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Le DÉgagisme En Marche

Le DÉgagisme En Marche

Au vu des résultats proclamés (non encore complets) par les états-majors politiques en lice pour les législatives de dimanche dernier, l’hémicycle de l’Assemblée nationale ne sera plus outrageusement dominé par le parti au pouvoir.

La possibilité d’une cohabitation n’est même pas à écarter. Ce qui serait révolutionnaire puisque, depuis 1960 jusqu’à nos jours, jamais le parti au pouvoir n’a perdu la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, il est clair que, malgré les manipulations éhontées d’Aminata Touré, Bennoo ne peut pas avoir 99 députés, minimum requis pour disposer d’une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, les travaux de certains ingénieurs statisticiens laissent croire que la coalition présidentielle n’aura même pas la majorité absolue de 83 députés. Ce qui veut dire que Macky Sall devrait souffrir de collaborer avec l’opposition yewwiste. Entre 2017 et 2022, Bennoo aura perdu plus d’une vingtaine de députés. Au moment où YewwiWalu risque d’être la première coalition politique du Sénégal à imposer une cohabitation parlementaire au régime en place.

Le pouvoir s’est effondré littéralement

Si aujourd’hui on en arrive à une guerre des chiffres entre les deux grandes coalitions, cela signifie que le pouvoir, qui se retrouvait avec 80 % des députés lors des dernières législatives, s’est effondré littéralement. Et c’est honteux de voir leur tête de liste organiser nuitamment une conférence de presse manipulatoire pour vaticiner les résultats électoraux. Toutes ces manœuvres précipitées constituent des parades éventuellement contre les sanctions que prévoit sans nul doute d’infliger le Chef de leur coalition. Des têtes vont être sabrées à coup sûr. Les têtes de tous ces responsables qui ont encaissé des centaines de millions pour assurer la victoire de Bennoo et qui, in fine, se sont drossés à l’écueil de Yewwi, synonyme de défaite électorale pour eux. Dans cette situation angoissante où l’incandescence de la géhenne punitive se fait déjà sentir, l’exutoire est de verser dans la surenchère de la manipulation avec la complaisance et la complicité d’une certaine presse révérencieuse voire connivente. Ce qu’il faut essentiellement retenir de ce scrutin, c’est l’effondrement de Bennoo et la percée de Yewwi en un temps record. Qu’est-ce qui a pu se passer pour qu’en l’espace de six mois seulement, le score de Benno aux élections locales Bennoo s’effrite à ce point ?

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D’abord au sortir des locales, les coalitions Yewwi Askan Wi et Walu ont pris conscience du fait que, dans plusieurs localités, une alliance politique stratégique leur aurait permis de remporter la victoire devant Bennoo. Fort de ce constat, le mandataire de Yewwi Déthié Fall a fait preuve d’une ingéniosité politique qui l’a conduit à concevoir cette formule d’alliance gagnante dans plusieurs localités. Aujourd’hui des bastions politiques jadis inexpugnables de Macky sont tombés dans la besace de Yewwi-Walu. A Saint-Louis, le jeune khalifiste Abba Mbaye appuyé par le Pr Mary Teuw Niane écrase Mansour Faye entouré de ses transhumants Mayoro Faye et Ahmet Fall Braya.

La commune de Louga est conquise par la coalition Yewwi-Walu même si le département est gagné par Bennoo. D’ailleurs, ces résultats font l’objet d’une contestation de la part des partisans de Sonko. Les départements de Thiès et Tivaouane disent oui à Yewwi, de même que les communes de Mbour, Sindia, la Somone, Nguekokh. Les autres communes de Mbour ont fini par sauver la coalition d’une défaite humiliante dans la Petite Côte.

Au sud du pays, la commune de Kolda dirigée par les grands responsables Mame Boy Diao, Bibi Baldé et Moussa Baldé adhère à Yewwi même si le département sauve les meubles. Un peu plus au sud, Goudomp, Sédhiou rejoignent Ziguinchor, Bignona et Oussouye, zones conquises par Yewwi depuis la dernière élection présidentielle. A Dakar, le Plateau et Grand-Dakar sont tombés dans l’escarcelle de Yewwi. Pikine fait allégeance à Walu. La Médina et Biscuiterie échappent respectivement aux transhumants Bamba Fall et Djibril Wade. Mor Ngom, le très influent ministre de Macky Sall, perd son Ndangalma. Saraya fait allégeance à Yewwi.

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L’autre explication de la défaite du camp présidentiel est le simulacre de campagne mené par les responsables de Bennoo. A Thiès, au moment où tous les journalistes magnifiaient l’accueil exceptionnel réservé à la tête de liste Aminata Touré, notre correspondant Cheikh Camara décrivait la réelle situation de semblant d’union entre responsables locaux de Bennoo. Certains n’ont pas hésité à importer des militants de toutes les localités du département de Thiès pour donner un semblant de mobilisation. A Louga, Moustapha Diop, Aminata Mbengue Ndiaye, Mberry Sylla, Mamour Diallo n’ont presque pas battu campagne. Mamadou Ndione, maire de Diass, fait les frais de son atonie lors de la campagne, tout comme Cheikh Issa Sall de Mbour et les autres responsables locaux qui pensaient la victoire dans la commune chef-lieu de département déjà acquise. Le taux d’abstention qui défavorise en général l’opposition a complètement desservi la coalition présidentielle cette fois-ci.

La troisième lecture qu’on peut faire de ce scrutin, c’est le dégagisme du troisième mandat pour ne pas dire le chant du cygne du pouvoir de Macky Sall. D’ailleurs, ce troisième mandat a été l’épicentre du discours de campagne de Yewwi. Pas une seule localité où Ousmane Sonko n’ait pas évoqué le 3e mandat. Ce qui donnait à ces élections législatives un aspect référendaire. Aujourd’hui, on perçoit dans cette percée de Yewwi un rejet du 3e mandat tant agité ces derniers jours par des responsables de Bennoo comme la transhumante Me Aïssata Tall Sall.

Maintenant, au vu de ces résultats qui laissent présager une cohabitation politique, quelle sera l’attitude du président Sall ? Va-t-il dégager tous les politiciens responsables à tort de cette situation fragile pour s’entourer d’une nouvelle équipe et collaborer loyalement avec Yewwi pour continuer de gouverner dans la stabilité pendant les quelques mois qui lui restent à la tête de ce pays ? Ou bien va-t-il tenter obstinément le coup mortifère du 3e mandat (au risque de provoquer une guerre civile) comme le veulent les puissances occidentales « gazivores » et « pétrovores » victimes de la guerre russo-ukrainienne ? Autant de questions qui trouveront réponses dans les prochains jours.

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