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Une Si Courte MajoritÉ Pour Macky Sall

Une Si Courte MajoritÉ Pour Macky Sall

Les électeurs ont fini de voter dans le calme et la sérénité pour choisir les députés de la nouvelle législature. Les résultats provisoires indiquent un vote quasi identique à celui du scrutin du 23 janvier 2022. Les électeurs ont voté de la même manière hier qu’ils ne l’avaient fait en janvier 2022. Les trois pôles politiques que sont les coalitions Benno Book Yaakaar (Bby), Yewwi Askan Wi (Yaw) et Wallu Sénégal ont pratiquement gardé leur électorat. Au finish, le camp du président Macky Sall semble sortir de ce scrutin avec une majorité absolue. L’opposition a conforté sa victoire au niveau des principales circonscriptions qu’elle avait gagnées aux dernières locales.

C’est ainsi que Yaw a remporté les suffrages à Dakar, Ziguinchor, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque. La coalition Wallu Sénégal a gagné le département de Mbacké grâce notamment aux votes massifs des électeurs de la commune de Touba traditionnellement favorables à l’ancien président Me Abdoulaye Wade qui ont fait basculer la balance du côté de l’opposition. Yaw a pu aussi gagner à Saint-Louis et Sedhiou. Ses bons scores de janvier 2022 ont donc été amplifiés. Le ralliement à la dernière minute de l’ancien ministre Marie Teuw Niane au camp de Yaw s’est révélé fatale au maire de Saint Louis Mansour Faye. À Louga, le ministre Moustapha Diop qui n’a pas été investi a pu sauver les meubles grâce aux résultats du département, en plus du soutien de Mamour Diallo à la liste Bby et qui était en dissidence lors des locales. L’opposition doit-elle sa victoire à Louga à la disgrâce des responsables socialistes ? À Kébémer, Modou Diagne Fada a lui aussi essuyé un revers à Darou Mousty, mais a pu se rattraper avec les résultats du département. D’un autre côté, la coalition Bby a réussi à inverser la tendance à Thiès, et à Kaolack.

Macky Sall paie l’absence d’une nouvelle offre politique…

La mayonnaise de l’élan unitaire au sein de Bby n’a pas pris. Les chiffres indiquent pertinemment que les différentes coteries politiques au sein de Bby qui s’étaient farouchement combattues lors des élections locales sont restées sur leurs hostilités. C’est notamment le cas à Dakar et à Ziguinchor. Les soutiens des autres responsables de Bby n’ont manifestement pas suffi pour permettre à Victorine Ndèye de gagner mais elle aura participé à limiter les dégâts !

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Au demeurant, le président Macky Sall porte une grande responsabilité dans ces reculs pour ne pas dire dans ces nouvelles déconvenues électorales. En effet, il s’était gardé de tirer les enseignements des élections locales de janvier 2022. Il était attendu un remaniement gouvernemental pour nommer un Premier ministre et impulser dans la foulée une nouvelle dynamique politique. Le chef de l’État avait choisi de garder le statu quo, en ignorant le coup de semonce des électeurs. Qu’est ce qui expliquerait que les électeurs changent de perception alors que rien de nouveau ne leur a été proposé ? Les électeurs se sont-ils sentis snobés ? Le président Sall avait tort de choisir de différer son remaniement, ménageant les carences de ses collaborateurs et fermant les yeux sur des comportements d’arrogance décriés par les populations. En outre, les démarchages de responsables de Yaw qui ont été débauchés n’ont pas apporté de nouveaux électeurs. Si ces maires et autres leaders ont «transhumé», les masses d’électeurs ont continué à garder leur vote protestataire. On peut même augurer que ce débauchage a été contreproductif et a ainsi davantage pu renforcer un sentiment de révulsion. La facilité avec laquelle des maires élus de Yaw avaient rejoint le camp adverse renseigne sur le fait d’un racolage de Yaw qui avait investi des candidats ramassés au bord de la route et avec lesquels cette coalition n’avait pas de grands liens affectifs ou de réelle camaraderie ou de compagnonnage ou véritable ancrage politique. Ces maires ne pouvaient alors emporter avec eux les électeurs vers leur nouvelle destination.

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On aura sans doute remarqué un relatif faible taux de participation, d’un peu plus de 40%, dans les mêmes eaux que celui des élections municipales du 23 janvier 2022 qui était de l’ordre de 48%. Il est également à rappeler qu’en 2007, le taux de participation aux législatives qui étaient boycottées par une bonne frange de l’opposition était de 34,7%. Le taux de participation aux législatives de 2012 a été de 36,67%. D’aucuns ont cherché à expliquer le fort taux d’abstention par l’alibi des intempéries météorologiques. Il a abondamment plu dans la journée d’hier, 31 juillet 2022, dans divers endroits du Sénégal mais force est de rappeler que lors des élections législatives du 30 juillet 2017, de fortes pluies s’étaient abattues sur tout le pays et pourtant, le taux de participation était de 53,66%.

Les scores de l’opposition sont respectables et donnent une configuration nouvelle à l’Assemblée nationale avec une forte représentation de députés qui vont occuper les bancs réservés à l’opposition. Si l’opposition a raté ses paris ou ses objectifs déclarés d’imposer une cohabitation au président Macky Sall, c’est parce que ses différentes franges n’arrivaient pas à s’entendre sur les conditions minimales pour constituer des listes encore moins sur un programme de gouvernement. On a vu la coalition Yaw voler en éclats dès la publication des listes. De même les invectives entre les différentes coalitions de l’opposition surtout entre Yaw et Aar Sénégal ont été acerbes tout le long de la campagne électorale. L’inédite initiative de l’inter coalition Yaw-Wallu a pu engendrer des gains électoraux et a permis à Wallu de revenir avec fracas sur le jeu politique.

L’opposition a fait quelques nouvelles conquêtes comme à Pikine et Sédhiou mais elle aurait pu faire plus mal. Elle a péché dans sa stratégie de campagne. Ousmane Sonko a manifestement confondu ces élections législatives à une présidentielle. Il a axé toute la campagne électorale de sa coalition exclusivement autour de sa propre personne. Le fait ne constitue pas une surprise car l’égocentrisme de l’homme est bien connu mais il apparaît assez surréaliste de demander à faire voter pour des personnes qui ne sont apparues nulle part dans la campagne. Ousmane Sonko s’est comporté comme un gourou qui inhibe ses fidèles alors que chaque candidat devrait pouvoir se prévaloir d’un coefficient personnel ou de relations de proximité ou de voisinage qui auraient pu lui permettre d’engranger des voix dans leurs milieux socio-professionnels. L’attitude de Ousmane Sonko a pu être délibérée car il se pose déjà en candidat de sa coalition pour la prochaine présidentielle.

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…mais garde toutes les cartes en main

Le camp du président Sall devra faire le deuil des majorités « à la soviétique » mais elle peut s’adosser à une majorité parlementaire pour gouverner. La situation politique est porteuse d’un renforcement du modèle démocratique. Il appartiendra au chef de l’État de faire une lecture pointue de ces suffrages et d’en tirer les conséquences pour la suite de son mandat. Il a les coudées franches pour mettre en place l’équipe gouvernementale de son choix car n’étant tributaire ou dépendant d’aucune hégémonie politique, même dans son propre camp, qui pourrait lui en imposer. Il aura alors compris la nécessité de donner une nouvelle impulsion ou un nouvel élan à son action politique.

Le président Sall ne devrait pas manquer d’apprécier à sa juste valeur le vote que les populations viennent d’exprimer. Il est alors de la responsabilité du chef de l’État de veiller à garantir le fonctionnement normal et régulier des institutions républicaines et leur donner la plénitude de leurs missions. On devrait pouvoir considérer qu’il a bien pris la mesure du rejet par les populations de toutes les dérives tendant à instaurer une terreur dans ce pays et que l’État qu’il incarne ne devra pas hésiter à assurer la mission régalienne de les protéger.







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