L’Ivoirien Alassane Ouattara va-t-il, en marge du sommet de la Cédéao, ce samedi 4 juin, à Accra, révéler à ses pairs de l’UEMOA le nom du successeur qu’il a choisi pour remplacer Tiémoko Meyliet Koné au poste de gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest ? C’est à lui qu’appartient la décision, puisque, ce poste revient d’ordinaire à la Côte d’Ivoire. Pourquoi, alors, dites-vous qu’il faut en finir avec cette règle ?
Parce que, comme tout monopole, celui-là est un frein à l’excellence. Dès lors que le poste est acquis à un pays, le chef de l’État songe à y caser quelqu’un de fidèle, de malléable, sinon de soumis, plutôt que de s’embarrasser avec un hypothétique meilleur candidat. Dans l’histoire récente de la BCEAO, on a pu, hélas, apprécier les effets pervers de ce mode de désignation. L’institution s’est, de fait, retrouvée au cœur du conflit qui a coûté la vie à quelque 3 000 Ivoiriens. Le gouverneur Philippe-Henri Dacoury-Tabley, désigné à ce poste par le président Gbagbo, avait fini en prison, après s’être vu reprocher d’avoir continué à mettre les facilités financières de l’État ivoirien à la disposition d’un chef d’État censé ne plus en être un.
Il suffit de si peu, pour faire régresser de plusieurs décennies ces institutions qui se jugent également sur leur gouvernance. La solidité de la Banque africaine de développement, par exemple, s’est beaucoup construite sur la saine concurrence entre les postulants à sa présidence, chaque pays s’appliquant à présenter le meilleur profil possible.
Certains pays ne pourraient-ils pas craindre de toujours perdre, dans une compétition ouverte ?
Ceux qui aborderaient la question sous cet angle pourraient aussi bien décréter qu’ils ont définitivement renoncé à former leur jeunesse. Sans compter que même les États réputés indigents du point de vue de l’éducation comptent, à l’extérieur, des cadres bien formés, compétents, qu’ils peuvent proposer comme candidats. Évidemment, autant un pays comme le Sénégal sait promouvoir les meilleurs de ses ressortissants, autant certains pays préfèrent laisser échapper ces postes, plutôt que de soutenir des compatriotes qui ne sont pas de la bonne couleur politique.
Sur le chantier de l’essor continental, chaque peuple se doit de proposer les meilleurs des siens, car l’Afrique ne se construira pas dans le culte de la médiocrité.