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Rapports Des Forces Internes Et Sanctions

Rapports Des Forces Internes Et Sanctions

L’histoire démontre que les sanctions internationales ou bilatérales sont rarement efficaces pour faire plier un régime. Plus de cinquante ans de sanctions américaines n’ont pas réussi à faire tomber les frères Castro. L’Iran est sous sanctions américaines depuis 1979 et le régime des mollahs est toujours en place à Téhéran. Les mêmes sanctions n’avaient pas réussi à faire tomber le Colonel Kadhafi et il a fallu une intervention militaire de l’Otan pour le faire chuter. En Afrique du Sud, le rapport des forces interne entre la majorité noire et la minorité blanche a été plus déterminant dans la fin de l’Apartheid que les sanctions contre le régime raciste de Pretoria. Pour les cas du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, ce sera probablement ce rapport de forces interne qui va être plus déterminant que les sanctions pour sortir ces pays de la crise.

Le Président Obama, qui avait si bien compris que l’instrumentalisation de la peur de l’Amérique était le moteur de la survie du régime des mollahs, des Castro et de la Corée du Nord, avait pris l’initiative de mettre fin aux sanctions et de normaliser les relations. Obama a été ainsi la plus grande menace pour ces régimes, parce que dès la levée des sanctions, les régimes n’avaient plus de bouc émissaire pour détourner la question intérieure vers la menace extérieure. C’est ainsi qu’en Iran, dès qu’il y a eu l’accord sur le nucléaire, la question intérieure est revenue au premier plan avec des manifestations pour protester contre la situation économique et le coût exorbitant des engagements militaires iraniens en Irak, au Liban et au Yémen, alors que le pays vit une situation économique difficile. Cette dynamique sera interrompue par l’élection de Trump, qui jettera à la poubelle la doctrine de la «patience stratégique» de Obama.

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Les régimes militaires au Mali, au Burkina et en Guinée ont la même stratégie que les mollahs de Téhéran ou les Castro, parce qu’ils ont compris que leur survie est dans l’union sacrée instinctive créée par les sanctions, qui fait que toute critique est dénoncée par leurs thuriféraires comme une collusion avec l’étranger, qui fait souffrir le peuple en lui imposant une punition collective. C’est ce qui explique que les régimes militaires de ces trois pays ne veulent pas donner des délais raisonnables pour permettre une levée des sanctions et une sortie de crise. 

L’argument qu’ils invoquent sur la nécessité d’avoir le temps pour rétablir la sécurité avant les élections est un alibi, parce qu’il n’est pas évident que même dans dix ans, ces régimes puissent venir à bout de ces menaces terroristes auxquelles de grands pays comme les Etats-Unis et la France n’ont pas pu trouver de solutions. Et c’est le maillon faible de leur stratégie pour se maintenir au pouvoir, parce que les populations vont vite se rendre compte qu’il n’y a pas d’évolution majeure dans la lutte contre le terrorisme qui est l’alibi de leur présence à la tête de l’Etat.

Comme au Mali, les partis politiques et la Société civile ont commencé à se réveiller en Guinée pour contester les régimes issus des coups d’Etat. Ce réveil des partis politiques et des sociétés civiles sera beaucoup plus efficace que les sanctions de la Cedeao. La democratie se mérite, elle ne s’importe pas et ne s’impose pas de l’extérieur. C’est toute la différence entre la première vague démocratique partie de la Baule en 1990 et qui a montré ses limites, et la deuxième vague partie de Ouagadougou, quand les Burkinabè ont fait une révolution pour chasser Blaise Compaoré. La democratie reviendra beaucoup plus facilement au Mali, au Burkina qu’en Guinée. Le Burkina et le Mali ont de solides traditions démocratiques et comme le montre l’exemple gambien, quand un pays a des traditions démocratiques, dès qu’on extirpe le virus de la dictature ou du militarisme, le pays retrouve ses mécanismes et ses réflexes démocratiques.

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Le Mali a été une des plus grandes démocraties africaines pendant des décennies, avec des élections et des alternances exemplaires alors que le Burkina a été un des rares pays avec le Sénégal à avoir maintenu un système multipartisan après les indépendances. Donc, dans ces deux pays, qui ont des traditions électorales fortes, on peut organiser des élections en moins de 24 mois. 

Faire reculer le terrorisme avant les élections est une douce plaisanterie parce qu’il n’y a pas de limite temporelle dans ce combat asymétrique qu’est la lutte contre le terrorisme et les faits ne prouvent pas qu’un régime militaire apporte un supplément d’efficacité dans cette lutte, en tout cas pas au Mali ou au Burkina.







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