Après Coris Bank de l’homme d’affaires Idrissa Nassa, qui a réussi le tour de force de parvenir en quelques années seulement à figurer dans le Top 5 des établissements bancaires dans la zone de l’Uemoa — en devançant même les géants marocains qui trustent le secteur comme Attijari-Wafa et la Bank Of Africa —, c’est au tour d’un autre opérateur venu du pays des hommes intègres de créer la surprise.
En s’invitant au banquet des plus grandes banques de ce côté occidental du continent. Du moins dans la partie francophone de l’Afrique de l’Ouest. Sans tambour ni trompette, donc, M. Simon Tiemtoré, patron du groupe Vista Bank, vient de racheter les filiales burkinabé et guinéenne (Conakry) de la Banque nationale de Paris (BNP-Paribas).
Et tandis que les magnats ivoirien et sénégalais Koné Dossongui (propriétaire d’Atlantic Financial Groupe) et Pathé Dione (assurances SUNU) s’apprêtaient à mettre la main sur la pépite que représente la BICIS (Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal) voilà que surgit, dans la position du troisième larron, le banquier burkinabè pour rafler la mise à leur nez et à leur barbe. Et de trois, donc, pour M. Simon Tiemtoré ! Quant à son compatriote Idrissa Nassa en plus de faire partie du Top 5 régional, et l’appétit venant en mangeant, il veut à présent racheter l’établissement Orabank !
Pour dire que les banquiers burkinabè semblent avoir mangé du lion ces temps-ci. Ils ne sont pas les seuls à être dans l’offensive dans l’espace Uemoa puisque la NSIA ivoirienne — qui appartient à un assureur, M. Jean-Kacou Diagou…tiens comme notre compatriote Pathé Dione ! — étend elle aussi ses tentacules dans l’espace sous-régional. Sur les traces de la compagnie d’assurances éponyme. Il n’est jusqu’aux établissements bancaires d’Afrique centrale à venir brouter sur nos terres, à l’image de la BGFI gabonaise. Et si on trouve même une banque mauritanienne qui s’est établie chez nous, les Sénégalais, eux, sont dramatiquement absents de ce jeu de poker régional.
Tout simplement parce que nous n’avons pas de champions nationaux dans ce domaine, à plus forte raison qui pourraient ambitionner de jouer les premiers rôles dans la zone Uemoa. La seule banque à capitaux nationaux dont nous disposons, la BNDE, est un petit poucet au plan local. Quant à la banque Outarde de M. Abdoulaye Baba Diao Itoc, elle est sur un segment de niches. Oh, il y a bien la Bridge Bank de notre compatriote Yérim Sow mais elle peut difficilement soutenir la concurrence avec les poids lourds Burkinabé du secteur, ne parlons pas des géants nigérians et marocains.
La faiblesse du capital national explique notre quasi absence de l’espace bancaire sous-régional où le flambeau sénégalais, en dehors de Yérim Sow, n’est porté que par Pathé Dione encore qu’avec des capitaux majoritairement étrangers. Encore une fois, cette absence reflète tout simplement la faiblesse du capital national, le Sénégal étant plus un pays de fonctionnaires que d’entrepreneurs et les entreprises étrangères y tenant le haut du pavé, les hommes d’affaires locaux étant réduits à ramasser des miettes. On n’est ni charbonniers, c’est-à-dire maîtres chez nous, ni prophètes, ce que l’on ne peut être en son pays. Quand les hommes d’affaires sénégalais se voient souffler leurs fleurons bancaires par des hommes d’affaires burkinabè et qu’ils ne sont même pas capables de monter un établissement bancaire digne de ce nom, c’est qu’il y a à désespérer assurément. Désespérer ? Certainement pas car l’espoir est permis avec la Farba Bank !
Le griot du président de la République gardant des milliards de francs chez lui au point de s’en faire voler un, on peut donc se consoler d’avoir des établissements bancaires méconnus. Et qui pourraient faire bouger les choses dans la sous-région. Vista Bank, Coris, Bank, NSIA Bank et autres établissements, tenez-vous bien car la Farba Bank arrive ! Et, croyez-moi, ce n’est pas pour jouer les seconds rôles…