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Il Faut Cesser De Jouer Avec Le Feu !

Allez, c’est parti ! Ça ira crescendo jusqu’au 31 juillet prochain au plus tôt. Si ce n’est jusqu’en 2022. Jamais dans l’histoire de ce pays, la paix sociale n’était aussi menacée que durant ces semaines précédant les législatives de juillet prochain, elles-mêmes devant préparer le terrain à la présidentielle de 2024.

En plus de la disqualification de la liste nationale des titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi, un autre élément s’est greffé dans ce qui apparait comme un « Mortal Kombat » entre leader de Pastef et la majorité présidentielle. Ousmane Sonko est devenu l’homme à abattre par tous les moyens et avec toutes les armes possibles.

En effet, depuis que l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines s’est engagé en politique et a commencé à engranger des points, ses adversaires n’ont de cesse de l’accuser d’un délit d’origine géographique. Casamançais, il ne peut être qu’un rebelle ! Jusque-là, ça se murmurait. Les gens du pouvoir instillaient cette thèse, affirmant avec aplomb que des combattants du Mfdc avaient activement participé aux émeutes de mars 2021 avant de quitter tranquillement Dakar au nez et à la barbe des forces de l’ordre. Une information alors démentie par des membres des services de sécurité interrogés par Le Témoin.

Bien entendu, dans ce journal, nous n’avons jamais cru à cette fable et l’avions fait savoir à l’époque. Qu’à cela ne tienne, ils n’avaient reculé que pour mieux revenir à la charge. Et depuis la réussite du grand rassemblement de Yewwi Askan Wi à la place de la Nation, le 8 juin dernier, l’arme que constitue la présence de rebelles à Dakar est devenue pour la majorité un thème de campagne. Les affidés du régime ne s’en cachent plus.

A chacune de leurs sorties, il se trouve toujours un parmi eux pour accuser le leader de Pastef d’être de mèche avec la rébellion casamançaise. Rien que durant ce weekend, le maire de Ziguinchor a reçu plusieurs charges des apéristes et de leurs alliés. C’est d’abord le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires et porte-parole du Gouvernement, Oumar Guèye, qui a confirmé, lors d’une rencontre avec la presse, vendredi dernier, une information annoncée non pas par la gendarmerie mais par un confrère qui a été le seul à voir des rebelles à Dakar le 8 juin dernier.

Dans un post largement partagé, il déclarait dans la matinée du grand rassemblement de l’opposition que le rebelle arrêté était en compagnie d’une trentaine de personnes. Une arrestation sur laquelle, curieusement, la maréchaussée ne s’est jusqu’à présent pas prononcée. Au début, on faisait état de rebelles avant que l’on nous parle d’un rebelle arrêté lors de la manifestation du mercredi 8 juin. On ignore s’il était armé de flèche, machettes, couteaux ou de mitraillette. Ou si on le soupçonne juste d’être un Casamançais. S’il a été arrêté a- t-il été entendu par un juge d’instruction en présence de son avocat pour qu’en cas de procès, on ne se retrouve à la case départ ?

Bref, c’est le flou total sur un dossier devenu plus politique que sécuritaire. Pour « tuer » le leader de Pastef, il faut inoculer dans l’esprit des gens qu’il est un rebelle. Bien entendu, personne parmi ceux qui distillent cette idée ne pourra sortir une seule preuve de cette accusation grotesque. Des propos que les éléments du pouvoir issus de cette partie du pays où sévit depuis quarante ans une rébellion se garderont bien de véhiculer. Ce que font ces gens revient à accuser tout Casamançais d’être un potentiel rebelle. Un jeu très dangereux pour la cohésion sociale. Il faut que l’on cesse de jouer avec le feu.

D’ailleurs, le coordonnateur du Forum Civil, Birahim Seck, met en garde contre l’utilisation de ce conflit à un but « bassement » politicien. « Le Gouvernement et ses soutiens doivent faire très attention avec l’utilisation du terme «rebelle» dans une communication purement politicienne. N’est-ce pas, d’ailleurs, le président de la République qui avait demandé qu’on ne parle pas, de manière inconsidérée, du conflit en Casamance? Il faut arrêter de jouer avec le feu et contre les intérêts du peuple.

Le conflit en Casamance ne saurait être un terrain de jeu pour des préoccupations bassement politiciennes », écrit Birahim Seck dans un post sur les réseaux sociaux. Il nous faut arrêter cette connerie consistant à accuser un opposant politique d’être un rebelle tout simplement parce qu’il est originaire d’une région où sévit depuis quatre décennies une rébellion armée. Ceux qui portent cette accusation gravissime nuisent à la réputation d’un homme qu’ils ont eux-mêmes fabriqué et qui leur promet l’enfer au cas où il serait élu à la tête de ce pays. On peut comprendre leur hantise, mais qu’ils ne mettent surtout pas en péril notre commune volonté de vivre ensemble. Il nous faut arrêter cette connerie. Et vite ! Surtout, de grâce, des arguments politiques et non pas des stigmatisations !







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