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Ce Que Je Pense Du 3e Mandat

Dans la suite logique du premier jet d’hier, Mamoudou Ibra Kane aborde avec finesse dans cette dernière partie le style de gouvernance du Top Management du Groupe E-media INVEST dont la fibre professionnelle rejaillit sur les performances. Avec, Alassane Samba Diop, Boubacar Diallo alias Dj Boub’s et Mamadou Ndiaye, ils forment le quatuor des membres fondateurs qui définissent les orientations stratégiques et pilotent avec succès les directions opérationnelles. L’entretien se poursuit avec les questions politiques, économiques et sociales. Tel un médecin, le célèbre journaliste ausculte le Sénégal, établit un diagnostic du patient et lui prescrit une ordonnance qu’il appelle une « Coalition citoyenne ». Et le tout pour esquisser les contours d’un engagement politique. Sonne déjà un « j’y pense », qui résonne comme un « je suis prêt ». Micro off pour ce grand entretien avec le Dg de Emedia Invest. Suite et fin.

Quels sont les grands moments qui vous ont marqués dans la marche du Groupe ?

D’abord permettrez-moi de saluer l’esprit qui prévaut au sein du Groupe. Très vite nous avons posé des jalons, esquissé des approches et dégagé des actions. Chacun de nous, en fonction de son domaine de prédilection, occupe une activité et la remplit avec bonheur. Emedia est le fruit d’une réflexion approfondie qui a abouti à une conclusion. C’est un projet auquel nous autres, les professionnels-je veux parler d’Alassane Samba Diop, Mamadou Ndiaye, ma modeste personne, Boubacar Diallo DJ Boub’s, un des piliers de la visibilité du groupe-, avons collaboré. En plus, un homme de culture également, Hamidou Sall, écrivain et poète, connu et reconnu, y a participé, ainsi que Sidy El Mactar Samb qui a entrepris et a fait de radio Nostalgie un succès avant de se muer en iRadio, une radio généraliste. Cette ambiance gagne tous les échelons de responsabilité. Si bien que Emedia s’enracine dans le paysage par une touche distinctive qui lui vaut la reconnaissance des pairs et l’écoute attentive des partenaires.

Cela dit, nous avons récemment fait un reportage sur la présence massive, tout d’un coup, d’une communauté nigérienne chez nous. Le souci, ce n’était pas de la xénophobie, mais de s’intéresser à la question parce que nous nous sommes dits qu’il y aurait un trafic d’êtres humains derrière. Nous sommes-là en présence d’une information utile, une information solution qui a fait réagir les autorités sénégalaise et nigérienne, et ces Nigériens ont été rapatriés à travers un pont aérien. Il y a aussi notre présence à la coupe d’Afrique des nations de football en 2019, nous venions de naître. Nous avons misé sur le digital et beaucoup de gens nous ont suivis. A mon avis, avec toute l’humilité requise, c’est cette part, ce surplus-là, que nous avons apporté à la presse sénégalaise qui, aujourd’hui, développe beaucoup le digital, et c’est l’avenir. C’est le moment de vous encourager, Babacar Ndao Faye, vous qui pilotez ce segment. Vous voyez en termes de communication ? Nous avons créé la Direction de la communication, du numérique et de l’édition, avec Boubacar Diallo et Mamadou Ndiaye.

Les spectacles, je veux parler du programme divertissements et du relais digital puissant qui nous vaut la reconnaissance du public. Qu’est-ce que ça rapporte ? C’est bien parce que nous sommes des entrepreneurs, il faut bouillir la marmite, il faut payer les salaires. En attendant d’avoir notre propre siège, il faut payer le loyer et toutes les charges, être en règle avec les institutions sociales. C’est le lieu de le préciser, aujourd’hui, nous sommes plus ou moins à jour avec l’Ipres. Nous faisons des efforts par rapport aux impôts.

Le Groupe Emedia compte beaucoup de jeunes. Aujourd’hui, quel message vous souhaitez leur envoyer dans ce contexte-là ?

Oui, d’abord le choix de la jeunesse, en disant que c’est elle. L’avenir de ce groupe, ce sont les jeunes. Il y a des aînés qui accompagnent, mais sont en train progressivement de « transmettre le pouvoir ». Mais il ne faut pas se tromper, on a également besoin de tout le monde pour construire cette entreprise. L’aîné avec son expérience, son savoir-faire et son savoir-être est utile, tout comme le jeune avec sa fougue et sa passion, mais accoudé au professionnalisme, à la recherche effrénée de l’excellence. Et puis, quand vous avez une entreprise de ce genre, vous avez tendance à recruter abusivement. C’est vrai, nous avons créé des emplois. Aujourd’hui, il y a plus de 100 permanents, sans compter les contractuels. Emedia, c’est presque 200 hommes et femmes qui y travaillent, la plupart sont des jeunes. Mais il y a ce que j’appelle aujourd’hui cette convergence des différents médias ; il faut que nos employés soient multitâches. On est principalement recruté pour faire la radio, mais ce n’est pas que cela. Il faut aussi être à la disposition de la télé, du journal et du site. Et puisque nous allons vers une numérisation des médias, nous devons être plus efficients. En un mot, nous misons sur des ressources de qualité et sur l’efficience pour être plus compétitif dans un environnement qui est extrêmement concurrentiel.

Aujourd’hui, vous sentez-vous plus chef d’entreprise que journaliste ou l’inverse ?

(Rires). Les deux. Même si, en tant que manager, j’accorde de moins en moins de temps à l’exercice de ma passion, je suis quand-même présent à travers quelques rendez-vous. Il faut aussi, dans une entreprise, que les tâches soient bien reparties, même si le personnel doit être multitâches. Parce que, comme je l’ai dit, il y a les contenus, mais également ce personnel doit être motivé, et mis dans le confort car il croit au projet de Emedia avec beaucoup de patience. C’est le lieu de rendre hommage au personnel de Emedia qui s’est sacrifié. Nous avons traversé des moments difficiles, je fais allusion à la pandémie de Covid-19 qui a amené les travailleurs à suspendre leur prise en charge médicale. C’était un moment difficile où les gens avaient besoins de soins de santé, mais il fallait faire ce choix douloureux mais guidé par la volonté de préserver l’entreprise. Mais par la grâce de Dieu, nous y sommes arrivés et à l’occasion de la fête du 1er mai, avec la direction générale, il a été décidé de reprendre la prise en charge médicale. Cette reprise est importante car, pour que le travailleur soit productif, il faut qu’il soit en bonne santé et surtout qu’il se sente sécurisé. Donc, ce sont des choix difficiles. Sinon Mamoudou Ibra Kane reste Mamoudou Ibra Kane. Mais quand on pilote une entreprise, on est au confluent de beaucoup de dangers, de beaucoup de responsabilités, émanant aussi bien de l’entreprise que de l’environnement externe. Il faut rester droit dans ses bottes, considérant simplement que c’est dans l’ordre naturel de l’évolution des êtres. Demain, on se retrouve à un autre niveau et il faut l’assumer. Je pense que nous sommes aujourd’hui à ce stade-là.

Peut-on s’attendre à ce que Mamadou Ibra Kane s’engage dans la politique comme on l’a constaté aujourd’hui, avec beaucoup de nos confrères ?

Mais c’est une bonne chose ! D’abord, je parlais d’évolution des sociétés humaines. Moi, j’aimerais bien qu’on me convainque que l’économiste peut faire la politique, l’avocat idem, le médecin la même chose et qu’on me dise que le journaliste ne peut pas faire de la politique. Et je pense d’ailleurs que c’est un peu ignorer l’histoire politique du Sénégal avant de parler d’autres expériences. Moctar Kébé qui a été ministre dans le gouvernement de Abdou Diouf était, à la base, journaliste. Abdou Latif Coulibaly est l’exemple que nous offrons le plus souvent ; il est Secrétaire général du gouvernement du Sénégal. Il y a aujourd’hui des plus jeunes qui sont également dans le champ politique. Je ne dis pas cependant qu’il faut en faire une obsession. On est journaliste tant qu’on exerce le métier. Et comme disait l’autre : « Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir. »

Il y a quelques années, au Burkina, on a vu, Beyon Luc-Adolphe Tiao, un journaliste formé au Cesti devenir Premier ministre. Vous allez en Grande Bretagne, l’actuel Premier ministre, Boris Johnson a été, à la base, un journaliste. L’ancien Premier ministre du Mali, également, Soumeylou Boubèye Maïga était un journaliste. Et le journaliste, la plupart du temps-il faut se mettre à sa place aussi-, c’est une réalité incontestable. Faiseur de roi aujourd’hui, mais pourquoi pas roi demain ? C’est légitime. Il y a des journalistes qui peuvent être compétents, qui peuvent diriger un pays. Pourquoi ça devrait être l’apanage d’un administrateur civil, d’un avocat ou d’un inspecteur des impôts et des domaines, d’un médecin et ça ne devrait pas être le cas pour un journaliste ?

Mais est-ce que ça vous tente réellement ?

Je répondrais oui et non. Nous sommes dans une République et ce sont les citoyens qui font de vous un président. Si vous avez cette intention-là, et moi je ne l’exclus pas, c’est que vous devez avoir une offre. Je vous donne un exemple, aujourd’hui nous sommes à la veille des élections législatives qui seront âprement disputées le 31 juillet prochain. Nous voyons les coalitions qui se créent. Au départ, 300 partis politiques et nous nous sommes tous plaints. Mais il y a quelque chose de positif que nous sommes en train de remarquer, même si nous avons 300 partis politiques, ce sont des blocs qui sont en train de se constituer. Chose inédite qui risque d’arriver pour la première fois depuis longtemps à ces législatives du 31 juillet, on aurait autour d’une dizaine de listes. En 2017 nous étions à 47. C’est une bonne chose que d’aller vers des regroupements. Si les uns et les autres sont sincères dans leur volonté d’aller vers des fusions, il faudra aussi voir comment fusionner.

Vous avez la coalition Benno bokk yaakar qui a tenu le plus longtemps possible, comparée à ses prédécesseurs. Une coalition de la majorité, mais dont le défi aujourd’hui est d’éviter peut-être l’usure du pouvoir. Les résultats des prochaines élections nous diront si cette coalition Benno bokk yaakaar sera en mesure de convaincre les Sénégalais qu’elle peut encore donner quelque chose de nouveau, qu’elle peut encore aller plus loin que ce qu’elle a fait jusqu’ici avec la perspective de 2024.

Est-ce que 12 ans ne suffiraient pas aux yeux des Sénégalais pour réaliser une autre alternance ? Cela, c’est un point d’interrogation. Vous prenez la coalition Yewwi askan wi avec un jeune, Ousmane Sonko, mais aussi avec quelqu’un de moins jeune, Khalifa Sall, et les autres. Mais une coalition qui a été obligée de nouer une alliance avec une autre coalition, Wallu Sénégal, dirigée par l’ancien président, Abdoulaye Wade. Est-ce qu’on peut faire du neuf avec du vieux ? Aar Sénégal avec Thierno Alassane Sall, Abdourahmane Diouf et j’en passe, qui présentent des visages qui peuvent séduire une certaine opinion. Ce sont des gens qui ont une certaine valeur mais encore que ce n’est pas toujours suffisant en politique. Mais moi, ce que je remarque pour en tirer la conclusion, c’est que j’ai envie de dire- comme pour « Le roi est mort, vive le roi »-, que « l’anti système est mort, vive le système ». L’antisystème a du mal à se réaliser.

N’est-ce pas finalement le réalisme politique qui a eu raison de l’antisystème ?

Ce que je n’ai pas encore vu, et je pense que c’est le cas de beaucoup de Sénégalais, c’est que la coalition citoyenne est encore attendue. Une coalition qui n’est pas dans des combinazione électoralistes. Une coalition en osmose avec les Sénégalais. C’est pourquoi je dis, ce débat entre système et antisystème n’a pas lieu d’être. De toute façon, il y a un système qui peut être remplacé par un autre, et on est toujours dans un système. Le plus important, ce sont les réformes majeures et courageuses que les Sénégalais attendent. Dans le domaine de l’éducation, j’entends souvent Alassane (Samba Diop) dire que ce qu’il nous faut, c’est le Plan Sénégal Education au lieu de Plan Sénégal émergent. Il a raison.

Est-ce que Mamoudou Ibra Kane pense faire de la politique ?

J’y pense, non pas que c’est une obsession, mais parce que je considère qu’un être humain est fait d’étapes et de parcours. Quand vous décidez de vous engager en politique, c’est parce que vous êtes conscients de ce que vous pouvez apporter pour votre pays. Être entrepreneur à la tête d’une entreprise, c’est d’abord une façon de s’engager de manière citoyenne et politique. Si cela doit aller encore plus loin, nous n’excluons rien. Pour qui connaît la démarche que nous avons eue depuis longtemps, c’est dans la méthode, l’organisation mais aussi dans la résolution à attaquer les problèmes de fond. Je pense que les Sénégalais sont en attente de cette offre. C’est pourquoi, je disais tout à l’heure que cette coalition citoyenne, elle manque encore. Je suis sûr qu’il y a des millions de Sénégalais qui pensent comme moi que l’offre qui est mise sur la table n’est pas suffisante. Je donne un exemple. Aujourd’hui, il y a un débat sur la pauvreté avec le gouvernement qui réagit par le biais du cash transfert. Il est dit que dans certaines localités du pays, il y a la famine qui guette. Des ménages qui ne parviennent plus à assurer les trois repas quotidiens. L’État a pensé, de bon aloi, porter assistance à ces populations. Mais ce n’est pas suffisant. Thomas Sankara disait : « Nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. » Il ne faudrait pas que l’on ancre dans la tête des Sénégalais qu’ils doivent être éternellement assistés.

Cette coalition citoyenne est-elle un appel que vous lancez ?

C’est plus qu’un appel. C’est d’abord le constat. Vous savez quand vous lancez un appel, c’est comme si vous obligiez les gens. Il y a une logique trop électoraliste, de part et d’autre. On ne parle que de « je veux garder la majorité », « je veux imposer la cohabitation ». Mais après, c’est quoi le projet ? J’espère, il ne faut pas avoir la prétention d’avoir la science infuse, que la campagne électorale à venir poussera ces différentes listes, ces différents candidats, à justement parler aux Sénégalais, à répondre à leurs attentes. Une Assemblée nationale aussi, il ne faut pas lui donner un rôle qu’elle n’a pas. Les députés, ils votent des lois. C’est vrai, ils contrôlent l’action gouvernementale, ils votent le budget. Justement, il faut aller encore plus loin dans les réformes.

Que peut-on comprendre par votre « j’y pense » ?

Vous voulez que je vous dise oui je suis candidat en 2024. Je ne le dirais pas comme cela parce que ce n’est pas une question d’obsession. Le plus important, c’est d’abord la réponse en termes d’offre aux attentes des populations. C’est la première étape. Deuxième chose, ce sont des Sénégalais et des Sénégalaises qui peuvent penser comme moi qu’il y a le leadership transformationnel qui compte. C’est vrai, on a beau avoir une offre, un engagement, si après, en termes de leadership, il n’y a pas une osmose, effectivement, cette offre ou ce projet de société aura du mal à se réaliser. Non. Je ne dis pas que je suis candidat à l’élection présidentielle de 2024. Je ne le dis pas encore.

Il y a des blocs qui se constituent dans l’échiquier politique. De quel bloc vous identifieriez-vous si vous songiez à plonger dans la politique ?

Je vais reprendre cette citation de Frantz Fanon : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » Je suis du bloc de cette génération et de ces générations actuelles comme à venir qui seraient du bloc de ces citoyens qui sont conscients des enjeux nationaux et internationaux, qui ne sont pas dans la politique politicienne, qui ne sont pas seulement dans la séduction, dans les combinaisons. Et ces Sénégalais, ils sont nombreux, je vous assure qu’ils sont la majorité. Que vont être nos enfants, nos petits-enfants, nos arrières petits enfants ? Quelle éducation nous allons leur donner ? On se plaint de ‘’Dubaï Porta Potty’’, de gens qui coupent des fils d’un Train express régional comme si le Sénégal en était arrivé à une situation où on refusait le développement pour paraphraser Axelle Kabou. Le Sénégal qui est dans un ensemble sous-régional où il y a des menaces de toutes parts. Le terrorisme, le retour des coups d’Etats en pensant qu’ils sont la solution. On parle des mandats cela aussi c’est un débat : 3e mandat, 4e mandat.

Justement, il est parfois reproché à la presse d’avoir une position à deux vitesses sur cette question de 3e mandat concernant Wade et Macky Sall…

Je pense qu’il y a deux choses à dissocier. D’abord, il y a la question qui relève du Droit, je ne suis pas un spécialiste du Droit ni un constitutionnaliste. Le moment venu, il appartiendra aux constitutionnalistes, d’ailleurs qui ne sont pas toujours d’accord, de se prononcer. Il appartiendra aussi, le moment venu, si le Président Macky Sall devrait dire « Oui je suis candidat comme tout le monde ». C’est le Conseil constitutionnel qui statue sur toutes les candidatures, qui les valide ou les rejette. On a connu cette situation avec le Président Abdoulaye Wade qui a été contesté, il faut le dire. Je faisais partie, à l’époque, en tant que journaliste, par mes prises de positions, de ceux qui estimaient que nous avons entendu un Président déclarer : « J’ai limité le nombre de mandats à deux. » C’est ce que les Sénégalais ont entendu. Mais quand il a déposé sa candidature, le Conseil constitutionnel l’a estimé valable. La campagne a commencé. Le Président Macky Sall a choisi d’aller en campagne tandis que d’autres ont préféré occuper la Place de l’Obélisque. Mais nous avons aussi entendu le Président Macky Sall dire que s’il était réélu, ce serait son 2e et dernier mandat, ce serait terminé pour lui. Cela aussi nous l’avons entendu.

Et il y a eu le référendum de 2016 également…

Il y a eu le référendum de 2016 et le journaliste que je suis, je dois rappeler que dans l’émission Le Grand Jury à une autre époque, le Pr Babacar Guèye, constitutionnaliste, qui fait partie des rédacteurs de l’actuelle constitution, celle de janvier 2001, avait dit : « Attention, si rien n’est fait par rapport aux dispositions transitoires on risque d’assister en 2024 au même débat auquel nous avions assisté en 2012. » Il avait été ramassé par les gens du pouvoir comme le professeur Ismaïla Madior Fall qui est également un constitutionnaliste de renom en répétant : « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. » Pour des sachants, on n’interprète pas ce qui est déjà clair. Donc, c’est au Président Macky Sall, et à lui tout seul, de prendre la décision en pesant et en sous-pesant parce qu’on doit toujours mesurer les risques.

Qu’est-ce que vous lui aurez conseillé ?

Je n’ai pas à lui conseiller. Je ne suis pas son conseiller. C’est un Président de la République qui a des informations que moi je n’ai pas. En tout cas, personne n’a le droit de plonger ce pays qui s’appelle le Sénégal, quand on mesure les enjeux de l’heure, dans une situation de chaos, dans une situation d’incertitude, dans une situation d’instabilité. Personne n’a le droit de remettre en cause ce qui a toujours été le ciment de cette nation : le vivre-ensemble.

Vous l’avez évoqué plus haut, cette question d’insécurité alimentaire, particulièrement à Matam, votre région d’origine. Quelle appréciation en faites-vous ?

Cela fait mal au cœur d’apprendre qu’il y a une bonne partie de la population qui est dans une situation de détresse. C’est valable à Matam, en Casamance, à Tambacounda, à Kédougou, à Diourbel et un peu partout au Sénégal. Mais, puisque vous parlez de Matam, le natif du Fouta que je suis a envie de challenger tous ces gens-là, hommes et femmes issus de cette région. Le Fouta, de façon générale, avec toute ses potentialités, comment la famine peut guetter cette région du nord, là où vous avez tout : de l’eau, des terres, des bras valides, une population qui est partie à l’étranger, les fameux émigrés avec certains qui ont fait fortune et qui peuvent investir dans l’agriculture, dans l’élevage, la pisciculture, le maraichage ? Il faut organiser ces jeunes, ces hommes et ces femmes, il faut que l’État aille beaucoup plus loin dans le cadre de sa politique agricole, mais aussi industrielle. En matière d’industrie, le Fouta est un désert parce qu’on ne transforme rien sur place, c’est d’ailleurs cela le paradoxe. Je ne nie pas qu’il y a des Sénégalais qui peuvent être dans la détresse, mais c’est là, à mon avis, qu’il faut challenger ceux qui sont au pouvoir, en l’occurrence le président Macky Sall. Il doit se poser la question de savoir quelle est la cohérence entre les 60 milliards dans une campagne agricole quand, parallèlement, on mobilise 43 milliards pour distribuer de l’argent pour l’achat de vivres.

Quelle appréciation faites-vous de cette année historique pour le football sénégalais, la Can, la qualification au Mondial et quelle est justement la part du sport dans l’entreprise que vous dirigez ?

Le sport occupe une très grande place dans notre société et dans notre entreprise. Nous avons érigé le sport en une rédaction en chef. La plupart du temps, on dit « desk sport ». Le football étant le sport roi, nous avions envoyés presque six agents au Cameroun qui ont couvert cette Can sur toute la plateforme de Emedia. Et la Coupe du monde va arriver, nous sommes en train également de travailler sur une offre avec de grandes ambitions. Il y a des acquis qu’il faut préserver, nous irons à cette coupe du monde avec une équipe très forte mais également avec un contenu. Et de ce point de vue, il n’y a pas de limite. Sinon, le Sénégal a changé en tout cas dans le domaine du sport. Le basket, nous l’avons toujours gagné. Nous avons la lutte, un sport qui est de chez nous. Nous avons gagné la Can et le Sénégal fait partie des favoris de la Coupe du monde. Nous avons un joueur aujourd’hui qui s’appelle Sadio Mané qui est potentiel Ballon d’or. C’est le lieu de dire que tout le monde est en train de jouer sa partition mais je crois que Emedia y a beaucoup joué.

Suite et Fin







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