Le 31 juillet 2022, le Sénégal du haut de ses soixante-deux ans enverra à l’Assemblée nationale, cent soixante-cinq de ses enfants pour une durée de cinq ans afin de représenter la Nation tout entière. Placée au cœur de notre démocratie procédurale, cette institution revêt une importance particulière dans la construction de notre pays. Comme le dispose l’article 59 de la Constitution : « l’Assemblée nationale exerce le pouvoir législatif. Elle vote, seule, la loi, contrôle l’action du Gouvernement et évalue les politiques publiques. ». Par conséquent, les élections législatives à venir sont un enjeu majeur de la vie de notre République laïque, démocratique et sociale.
Cela dit, les députés qui vont siéger au parlement, après le scrutin du dimanche 31 juillet doivent être des gens responsables, compétents et rigoureux dans le travail. Car ces futurs législateurs sont appelés à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les invisibles, les précaires, les sans rien, les citoyens de seconde zone.
Mais la récente campagne de parrainage, de dépôt des listes, de compromis, de compromissions, de guerre de position, d’égo, et son lot d’invectives nous donne une idée sur le profil de nos futurs représentants. Cette opération a encore illustré la mesquinerie que représente une grande partie de la classe politique sénégalaise, et les premiers marchands de rêves que l’activisme a changé en héros. Et cela me fait dire que cette flopée de gens n’a aucun projet de transformations politiques et sociales, à part se servir.
La pauvreté qui ôte la dignité de millions de gens. La faillite de l’école républicaine, cette institution qui ouvrait le champ des possibles aux classes populaires. L’hôpital public qui abrège des vies par faute de moyens et d’absence d’humanité. Les pensions de retraite dérisoire, la condition des femmes, les enfants talibés qui paradent dans les rues, les conséquences du coronavirus et du conflit russo-ukrainien sur notre économie extravertie, l’impact du réchauffement climatique dans nos bassins de vie, la crise au Sahel, la gestion des futures recettes du pétrole et du gaz, les inégalités juridiques, les blessures secrètes inscrites dans le corps social, l’intolérance religieuse montante, les insultes à l’égard des institutions de la république. Nos jeunes qui échouent sur les côtes européennes. Toutes ces questions majeures ne les intéressent pas. Très peu d’entre eux sont soucieux d’améliorer les conditions d’existence des populations. C’est triste à dire, mais ces arrivistes, ces gens sans vision ne changeront pas la vie de ceux qui souffrent. Car « nos acteurs politiques sont dépassés par la marche du monde, et surtout n’ayant aucune maîtrise des enjeux de l’heure », comme me le disait avec justesse, mon ami El Hadji Gora Sène, fin observateur de la vie politique sénégalaise.