déclenchement de l’offensive sur l’Ukraine que le président russe, Vladimir Poutine, a promis de « démilitariser » et de « dénazifier », la question continue de diviser le continent.
Pour des raisons qu’ils n’ont pas encore explicitées, de nombreux pays du continent ont voté contre la résolution condamnant la Russie, tandis que d’autres se sont abstenus ou n’ont tout simplement pas envoyé de représentant à la séance. Le sujet divise également la société.
Souverainisme chatouilleux
La violence des joutes verbales sur les réseaux sociaux révèle des contradictions susceptibles de déboussoler les plus jeunes. Que de principes chers aux peuples anciennement colonisés foulés aux pieds ! Que de compromis avec soi-même et avec sa conscience !
Pour valider la conquête militaire de l’Ukraine et de la Crimée, certains n’hésitent pas à remettre en cause le principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation, adopté dans les années 1960 par l’OUA pour prémunir l’Afrique de toutes sortes de conflits liés aux ressources.
D’autres, naguère intransigeants sur le droit des peuples africains à disposer d’eux-mêmes, ne s’offusquent pas des ingérences de Moscou dans les élections d’autres pays au point de tenter d’imposer à Kiev des gouvernements « pro-Russes ». Tous ont le souverainisme chatouilleux quand il s’agit de leur propre pays, mais, par solidarité avec les Russes, ils contestent à l’Ukraine le droit de signer des alliances avec l’Otan ou d’adhérer à l’Union européenne.
Que dire de ces opposants qui risquent la prison pour avoir exercé leur liberté de manifester mais qui, dans le même temps, soutiennent un pouvoir russe privant l’opposant Alexeï Navalny de sa liberté pour les mêmes raisons ?
Grand malaise
De nombreuses incohérences et surtout, un grand malaise résultent de tout ça. Particulièrement quand on observe que le soutien à Vladimir Poutine transcende les partis. Qu’ils soient issus des différentes majorités au pouvoir ou des oppositions autoproclamées progressistes, les admirateurs tonitruants du président russe ont remporté la bataille de la communication et tentent de réduire au silence toute contradiction.
Regarder la télévision et lire les journaux papier ou numériques peut laisser croire en l’existence d’une empathie pour l’agresseur, laquelle s’accompagnerait d’une parfaite indifférence aux souffrances d’Ukrainiens bombardés et jetés sur les routes de l’exil.