Ceci est une bouteille à la mer, cette mer qui offre à notre capitale cette majestueuse couronne bleue qui la rend si attractive. Cette mer que nous polluons inconsciemment et avec ingratitude, j’espère qu’elle acheminera à bon port mon message au roi
Ma chère mer de Dakar, s’il vous plait, allez dire au roi que son peuple a faim. Dites-lui aussi que sa jeunesse est fatiguée des longs trajets journaliers à la recherche d’un contrat précaire juste pour couvrir les charges de la honte. Dites encore à sa Majesté que pendant qu’il est dans son palais annexe de Mermoz, les courtisanes et courtisans plus royalistes que lui, se sont arrogé la propriété de ce lieu sacré qu’est le palais sis à la rue de la République. Ce palais, symbole de la prise de possession par les Sénégalais de leur pays, là où jadis logeait le gouverneur français. Là-bas ces courtisans agissent de façon plus néfaste que le colon combattu par nos illustres pères indépendantistes et notre saint cheikh Ahmadou Bamba Mbacke, Serigne Touba.
Quelqu’un dans les bonnes grâces de son Éminence, pourrait-elle s’il vous plait lui faire remarquer que les 17 millions de Sénégalais qui constituent son peuple parmi lesquels 9 millions de moins de 25 ans sont convaincus qu’il est la cause de toutes leurs peines ?
Quelqu’un pourrait-il lui expliquer que c’est cette espérance perdue qui crée chez notre jeunesse la quête quotidienne de moyens pour un exil en Occident, car persuadée que dépenser ce million CFA durement gagné au terme de plusieurs années en frais de passages est plus rentable que de l’investir ici dans une entreprise individuelle. Cette jeunesse n’a plus confiance en ces mécanismes financiers censés être soutenus par des agences nationales comme la DER ou tout autre agence nationale créée sur mesure pour un fidèle serviteur du palais.
Cette jeunesse a compris que le système en 10 ans s’est mué en un imbroglio pire que la colonisation.
Ces jeunes qui ont mis le doigt sur une des causes majeures du problème
Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. Cette jeunesse sénégalaise, décomplexée et alerte a vu clair dans ce jeu de dupes où le colonisateur s’est fait progressivement remplacer par cette élite africaine corrompue ou dans le meilleur des cas pas assez futée pour comprendre qu’elle est juste manipulée. Cette élite dont la mission est de garder notre peuple dans un état de dépendance d’un système qualifié frauduleusement démocratique. Ce système a maintenu inlassablement dans la classe inférieure les compatriotes d’en bas au service des bourgeois et du clergé protégeant tous les deux cette classe supérieure grâce à un plafond de verre très résistant.
Ces concitoyens d’en bas qui ont subi après les ajustements structurels du FMI dans les années 80, de plein fouet les conséquences de la mort programmée de l’école publique et de la privatisation de toutes nos sociétés nationales de service public et clouant au sol le seul ascenseur social avec leur absorption par les multinationales sous le couvert de partenariats techniques.
Ce système post-colonial, empreint du suprémacisme américain qu’il soit de gauche ou de droite, il garde une dose de capitalisme assez importante, dans sa forme la plus hideuse, juste ce qu’il faut pour empêcher toute tentative du peuple de sortir de la pauvreté. La seule chance de succès devenant alors une révolution en bonne et due forme.
La France quant à elle continue de tirer les ficelles dans cette région ouest-africaine comptant les pays les plus pauvres de la planète, ses ex-colonies, sans que cela ne lui pèse sur la conscience et ne la conduise à se retirer complètement de nos économies enfin.
Malgré l’apprentissage forcé de l’histoire de France et sa révolution de 1729 imposée à travers nos manuels scolaires où il était honteusement écrit, « nos ancêtres les gaulois », notre élite veut elle aussi s’offrir sa monarchie constitutionnelle. C’est du moins ce qu’il parait quand n’importe qui peut aisément voir qu’elle a réussi avec brio à reconstituer les trois classes qui composaient la société française avant juillet 1789.
La première et la plus visible et insidieuse étant la bourgeoisie composée chez nous de tous ces ex-ministres ou ex-DG de sociétés nationales ou ex-magistrats ou hauts fonctionnaires. A côté de cette bourgeoisie sénégalaise, se situe notre clergé à nous, avec les nombreuses confréries religieuses musulmanes vivant de la dime imposée aux fidèles qui n’est autre qu’une taxe.
Cette bourgeoisie sénégalaise donc et son clergé exploitent le tiers état que constitue le reste du peuple. Ce tiers état qui représentait 80% de la population à l’époque de la Révolution française, compte 95% des Sénégalais aujourd’hui.
Oui, s’il vous plait dites au roi que cette jeunesse sénégalaise, armée de sa fougue et des armes de son époque que sont les réseaux sociaux et Internet, est en marche vers la rupture de ses chaines pour regagner au prix de son sang cette espérance dérobée furtivement au fil des années non sans l’endormir avec des promesses et de projets onusiens sous des sigles MCA, OMD puis ODD.
Insistez bien pour dire au roi qu’il y a urgence à agir et à prendre les bonnes décisions pour éviter que l’histoire ne se répète car les mêmes causes conduisant aux mêmes effets. Celles pires entraîneront sans aucun doute des conséquences bien plus déplorables.
Des changements structurels pour ramener l’espérance
Cependant rassurez notre bien aimé roi quant à la grande fibre patriotique et au courage de cette jeunesse qui lorsqu’elle est gérée avec empathie, respect et considération, peut en moins de 10 ans accélérer aussi bien la croissance économique que l’IDH de son pays. Ces jeunes ne désirant rien d’autre que d’être formés dans leur pays, d’y exercer un travail honnête, de fonder une famille et avoir un foyer auprès des leurs, attendent tout simplement de leurs élites qu’elles posent des actes concrets allant dans le sens de construire des centres de formation aux métiers utiles à notre économie.
Cette jeunesse veut qu’on cesse d’autoriser à tout va, ces universités privées et écoles de commerces qui déversent chaque année dans nos villes des centaines de masterisés qui viennent grossir le nombre de chômeurs. Les plus chanceux de ces jeunes au terme de cinq années scolaires à 1,5 millions de CFA, finiront derrière les guichets de notre championne nationale la Sonatel, l’exemple palpable de privatisation de compagnies nationales.
Et des parents plus responsables dans cette quête d’idéal
Ma très chère mer dakaroise, une fois que vous aurez passé cette information à notre roi éclairé et si par chance vous avez obtenu qu’il se souvienne être le garant de la sécurité, de la santé, de l’éducation et du cadre de vie de son peuple, je vous saurai gré de lui transmettre ce dernier message :
Dites-lui s’il vous plait que nous les parents de cette jeunesse, nous sommes comme lui, nés après les indépendances et avant 1975 l’année de la première récession française de l’après-guerre. Nous avons compris que sa forte appréhension de la cohabitation est le reflet du grand stress qui lui est imposé par ce patron d’outre-mer lui exigeant de jouer pleinement sa partition dans cette guerre ouverte entre l’OTAN et la Russie.
Nous savons que tout comme son instrumentalisation du FMI pour se relever de sa récession de 1975, la France essaie encore avec la crise russe, d’voir une solution made in Africa pour conserver son statut de membre du G7. Nous comprenons très bien que la soutenir dans cette guerre contre le gaz russe va assurer sa protection par son BIMA encore présent sur notre territoire après 62 ans. Peu importe l’opinion publique internationale ou le nombre de vies fauchées, Dieu nous en garde, l’essentiel pour elle est de garantir que les contrats gaziers et pétroliers soient en sa faveur et comblent les 15% d’énergie en moins de la Russie
Veuillez bien lui faire comprendre que nous sommes conscients qu’il ne peut pas se sortir seul de ce pétrin dans lequel il s’est mis en prolongeant malgré lui le pacte diabolique hérité de son prédécesseur qui malheureusement avait soigneusement omis ce chapitre lors de la passation de pouvoirs comme l’avaient aussi fait ceux avant lui.
Rassurez-le sur le fait que nous sommes prêts à tout mettre en œuvre et faire les sacrifices qu’il faut avec lui pour corriger ces erreurs générationnelles et laisser à cette jeunesse désespérée, un pays meilleur en héritage qu’ils se chargeront de rendre encore meilleur pour nos petits-enfants.
Un Sénégal où toutes les richesses du pétrole et du gaz, ne seront pas transférées dans des comptes offshores au nom de compagnies américaines ou chinoises ou françaises mais où des compagnies sénégalaises avec l’État comme actionnaire, seront les exploitantes et redistribueront les revenus aux 17 millions que nous sommes incluant des députés dévoués au peuple, des juges justes et des fonctionnaires compétents
Le tout non sans des opposants dignes et dévoués à leurs électeurs
Pour finir , je vous prierai chère mer dakaroise de bien vouloir dire au roi que dans ce Sénégal que nous construirons avec lui et que nous transmettrons à son successeur en 2024, il n’y aura plus de Barthelemy Dias, ni de Ousmane Sonko car nos jeunes ne seront plus obligés de se dresser comme bouclier humain pour protéger les victimes de la partialité de notre justice, pour protéger un cadre de la fonction publique radié pour avoir dénoncé des abus dont il avait des preuves et que personne n’a encore pu démentir.
Dans ce Sénégal nouveau, nous ne serons pas contraints d’avoir pour seule alternative d’élire une coalition dans laquelle on ne comprend pas tous les tenants et les aboutissants ni tous les enjeux stratégiques dans lesquels on nous embarque malgré nous. Il y’aura une opposition non dépouillée de tous ses membres fauchés par la transhumance immorale et déshonorante de la parole donnée.
Ce Sénégal nouveau, où l’espoir et l’espérance sont retrouvés, où la jeunesse sera bien formée, les hôpitaux réhabilités, les rues propres et sécurisées, où le thiebou dieune est repris à l’UNESCO et rendu aux foyers, ce Sénégal prospère et développé que notre future condition de pays producteur de pétrole et de gaz, nous voulons qu’il soit rapidement une réalité.
Nous attendons ce Sénégal 2.0 de tous nos vœux et implorons nos chefs religieux de nous accompagner de leurs prières pour que ce vœu que nous partageons tous soit vite réalisé et que nous soyons tous dans un pays où il fait bon vivre.
Dieu protège notre pays !!!