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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Pour L’intÉrÊt SupÉrieur De Notre Pays

Pour L’intÉrÊt SupÉrieur De Notre Pays

Il arrive souvent dans le parcours d’un être humain que l’appel du devoir l’amène à faire des choses dont il n’a pas forcément envie. Dans la vie d’une communauté humaine, il y a des moments où garder le silence n’est ni courageux, ni responsable. Habituellement, je n’aime pas particulièrement – pour ne pas la rendre acerbe – tremper ma plume dans l’encre trouble de la politique sénégalaise rythmée continuellement de séances sans répit de pugilat verbal et de crocs-en-jambe entre composantes du microcosme. Vouloir décrire la nature véritable de certaines choses ou donner la mesure réelle de certaines situations peut nous amener à paraître irrévérencieux. La vérité ne peut pas cependant s’accommoder de certaines courtoisies.

Flash-back : revenons à 10 ans en arrière

Au soir du 25 mars 2012, alors que dans la plupart des chaumières de notre pays, on se laissait submerger par une frénésie euphorique, le message (sous la forme d’une prière ou d’une simple mise en garde) que j’envoyais à certains de mes amis (parmi lesquels un bon nombre avait soutenu à fond celui qui allait devenir notre quatrième président) était perçu par les moins lucides d’entre eux comme le soupir malvenu d’un rabat-joie ! Pourtant, mes propos qui invitaient à la vigilance disaient simplement à peu près ceci : « Que Dieu nous préserve de nouvelles désillusions et de lendemains qui déchantent ! Nous avions caressé tellement d’espoir en 2000…. ».

Nos mises en garde n’auront pas servi à grand chose. Dans cette sorte d’extase collective, seules quelques rares personnes aux idées encore suffisamment claires – dont notre regretté aîné et ami ABC – avaient daigné réagir positivement à notre avertissement. Mais lui, c’était autre chose ! Nous aurons certainement l’occasion de revenir sur cet homme de grande qualité.

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Les failles d’une démocratie

Ce qui se passe depuis sous nos yeux confirme à souhait ce que beaucoup de démocrates sincères redoutaient depuis l’aube de l’expérimentation de cette forme de gouvernance – à savoir que la démocratie n’est pas parfaite même si elle reste le système le moins mauvais pour régir notre « commun vouloir de vie commune » – pour ne pas dire notre fatalité à devoir vivre ensemble avec certes nos qualités individuelles et collectives, mais aussi (surtout) nos tares et insuffisances ! La démocratie ne nous garantit malheureusement pas le choix d’hommes et femmes irréprochables pour diriger leurs semblables ! Il arrive pourtant trop souvent sous nos cieux que celui qui dirige l’État finit par se confondre avec le pouvoir de cet État en en devenant presque l’alpha et l’omega !

Ne nous voilons pas la face devant une évidence qui crève les yeux : en dépit de réalisations flatteuses sur le plan des infrastructures, notre cher pays voit – à cause d’une situation politique qui va à vau-l’eau – sa vitrine démocratique craqueler de toutes parts. Les tensions politiques – et sociales subséquemment – ne sont plus loin d’atteindre leur paroxysme.

Certains ont peut être besoin d’apercevoir d’énormes nuages de fumée, et des flammes géantes pour se résoudre à appeler au secours, et avec qui un seau d’eau, qui un pot, qui une bassine, tenter de venir à bout d’un incendie dont l’ampleur dépasserait rapidement les moyens dérisoires alignés pour l’éteindre ! Et comme à l’accoutumée dans ce pays où l’on parle plus qu’on agit, les sapeurs pompiers de tous bords arriveraient bien après pour constater les dégâts, comme ces médecins appelés au secours et qui ne se présenteront que lorsque le patient sera passé de vie à trépas ! Les embouteillages monstres et les chantiers du fameux BRT (un autre projet phare qui devait pourtant faire rêver nos compatriotes) qui ont transpercé notre capitale de part en part auront toujours bon dos !

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Nous ne sommes pas de ceux qui ont eu besoin d’attendre le démarrage du tintamarre cacophonique des concerts de casserole en ce lendemain de fête de la musique, et de voir la pollution sonore s’emparer peut-être de la plupart des centres urbains et banlieues du Sénégal pour se rendre compte de la profondeur du fossé entre des acteurs politiques qui ne se parlent plus et qui ont pourtant chacun leur part de responsabilité.

Renouer à tout prix les fils du dialogue : une impérieuse nécessité

Nous faisons partie par la grâce de Dieu des hommes et femmes de ce pays suffisamment équidistants des forces politiques en présence pour être en mesure d’échapper à cette vision manichéenne quasi-maladive ambiante consistant, en fonction de son positionnement, à voir tous les bons d’un côté, et tous les mauvais de l’autre. De part et d’autre de la barrière, nous ne voyons que des Sénégalais, nos concitoyens d’égale dignité.

Nous les conjurons au nom des intérêts supérieurs de notre cher Sénégal à se parler pendant qu’il est encore temps. Les élections pourront bien attendre que les conditions optimales de leur organisation pacifique soient réunies. La paix sociale vaut bien quelques entorses au calendrier républicain.

Disons-nous simplement que ce pays, nous ne l’avons pas hérité de nos prédécesseurs – nos pour en disposer n’importe comment, que nous l’avons juste emprunté à nos successeurs  –  nos enfants à qui nous avons l’obligation de le restituer dans un état meilleur ou à tout le moins égal à celui dans lequel nous l’avions reçu.

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Ceux qui ont en charge la responsabilité de diriger ce pays sont les premiers interpellés. Même dans l’hypothèse où ils auraient eu une action irréprochable à la tête du Sénégal  – ce qui est loin d’être le cas ne serait-ce que parce que toute action humaine est perfectible  – cela ne leur aurait nullement donné une licence pour briser les carrières de celles et ceux qui pensent autrement, ou prendre en otage tout le système en faisant de sorte qu’il ne puisse plus permettre une expression libre et plurielle.

Comme on dit en football  – pour emprunter à la seule activité qui semble apte à nous assurer un minimum de consensus son langage accessible à nos compatriotes jeunes dans leur écrasante majorité  – la balle est dans le camp de ceux qui détiennent encore le pouvoir. Qu’ils veillent à en faire un bon usage avant que la superbe pelouse ne soit transformée en champ de ruines !

Demain pourrait se révéler être bien trop tard !

« Magum waxoon naa ko,moo gënn magum xamoon naa ko » dit l’adage wolof.

Que le Seigneur Miséricordieux continue de veiller sur notre cher pays !







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