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Robert Fogel, Khadim Bamba Diagne Et Macky Sall

En 1993, le Nobel d’économie avait été décerné aux Américains Robert W. Fogel et Douglass C. North. S’agissant des recherches les plus connues de Fogel (1926-2013), elles portent, entre autres, sur le «rôle du chemin de fer dans le développement économique aux Etats-Unis».

Si le Sénégalais Khadim Bamba Diagne planchait vraiment sur les investissements structurants, le discours économique du Président Macky Sall sur le chemin de fer au Sénégal devrait attirer son attention au moins autant que le petit Train bleu (1987-2003) devenu Petit train de banlieue (Ptb) en 2003 avant de muter en Train express régional (Ter). Là au moins il boxerait dans la même catégorie que son défunt collègue américain Fogel plutôt que de se contenter de polémiques stériles sur la rentabilité ou non du Ter au bout de 100 jours seulement. C’est qu’au bout de 100 jours, le Ter peut être considéré comme rentable ou pas si les 3 milliards engrangés sont supérieurs ou pas aux charges ayant permis de les récolter dans la période. Question à Khadim Bamba Diagne inspirée par les travaux de son défunt collègue Fogel : Quel est le coût réel de la mobilité accrue des passagers sur le tronçon Dakar-Diamniadio pendant 100 jours d’exploitation du Ter ?

Question non moins sérieuse : le discours du Président Sall sur le chemin de fer aurait-il échappé à Diagne ? Si oui, en voici quelques passages choisis.

Discours du Président sur le chemin de fer

«L’émergence économique d’un pays n’est rien d’autre que son entrée dans le cercle des grands producteurs et utilisateurs d’acier», écrit le professeur d’économie Makhtar Diouf dans une critique constructive du Plan Sénégal émergent (Pse) remontant à 2014. Il ne fait aucun doute que la réhabilitation du chemin de fer, «moteur éprouvé de développement», ferait déjà de notre pays un gros consommateur d’acier. L’ambition du Président Sall de quadriller le pays par le rail n’est donc pas fortuite.

Réception des navires Aguène et Diambogne (19/02/2015)

Avec plus de 700 km de côtes, le Sénégal doit résolument assumer sa vocation naturelle de hub maritime.

C’est le sens du projet d’extension du Port de Dakar et de celui du port minéralier de Bargny, dont les études de faisabilité sont déjà achevées.

Aussi, sur le volet ferroviaire, nous disposons à présent de l’étude de faisabilité du projet de chemin de fer Ziguinchor-Tambacounda-Dakar, estimé à 506 millions de dollars.

C’est un important projet qui permettra l’interconnexion des régions Sud, Est, Ouest et du Centre, en facilitant en même temps l’intégration avec les pays de la sous-région et l’exploitation de notre potentiel minier et agro-pastoral.

Conférence sur l’émergence en Afrique (18/03/2015)

«Dans sa philosophie et ses modalités de mise en œuvre, le Pse repose plus sur le partenariat que sur l’aide.

C’est pourquoi nous avons adopté une loi sur les contrats de Construction, Exploitation et Transfert (Cet), ou Build, Operate and Transfer (Bot). Cette loi vise à promouvoir les financements innovants des infrastructures publiques à travers le partenariat public-privé.

Nous comptons déjà des exemples réussis dans ce domaine dont une autoroute à péage sur 45 km, et un nouveau projet d’autoroute sur 113 km.

De même, en collaboration avec le secteur privé, nous aménageons actuellement un nouveau pôle urbain sur le site de Diamniadio, à trente kilomètres de Dakar.

En outre, nous lancerons prochainement une liaison ferroviaire par train rapide pour connecter Dakar et le nouvel aéroport international Blaise Diagne en cours de finition.»

Forum sur la coopération sino-africaine (04/10/2015)

«Au titre de la présidence en exercice du Nepad, je souhaite que le partenariat sino-africain intègre davantage les priorités du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) pour la période 2012-2040, dont la mise en œuvre d’ici 2020 nécessite un financement de 68 milliards de dollars.

Ces priorités traduisent notre vision d’une Afrique nouvelle ; l’Afrique des routes et des autoroutes, l’Afrique des ponts et des chemins de fer, l’Afrique des grands barrages et des domaines agro-industriels, l’Afrique des grandes centrales électriques, des parcs industriels et des technologies de l’information et de la communication.»

Pose première pierre MIN&GGP (30/05/2016)

«1. Edifiés à l’interconnexion des voies autoroutières et ferroviaires, ces projets, permettront, à terme, de faciliter le commerce des produits agricoles et alimentaires, avec un impact positif dans la compétitivité économique du Sénégal.

2. En effet, à la croisée de voies ferroviaires, routières et aéroportuaires, le marché d’intérêt national et la gare des gros porteurs, situés à 17 km de l’aéroport international Blaise Diagne, à 25 mn du Port autonome de Dakar, seront forcément, à terme, des points de convergence de tous les acteurs évoluant dans le commerce des produits agricoles et le transport, tant au niveau national que sous régional.»

Forum économique en Pologne (24/10/2016)

«Dans le domaine des infrastructures, y compris l’habitat, nous poursuivons nos efforts à travers la densification de notre réseau routier avec 33 projets majeurs en cours, dont deux autoroutes à péage.

Nous avons aussi un important projet de réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako au Mali, sur 1200 km, en plus d’une ligne de train rapide sur 50 km, entre Dakar et le nouvel Aéroport international Blaise Diagne qui est en phase de finition.»

Lancement du Ter au Cicad (14/12/2016)

«1. L’histoire du chemin de fer au Sénégal remonte au 19e siècle, avec la ligne ferroviaire Dakar-Saint Louis, inaugurée en 1885.

2. Ce chemin de fer, à écartement métrique, sans doute moderne à son époque, a fait son temps.

3. Il s’agit de réaliser un chemin de fer à traction électrique, moderne, rapide et à écartement standard ; le premier en Afrique de l’Ouest.

4. Et ce ne sera pas fini, parce que nous comptons aussi relancer la ligne ferroviaire Dakar-Tambacounda-Bamako, avec le même écartement standard que le Ter.

5. Je tiens absolument à la relance du chemin de fer Dakar-Bamako parce que c’est un projet économiquement rentable, un projet intégrateur, qui nous relie au Mali, un pays plus que voisin et frère, auquel nous sommes unis par l’histoire et la communauté de destin.

6. Le chemin de fer Dakar-Bamako date du siècle dernier.

7. Je félicite les ministres des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, le ministre de l’Economie, des finances et du plan et toutes leurs équipes, le Secrétaire d’Etat chargé des Chemins de fer, ainsi que le Directeur général de l’Apix et celui de l’Agence nationale des chemins de fer du Sénégal (…) pour la qualité du travail accompli.

8. J’invite les futurs usagers du train à visiter la Maison du Ter pour s’informer sur toutes les facettes de ce nouveau mode de transport de masse, se familiariser avec les spécificités technologiques propres au dispositif ferroviaire électrique, au système d’émission des tickets et aux services rattachés à l’exploitation du Ter.»

Conclusion

Si, comme son défunt pair Fogel et le Président Macky Sall, l’économiste Khadim Bamba Diagne s’intéressait vraiment au «rôle du chemin de fer dans le développement économique», il rendrait un bon service à son pays en contribuant d’abord au renforcement des capacités des médias dont il est le «bon client» (plutôt court et imprécis) au cours des dix dernières années.

Concernant le Président Macky Sall, les actes ont fait suite au discours et le pays change structurellement de physionomie depuis le lancement en février 2014 du Pse.







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