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Vague Democratique Et Intermedes Militaires

Le printemps des coups d’Etat que nous avons connu récemment en Afrique de l’Ouest ne pouvait être qu’un intermède dans la deuxième vague démocratique africaine, partie de Ouagadougou quand les Burkinabè ont fait la révolution pour chasser Compaoré.

La dernière rencontre des chefs d’Etat de la Cedeao, qui a décidé de lever les sanctions après avoir obligé les militaires à remettre l’épée dans le fourreau, marque la fin de ce printemps des coups d’Etat. Un printemps aussi bref que le Printemps démocratique de Prague lors de la Guerre froide.

Ce printemps des coups d’Etat ne pouvait être que de courte durée pour trois raisons. Premièrement : à l’exception de la Guinée (coup d’Etat de règlement de comptes), les putschistes au Burkina Faso et au Mali ne pouvaient légitimer leurs actions que par la détérioration de la situation sécuritaire. Au finish, l’arrivée des militaires aux commandes n’a pas amélioré la situation. Au contraire, elle s’est aggravée. Ce qui n’est pas étonnant parce que ce sont les mêmes armées et les mêmes pratiques, avec le même problème congénital, qui consiste à transformer l’armée non pas en un outil de défense du territoire mais à en transformer une partie en une force spéciale surarmée pour défendre un régime et empêcher les coups d’Etat. C’était le cas au Burkina sous Blaise Compaoré avec le Rsp (Régiment de sécurité présidentielle) ou en Guinée avec les forces spéciales du légionnaire Mamady Doumbouya.

Les armées ne peuvent être efficaces contre les djihadistes à cause de ce détournement d’objectif qui a duré des décennies. Le Rsp a été redoutable pour défendre le régime de Compaoré et pour empêcher les coups d’Etat, mais le reste de l’Armée et ses autres missions ont été négligés et relégués à l’arrière-plan.

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Deuxièmement, le printemps de coups d’Etat ne pouvait pas durer parce que les putschistes n’ont pas de forces sociales pour se maintenir, même s’ils peuvent bénéficier, pour parler comme Sandbrook, du «soutien mercenaire» politique de vieux dinosaures politiques comme Choguel Maïga, pour donner un verni idéologique et politique à leurs actions, avant de se rendre compte que les politiciens, de véritables passagers clandestins, les ont plus utilisés qu’aiguillonnés.

Troisièmement, ce printemps putschiste ne pouvait qu’être de courte durée à cause du contexte international qui a radicalement changé. Des indépendances jusqu’à la Conférence de la Baule, on pouvait faire un coup d’Etat et se maintenir en invoquant soit la menace de l’avancée communiste pour avoir le soutien du camp occidental, soit s’abriter derrière la lutte anti-impérialiste pour avoir le soutien de Moscou et du bloc de l’Est. Aujourd’hui, le monde a changé.

Les militaires maliens ont voulu ressusciter la logique de la Guerre froide en s’abritant derrière le parapluie russe, qui est malheureusement troué par la guerre en Ukraine et les sanctions qui affaiblissent leur mentor. Cette victoire de la Cedeao, qui a réussi à imposer aux militaires de meilleurs sentiments démocratiques, va avoir le même effet sur les coups d’Etat que la première vague démocratique partie de la Baule et des conférences démocratiques comme l’a écrit le Général Cheikh Sène à la page 31 de son livre, «Implication des forces de sécurité et de Défense dans le processus de démocratisation de l’Etat au Sénégal» : «Entre 1950 et 2000, 53 pays ont subi 85 coups d’Etat, ayant abouti à des changements de régime. Après une période de répit dans les années 90, le continent africain est celui qui a connu le plus de coups d’Etat dans les années 2000 avec 27 tentatives de putsch.»

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En étant ferme jusqu’à obtenir gain de cause sur les militaires, la Cedeao va imposer un nouveau répit parce qu’elle vient de prouver qu’un coup d’Etat est non seulement anachronique, mais contreproductif.







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