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Requiem Pour Une RÉpublique

Requiem Pour Une RÉpublique

Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication.” Jean Jaurès (homme politique socialiste français)

Le feuilleton des prochaines élections législatives au long cours se poursuit. On n’a toujours pas fini avec les listes pour élire des gens qui ne servent à rien. Ils ne servent à rien parce qu’ils n’ont pas le pouvoir de faire. Un député ne sert à rien. Fin de l’histoire.

Christophe Borgel ex-député socialiste français disait de ses collègues : « ils ne servent à rien, au mieux ils voudraient, mais ils sont impuissants, au pire, ils n’en ont rien à faire et ne pensent qu’à leurs gueules ».

Chez nous, la plupart ne pensent qu’à leurs binettes. Pour preuve, le tintamarre qu’ils nous servent parce qu’ils ne sont pas à la bonne place ou parce qu’ils ne figurent pas sur les listes… Pour des gens qui ne serviront à rien c‘est abusé !

 « Rendre un jugement c’est être responsable »

En ces temps de biennale, les sages du Conseil constitutionnel devraient méditer sur le tableau de Gérard David* sur les conséquences de la corruption dans le domaine de la Justice. Sisamnes, un des juges du roi perse Cambyse s’était laissé corrompre, il fut condamné à être écorché vif et sa peau revêtir le siège des futurs juges. Siège sur lequel, son fils juge, devait officier. Rendre un jugement c’est être responsable, tel était le message fort du Roi.

L’Exécutif, avec à sa tête le ministre de l’Intérieur, se comporte en véritable licteur du Conseil constitutionnel, lui indiquant la voie. Ce pays est sens dessus dessous. Organiser une élection devient un challenge hors norme « Confectionner une liste de 53 personnes comportant alternativement un homme et une femmes tous âgés d’au moins 25 ans et sans passé judiciaire » semble être une équation de troisième degré pour les deux plus grandes coalitions du pays. Non contentes d’avoir échoué piteusement, chacune campe sur ses certitudes, brandissant une foule de théories plein la tête pour faire la courte échelle à des argumentaires fallacieux dont ils ont le secret. Que ce soit à la télévision ou sur les ondes des radios, leurs porte-parole défilent, nous envahissent et nous crachent des apophtegmes certes honorables, mais tous loin des vérités de la loi, celles inscrites dans le Code électoral. Chacun exhibe sa vérité, chacun en appelle, avec inélégance à la disqualification de l’autre. Tout ce tintamarre pour une loi, celle du parrainage, maintenue pour les législatives on ne sait trop comment, car retoquée par la juridiction de la CEDEAO lors des locales passées. L’embargo sur le Mali, décrété par la même CEDEAO fut lui respecté en dépit de tout bon sens.

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L’État de droit s’effrite chaque jour un peu plus. Tout porterait à croire que ce parrainage ne serait là que pour se choisir des adversaires à sa main.

À n’en pas douter le parrainage, la parité et le troisième mandat seront les facteurs fossoyeurs de notre paix et de notre démocratie si chèrement acquises. Nos hommes politiques en jouent dangereusement. À force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Quand le temps des comptes viendra, car il viendra, ils ne seront pas là pour en répondre.

« L’incurie des hommes en charge, leur amateurisme a conduit à l’inefficacité du système et finalement aux tragédies. »

L’amateurisme sévit partout : la confection des listes, les incendies dans des hôpitaux, l’incroyable histoire du bébé envoyé vivant à la morgue, des talibés qui périrent dans un incendie à la Médina, la liste des tragédies est longue. L’incurie des hommes en charge, leur amateurisme a conduit à l’inefficacité du système et finalement aux tragédies. Rien ne marche correctement, nulle part. Même le stade flambant neuf de 153 milliards, inauguré en grande pompe il y a juste quelques trois mois et témoin de notre historique qualification pour la Coupe du monde, a connu des défaillances électriques.  La partie a été interrompue et les joueurs se sont plaints du gazon qui par endroits, aurait déjà jauni et ne serait plus de la première fraîcheur.

Le Roi Salomon* l’avait dit « Woe to the land when a slave becomes King ». C’est de notre faute d’avoir confié ce pays à des politiciens qui le mettent en danger. C’est de notre faute d’avoir abandonné le pays à une classe politique parmi laquelle, ceux qui sont dans l’opposition ne rêvent que d’une chose : remplacer ceux qui sont au pouvoir pour pouvoir faire pire qu’eux c’est à dire, mieux qu’eux dans la gabegie, dans le « se servir d’abord ». Ils ne se battent que pour des places à conquérir et faire comme ceux qui s’y trouvent. Nous autres, observateurs qui pensons que nous sommes neutres, assistons Queuillistes* que nous sommes le doigt sur la couture, au lieu de nous engager et d’offrir une troisième voie.

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Ces dix ans de pouvoir ont beaucoup abîmé celles et ceux que je connais, qui avaient des idées nouvelles pour le pays et qui sont réduits, pour ceux qui ne se sont pas tus, à exposer sur Facebook leurs idées novatrices qui hélas, ne recueillent au mieux que des like, au lieu d’être recueillies dans un pot de réflexions communes pour faire avancer le pays. À ceux-là, ceux de mes amis tentés d’abandonner, je leur dirai cette maxime célèbre : la vie n’est pas neutre, elle consiste à prendre parti hardiment… Allons-y gaiement.

Quant au troisième mandat, contrairement à V. Cousin dont V. Hugo disait qu’il parlait clairement, mais pensait obscurément, notre président pense clairement, mais parle obscurément. Sa volonté manifeste de ne pas laisser transpirer ses pensées nous laisse soupçonner qu’il veut plus qu’il ne veut pas. Ses prises de parole volontairement ambiguës, ses rendez-vous pour clarifier ce qui en fait est clair, tout cela sent le coup du père Wade*.

Quoi qu’il en soit, il nous faudra le moment venu faire le boulot : « n’autorisez personne à empiler des mandats pour ne rien faire ». Aucun sauveur d’ailleurs, aucun messie, aucun Zorro, ni aucune cavalerie ne viendra à notre secours, pour balayer devant notre porte, à notre place.

« Faire ce qui est en notre pouvoir et sous notre contrôle »

Pareil pour les vivres. Sachons que personne ne cultivera à notre place, les produits dont nous avons besoin pour vivre. Aller en Russie pour « négocier » l’ouverture des ports ukrainiens, pour acheminer le blé et les engrais en Afrique afin que nous ne mourions pas de faim, est bien triste. Cela relève d’une douce utopie, que de croire que Poutine cédera à ces pleurs. Là où les Macron, Erdogan, et Israéliens ont échoué, on ne voit guère comment Macky pourrait réussir. Avoir comme seul argumentaire, que la majorité des pays africains n’ont pas voté en faveur des mesures de rétorsion de l’Occident contre la Russie, n’attendrira pas le chef du Kremlin. En renvoyant Macky et Moussa Faki se faire les chantres auprès des Occidentaux, pour prêcher l’abandon des sanctions occidentales contre la Russie, Poutine, cynique, leur rappelle ainsi que tout est intérêt, qu’il n’y a point de place pour des sentiments dans les affaires du monde.

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Nous aurions mieux fait, de faire ce qui est en notre pouvoir et sous notre contrôle : nous mettre au travail et produire ce dont nous avons besoin pour vivre. Nous avons les terres, les fleuves, le soleil et les bras.

Ce voyage est la preuve patente de l’échec de l’Afrique à produire ce qu’elle consomme et à ne pas se résoudre à consommer que ce qu’elle produit.

Là encore, il nous faudra lutter contre les tenants de la françafrique et certains leaders africains, pour sortir du franc CFA et disposer d’une monnaie qui reflète notre niveau de développement et qui ne favorise pas les importations. Cela nous sortira de cette zone de confort et nous forcera à nous autonomiser.

Mais cela est encore un autre combat.

Dr Tidiane Sow est coach en Communication politique.

Notes :

Salomon :« Malheur au pays quand l’esclave devient Roi »

Gérard David : Peintre flamand : « Le Jugement de Cambyse » tableau exposé à la salle des conseils de l’hôtel de ville de Bruges. Il représente l’arrestation et l’écorchement vif du juge persan Sisamnes accusé de corruption.

Henri Queuille : Homme politique : « Il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne saurait résoudre »

Abdoulaye Wade : homme politique : Le Conseil constitutionnel avait avalisé la troisième candidature de Wade en 2012

tsow@seneplus.com







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