Site icon Senexalaat

Feminist Radikal ? Waaw Waaw

Feminist Radikal ? Waaw Waaw

Alors comme ça dans ce Sénégal qui se classe dans la liste des 17 pays africains les plus friands de sites pornographiques, il est si difficile d’utiliser les mêmes outils pour savoir ce que sont les féministes radicales ? 

Céy lii ! 

Une suggestion : de temps en temps laissez le sang remonter jusqu’au cerveau. Ça lui évitera la nécrose.

Donc pas de critiques sur le fond ni sur la forme de la tribune ? Seul un jugement de valeur qui n’engage que son auteur ! 

Traiter la loi sur la parité de « connerie (…) instaurée de façon populiste par père Wade », est un peu maigre comme argument. Mais enfin  » la bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours qu’à soi » (La peste, Sartre).

Alors, nonobstant l’idiotie et la vacuité de la diatribe étalée à la face du monde, il s’agirait encore d’éponger les angoisses de castration de quelqu’un dont le nom de plume prête à sourire d’entrée de jeu. Kaccor waay !

Séttétét ndaw lu réy!

Prenons le temps d’expliquer tout cela à cette âme en déshérence.

Comme l’aurait dit la Professeure Fatou Sow, les hommes sénégalais ont pu être communistes, maoïstes, marxistes, trotskistes ou léninistes, socialistes, libéraux etc. et pourtant certains furent de vrais tartuffes, sans avoir à se justifier. Et les femmes devraient se défendre d’adhérer à une idéologie de leur choix, à une philosophie, à une sociologie, à une psychologie, à une médecine qui parleraient essentiellement de leurs expériences d’humains de sexe féminin dans un monde dominé et confisqué par des humains de sexe masculin.

Elles devraient épiloguer sur les moyens de lutte divers et variés utilisés pour sortir de leur ghettoïsation ?! Ajoutons à cela la fourberie de targuer « les féminismes » de notions importées en faisant fi de l’histoire politique mais surtout de l’histoire des femmes de ce pays (Yeewwu Yeewwi première association clairement féministe datant de 1984). Comme si la patate, le riz, le pain, le smartphone ou les bolides V8 sur nos routes défoncées ne l’étaient pas ? Comme si nos ancêtres avaient inventé le costume ou le Geztner, dans lequel ces messieurs, si ancrés dans leur culture n’est-ce pas, volontairement étranglés et en nage, par 40 degrés, se pavanent. Comme si nombre de leurs idées plus farfelues les unes que les autres et dont ils nous abreuvent à longueur de média n’étaient pas le reflet de leur esprit désaxé en orbite. Ce patchwork d’idées incohérentes, venues de la terre entière sauf de chez eux, ou alors vidées de leur essence et de toute logique, et qu’ils voudraient nous imposer en despote. Le fast-track, le B to B, le B to C, le branding, le storytelling, le packaging, le CEO, le executive director ou les objectifs smart sonnent tellement wolof, diola, peul, sérère ou mankagne, pour ne citer que ceux-là ! L’idéologie capitaliste ou néo-libérale qui va avec est-elle vraiment une émanation de nos curaay séculaires…mais enfin bref !

Ëskëy!

Soyons indulgentes car le niveau est tellement bas qu’un peu de pédagogie est nécessaire. 

Les féministes sont d’abord à distinguer des « pick me girl » ou des « pick me women » qui n’hésitent pas à faire feu de tout bois et à manger à tous les râteliers, y compris féministes si ça peut leur servir. Quitte à se retrouver ensuite à masser les vieux os de ces hommes polygames qui croient les sauver. Les effrontées de cet acabit sont bien plus dangereuses que les féministes et savent parfaitement tirer avantage de ces situations sans un regard pour les cadavres sur lesquels elles bâtissent leur vie.

Les féministes, elles, au moins, ont le chic pour « Yàq deal bi ». Elles annoncent la couleur, la crient et vous la hurlent à l’oreille si besoin. Être la bonne dame faussement ingénue qui s’accommodera de toutes vos turpitudes et du sadisme de vos mères et sœurs n’est pas leur projet d’avenir. Loin s’en faut ! Leurs ambitions sont plus grandes même quand leurs talons rayent le parquet. Fini la domestique améliorée corvéable à merci, place à l’égalité absolue ! Rien de moins !

Libérales, marxistes, matérialistes, socialistes, intersectionnelles, panafricanistes, universalistes, différentialistes, afro-féministes, décoloniales, pro-choix etc., ce qui les lie toutes est la radicalité de leur féminisme. Loin d’être extrémistes, elles sont toutes d’accord (que cela soit précisé ou non dans leurs signatures au bas d’une tribune) pour dire que la source de l’oppression des femmes est le système patriarcal qui permet aux hommes de s’accaparer tous les privilèges pour asseoir leur domination. Exactement comme le firent d’ailleurs les esclavagistes puis les colons…Ça donne à réfléchir n’est-ce pas !

Le féminisme radical est donc purement et simplement celui qui, le premier, a dénoncé la source du problème : le système patriarcal. Le patriarcat est donc à la racine du sexisme systémique, des violences ordinaires, des atteintes aux droits les plus élémentaires des femmes, de la négation de leur histoire ou de leurs apports au développement des sociétés, du contrôle de leur corps ou son exploitation (comme dans la pornographie), des violences sexuelles et conjugales, du forçage au mariage comme à l’enfantement, de l’utilisation de leurs enfants pour les humilier, les contraindre ou les atteindre mentalement, du retard de prise en charge médicale sous prétexte d’hystérie (ailleurs on les a même lobotomisées pour s’en débarrasser avec ce diagnostic) ou de la non prise en compte de certaines de leurs problématiques (l’endométriose par exemple)…entre autres. Qui voudrait de cette vie qu’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi. Le féminisme radical ne vise pas l’extinction d’une « race » masculine, mais le renversement du système patriarcal voire la disparition même du concept de genre pour ne plus considérer que des humain.e.s. 

Eh bien oui, il est vrai qu’outre la causticité de nos écrits, nos modes de lutte très créatifs, nos combats aussi nombreux que les femmes sur terre, nos influences ou nos actions très concrètes au quotidien, ont de quoi faire peur à ceux si fragiles dans leur être au monde, si vides de la moindre once d’humanité, si vils, si faux, si petits, si lâches, qu’ils ruent dans les brancards au moindre éternuement d’une féministe.

Pourtant comme l’aurait dit un professeur de philosophie de lycée : « Dieu vous a donné un cerveau, c’est bien pour en faire usage« ; sauf à ne jamais vouloir être distingué de la bête. Auquel cas, votre place n’est pas parmi nous autres humain.e.s, elle est au fin fond de la brousse, restez-y ! Et épargnez-nous vos jérémiades périmées !

Khaïra Thiam et Myriam Thiam, féministes radicales.







Quitter la version mobile